Le baiser qui a tout changé

Prologue

Le ciel, j'ai toujours adoré le regarder, il s'impose à moi , souverain, remplis d'étoiles et d'espoirs. La lune est cachée par les nuages, mais cela m'importe peu : je sais qu'elle est là, impassible. Elle m'observe, tandis que je suis sur le toit de l'appartement où nous vivons, ma petite sœur et moi. Une brise légère souffle dans la nuit, je ressers ma fine couverture autour de mes épaules.

    Nos parents sont parmi les étoiles, enfin c'est ce que j'imaginais. Ils nous ont abandonnées quand j'avais six ans, Anor n'en avait que deux. Depuis leur départ, nous avons voyagé de foyers en familles d'accueils, pas toujours très accueillantes. Cela peut sembler cruel, dur et inapproprié mais j'ai longuement préféré me dire qu'ils étaient morts ; ma sœur était persuadée qu'ils étaient encore en vie, quelque part. Son rêve était de les revoir un jour. Je n'étais pas du même avis : je n'aimais pas y penser, je n'avais plus aucun souvenir d'eux. Cependant, je les détestais. J'imagine que cela vous interroge, étant donné qu'ils étaient sorti de ma mémoire et de ma vie, depuis bien longtemps. Je les blâmais d'avoir abandonné le fruit de leur amour, la chair de leurs chairs et de leurs sangs. Un tel comportement, ce n'est pas humain. Même s'il y avait une bonne raison, je ne leur pardonnerais jamais.

Il y a un mois, les services sociaux ont décrété que j'étais assez mûre pour m'occuper d'Anor, seule, sans tuteur, et cela à seulement dix-sept ans et demi. Depuis ce jour, je travaille donc dans une épicerie, en tant que caissière. J'alterne mon travail avec le lycée, ce n'est pas de tout repos mais cela nous permet d'avoir un toit et de la nourriture.

    Ma sœur sait que je n'ai pas le temps de me faire des amis, elle pense que c'est de sa faute mais elle se trompe complètement. Il est hors de question que je la laisse s'inquiété pour ma vie sociale, c'est à moi de la protéger.

    Nos parents nous ont appelées comme les astres qu'ils adoraient, ou du moins, c'est ce que nous supposons. Je m'appelle Luna, en référence à la lune, tandis qu'Anor veut dire soleil dans une langue très ancienne.