Le 31ème trait.

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Les vacances d'été touchaient à leur fin, demain je partais pour mon nouveau lycée et mon coeur était gonflé à bloc. J'espérais tant de cet établissement, il représentait pour moi un tout nouveau départ, et peut-être le seul de ma vie. C'était un tournant désirable et désiré.

Je prenais soin de remettre mon t-shirt en place, d'enfiler une veste en cuir à manches longues, avant de sortir de ma maison. Je profitais de l'absence de mon père pour partir. Je prendrai certainement une raclée, presque coup pour coup identique à celle dont je venais de me réveiller, dès mon retour mais je m'en fichais. Je voulais graver chaque paysage dans ma rétine. Ils n'avaient entraînés que des mauvais souvenirs mais ils faisaient partie de moi, je n'avais jamais voulu oublié ce qu'il y avait eu avant malgré la douleur qui s'en dégageait.

Les vibrations de ma moto me faisaient frémir. Elle était la seule à ne jamais m'avoir trahie, la seule à m'avoir toujours supporter. Sans cette passion, sans cette bouffée d'air dans ma vie je n'aurai pas tenu ces seize années. J'en avais conduit une bien avant les limites légales, bien avant d'avoir mon permis. J'avais été initié par mon frère et ça était la plus belle chose qu'il n'ait jamais pu m'offrir.

J'avais mis bien une heure à faire le tour de tous les coins que j'avais aimé. Passant d'un parc où j'avais eu mon premier, et dernier baiser, à une cascade dont le bruit m'apaiser et dont le froid mordant soulageait mes plaies. J'avais bien sûr fini dans un bar dont mon frère s'occupait.

- T'es en moto, petit frère, vas-y mollo sur le rhum et la vodka.

- C'est bon je gère.

Bon, je m'étais bien planté deux fois en chemin, mais je roulais si lentement, je ne tenais pas l'alcool mais avait conscience de ce que je faisais, que je me retrouvais simplement les quatre fers en l'air dans un fossé en riant. L'alcool ne me réussissait pas quand il était mêlé à l'euphorie de partir de cet enfer. Je n'avais jamais testé avant mais j'étais sûr de pouvoir en faire une vérité générale. 

Une fois devant la maison je m'arrêtais, observant. Je tentais vainement de trouver un bon souvenir à lui relier mais tous les flashs qui envahissaient ma mémoire me donnaient la nausée.

J'en profitai également pour savoir si il était encore levé. Je ne tardai pas à apercevoir son ombre derrière les fins rideaux de ma chambre. J'aurai pu m'enfuir, tout quitter, mais je ne le pouvais. Pas sans rien. Je n'étais pas un gars matérialiste mais il était évident qu'à seize ans je n'irais pas loin seul, sans rien, sans papiers. Et avec la chance que j'avais un gentil officier de police m'aurai sagement ramené chez moi, vilain fugueur que j'aurais été. L'ironie était ma spécialité.

Je montais doucement les marches, avec un peu de chances j'atteindrais la salle de bain avant qu'il ne me remarque.

- Viens là petit con, je sais que tu m'as vu !

Je n'avais jamais de chance. Je me rendais donc dans ma chambre, un sourire aux lèvres. Je savais ce qui m'attendait mais également que ça n'appartiendrait plus qu'au passé, dès demain.

Mon père ne me parla pas et me saisis par le haut de mon t-shirt. Il me plaqua contre un mur et passa ses mains sur mon torse, effleurant de ses doigts chaque parties de mon corps. Il retira peu à peu les couches de vêtements. Il descendit mon pantalon en dessous de mes genoux et me retourna face au mur.

Une vive douleur s'empara de moi lorsque son corps s'assembla au mien. Il grognait, me semblait-il de plaisirs. Je dissociais mon esprit de mon corps ne lui laissant aucunement la satisfaction de me voir hurler ou pleurer. Il se retira rapidement et commença à m'insulter. Pour une fois j'étais resté parfaitement immobile et ne comprenais pas quel était le problème.

Un adolescent mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant