Faux coupable.

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George faisait toujours usage de son arme pour menacer son cadet. Il savait parfaitement que Merle ne tenterait rien en sachant la vie de son frère en danger. Si lui n'avait plus peur de la mort, il était terrifié rien que d'émettre l'hypothèse que celle de Daryl fut possible.

Le regard de l'aîné restait rivé sur l'entaille qui s'étendait sur le bras se son petit frère. Il savait que ce n'était qu'une petite blessure, que le sang qui s'écoulait n'aurait absolument aucun impact sur sa santé, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Il conservait cette envie de mourir, de tout lâcher, mais il n'avait jamais voulu blesser Daryl. Et voir la peur de le perdre dans les yeux azurs du plus jeune le torturait profondément.

Quant à lui, Daryl fixait désespérément ses pieds, les genoux repliés contre son torse, relevant simplement son regard de temps à autre pour observer son aîné. Il n'arrivait pas à oublier ce qu'avait tenter de faire Merle. Il n'avait pas peur de se faire sauter la cervelle à cet instant, mais il avait parfaitement compris que si cela arrivait son frère mettrait fin à ses jours.

- On va commençait à s'amuser mes petits, rigola le père Dixon en se frottant la main, et en sautillant.

George était assez sadique pour être parfaitement heureux en faisant souffrir sa progéniture, et voir leur visage fermé, détruit, anéanti, le faisait jubiler. C'était une sensation qu'il adorait ressentir.

Il se dirigea doucement vers la télé qui se trouvait en face des deux jeunes assis dos à un mur. Il alluma un lecteur CD et y en engouffra un qui semblait tout neuf, aucune rayure n'était perceptible à sa surface. Et à sa couleur il n'était certainement pas de l'industrie du disque ou de la vidéo, mais plutôt une de ces surfaces dont on se sert pour graver les souvenirs. Cependant les images qui défilaient n'avaient strictement rien de joyeux, bien au contraire. C'était totalement cauchemardesque, et ne servait qu'à accélérer le rythme cardiaque de Merle et Daryl, et leur retourner les tripes.

L'écran crépita quelques instants avant de se stabiliser sur une vidéo bien particulière. Merle remuait sans arrêt, essayant de briser ses liens, essayant d'arrêter leur père. Si lui avait réussi à se blinder à cette horreur ce n'était pas le cas de Daryl et il le savait parfaitement.

Leur mère était sur l'écran, dans une image de mauvaise qualité. L'enregistrement était certainement ancien. On voyait son crâne saigner après que George ne l'ait frappé avec un tisonnier. Il caressait son dos nus de ses doigts. Puis cette douceur apparente, dans l'inconscience de la femme, se transforma en une rage démente.

Il portait des gants à la surface rappeuse. Il frappait de la paume de ses mains, il faisait exprès de faire des grands geste, larges, longs, proche de l'épiderme de la jeune femme. Sa peau était à vif, comme brûlée.

L'image devint flou tout d'un coup. Comme un fondu qui aurait été mal utilisé, entre les mains d'un monteur plus qu'amateur. Presque comme si les images n'avaient aucun rapport, tandis qu'elles avaient tout en commun. L'écran resta ainsi un longs moments, accompagnés des cris de la mère Dixon. Elle avait du reprendre connaissance et laisser son corps parler, ou alors était-elle en train de se faire violer par son propre mari. Par le père de son fils, Daryl n'étant sûrement pas né à cette époque.

Le plus jeune de la fratrie avait les larmes aux yeux. Il avait toujours tout fait pour protéger sa mère, sachant qu'elle avait sans aucun doute vécu l'atrocité de la vie avec George, mais ne pas voir les images, ne pas se les imaginer lui avait fait oublier, ou tout du moins l'empêchait d'y penser pour ne pas souffrir. Daryl avait pris sur lui pour ne jamais craquer, pour ne jamais tenter quoi que ce soit pour qu'elle soit en sécurité. Il préférait être la victime plutôt que d'en voir une. La douleur le rendait aveugle et insensible parce qu'il était assez fort pour la supporter, ce qui n'était pas le cas de celle qui lui avait donné la vie. Il ignorait d'ailleurs si celle-ci allait bien aujourd'hui et cela le tourmenta tout à coup.

Un adolescent mortelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant