Chapitre 1: Ton absence se fait ressentir partout et je compte bien la ressentir

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Musique [écoutée lors de la rédaction du présent chapitre] : Till I lost Demo, Tom Odell

Il y a de la poussière, c'est indéniable. Ma valise la soulève quand je la laisse tomber. Les quelques rayons de soleil la mette à jour, fines particules flottant dans l'air paisible. Elles remuent quand je soupire. Et elles s'affolent quand je me laisse tomber dans le canapé. Je ne sais pas si j'arriverai à me relever.

Je contemple la pièce. Les murs. Les meubles. La poussière. Tout est comme nous l'avons laissé avant de partir précipitamment pour la bataille de Poudlard. La table est envahie par une grosse boîte orange remplie des derniers nougats que nous avons confectionnés ensemble. Mon peignoir tout déchiqueté a été abandonné sur l'un des fauteuils. Tes chaussures sont à l'entrée, à jamais immobiles. Je les déteste, tous ces objets, ces choses du quotidien qui ont perdu tout leur sens. Je déteste ce fichu appartement. Cet endroit, que j'adorais auparavant, dans lequel nous avons vécu tant de choses, qui a connu l'écho de nos rires, sons à tout jamais éteints. Je déteste cet endroit autant que tout le reste. Et je méprise ce miroir que mes yeux vides viennent de croiser. Alors je me lève et me dirige dans ma chambre. Les draps sont défaits, comme toujours. La chambre est en désordre, comme d'habitude. Je tire violemment le drap de mon lit et le découpe avec des ciseaux. Je ne veux pas utiliser la magie. Pas maintenant. Pas tout de suite. Je ne suis pas prêt.

Je me dirige vers le salon et recouvre le miroir du drap fraîchement découpé. Je réserve le même sort aux autres miroirs. Excepté celui de ta chambre. À quoi bon ? Je ne veux pas y aller. Je ne veux pas y retourner. Qu'y verrai-je ? Des draps défaits, des vêtements jetés à la hâte, des photos peut-être. Ton pyjama. Le verre d'eau que tu m'avais demandé de remplir, juste avant que nous ne partions, et auquel tu n'avais pas touché parce que nous étions pressés. Nous avions senti les fameux Gallions d'Hermione chauffer dans notre poche, que nous gardions sur nous comme nous l'avait conseillé Neville. Poudlard nous appelait, la guerre nous appelait, la Mort t'appelait.

Je me rassois dans le canapé et je ne bouge plus. Des minutes, peut-être des heures passent sans que je ne fasse quoique ce soit. Maman avait raison. J'aurais peut-être dû rester avec eux, là-bas, au Terrier. Je commence à regretter quand je me souviens que je ne veux pas les voir. Je ne veux voir personne. Personne, sauf toi. Mais c'est impossible désormais. Tu es mort. Et je dois m'y faire. Tu es mort et je suis vivant, et je dois m'y faire. Des larmes roulent sur mes joues, encore. Je ne me savais pas capable de pleurer autant. Elles accélèrent leur course quand je me rappelle d'où j'arrive.

Aujourd'hui était l'une des pires journées de ma vie. Je porte toujours ce costume, aussi noir que les ailes d'un corbeau. J'ai toujours en tête les souvenirs, le moment où le petit bonhomme, le même qui était présent à l'enterrement de Dumbledore, le même qui a marié Bill et Fleur, prononce son discours que j'ai à peine écouté. Le ciel, bleu, clair, lumineux, qui contrastait désagréablement avec mon état d'âme, soufflait un agréable vent de printemps. Je l'ai senti ébouriffer mes cheveux quand j'ai posé mon regard sur ton cercueil. Les cheveux de Ginny avait été légèrement soulevés par la douce brise et la veste de maman avait remué. Cette brise, elle était à peine plus bruyante que les murmures de nos tantes et oncles, cousins et amis, que les sanglots étouffés de nos frères et parents.

Je passe mes mains sur mon visage, retenant un sanglot. Je commence à en avoir assez, de pleurer. Je repense à toi. Je repense à nous. À nos farces et nos blagues. À ta disparition, qui me serre le cœur de plus en plus. Je me recroqueville sur moi-même, dans cet espace délibéremment vide qui m'apparaît désormais étranger et hostile. Soudain, on tape sauvagement à la porte. Je sursaute, surpris. Qui est-ce ? Qui vient ? Pourquoi ?

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