Nous sommes restés encore deux jours au Mexique. Tout semblais si simple à cette époque. Juste toi et moi, et rien d'autre. Tu sais, j'aurais pu passer le reste de mes jours à contempler le ciel à tes côtés. Je me serais rapidement fait à notre nouvelle routine, mais pas toi. Non, toi tu étais fugueuse et tu ne nous voyais pas passer le reste de nos jours ici, ou ailleurs. Tu voulais vivre, tu voulais voir le monde et ses merveilles. Tu ne voulais pas perdre ton temps à construire une petite vie bien rangée quand le monde t'appelait, attendant impatiemment que tu le découvre, que tu le parcours.
Nous nous sommes envolés un matin de mars vers une destination inconnue. Ta tête reposait mollement sur mon épaule, ta poitrine se soulevait en rythme de ta respiration endormie.
Tu étais magnifique.
En traversant les nuages, j'eu une pensée pour la vie que j'avais laissé. Mon ancienne vie. J'avais fuit toute responsabilités, comme pour réaliser un rêve d'enfant. Pourtant, j'avais alors une vie stable, bien rangée, un travail qui payait bien. Quel était mon problème? J'avais tout ce dont beaucoup rêvaient. Mais j'étais parti sans laisser d'adresse, mon vieux sac sur le sur le dos et quelques économies.Et toi, pourquoi étais-tu partie? Qu'avais-tu fuis? Pourquoi un départ si soudain, si précipité?
Après quelques heures de voyage, une hôtesse annonça une escale à Bangkok. Tu m'attrapa par la main et m'entraîna vers la sortie. Les passagers s'insurgeaient, mécontents de se faire bousculer, mais tu t'en foutais. Tu courais vers la sortie, excitée d'avoir atterri. J'attrapais rapidement mon sac à dos et te suivais dans le dédale de couloirs.
Dehors, une pluie battante s'abattait silencieusement sur la capitale thaïlandaise. J'hélais un taxi pour aller dans le centre de la ville. Nous n'avions nul part où dormir, mais là encore, tu t'en foutais. Tu admirais les paysages défiler à travers les vitres du Taxi, t'émerveillant comme une enfant.La saison des pluies était réputée pour être particulièrement violente, et cette année-là n'avait pas échappée à la règle.
Il avait plu toute la matinée, et il pleuvait encore l'après-midi.
Tu m'as secoué pour me dire que même si moi, je ne bougeais pas, toi tu allais continuer la route, et aller en Australie.
Tu avais fait une liste des destinations où tu souhaitais te rendre. Mais cette liste partait de la destination qui t'attirait le moins à celle que tu préférais.
Tout ça en 3 mois.
Tu l'avais écrite dans le petit carnet que tu emportais toujours avec toi, comme seule petite valise, comme si c'était la chose la plus importante que contenait ton sac.
Je n'avais jamais été autorisé à regarder à l'intérieur. J'avais essayé pourtant. Mais tu le gardais toujours auprès de toi.
Je m'étais mis dans la tête que ce carnet devait contenir tous tes secrets, tous tes rêves, toutes tes peurs, tes envies inavouées, ton histoire, tout ce qui faisait de toi une personne aussi mystérieuse.Si j'avais su à cette époque à quel point j'avais raison.
Cette année-là, un typhon avait entraîné des inondations et des coulées de boues dans tout le pays. Il y avait eu des morts, 5 touristes, surpris par les inondations alors qu'ils traversaient une route avec leur voiture. Des Français, je crois.
Prendre la route seule, sans connaître la région, c'était un suicide.«Ne fais pas ça Anna! C'est de la folie! Aucun guide ne voudra t'accompagner! Personne ne pourra venir te chercher! Je ne pourrais pas leur dire où tu es, et tu n'as aucun moyen d'appeler les secours, tu ne parle même pas leur langue!
Tu n'en sortiras jamais vivante!»Tu n'as pas apprécié que je te le dise.
La dispute à très vite tourné au vinaigre, et tu t'es mise à balancé des horreurs.
Je ne sais pas pourquoi. Peut-être avais-tu besoin de te venger, de faire de quelqu'un le coupable de tout tes maux, de toutes ces choses horribles qui t'arrivaient.
Peut-être que la douleur était devenue trop forte pour que tu retiennes tes cris.
Peut-être aussi que c'était de ma faute, que je t'avais poussée à bout à force. Faut dire que j'étais pas facile à vivre non plus.«Vas te faire voir! J'ai pas besoin de toi! Je peux très bien me débrouiller toute seule! T'a rien à me dire! Tout comme lui!»
Et tu es partie en claquant la porte.
Et je t'ai suivie.«–Je croyais que tu ne voulais pas me suivre?!
–Anna! Reviens ici, s'il-te-plaît! C'est de la folie putain! Et puis c'est qui lui?
–Qu'est-ce que ça peut te foutre? TU NE ME CONNAIS PAS! TU NE SAIS RIEN DE MOI, DE MON HISTOIRE!
–DIS-MOI QUI C'EST!
– MON FIANCÉ!»
Mes points s'étaient serrés tandis que tu tournais les talons. J'avais compris que je ne savais rien de toi.
«–On a pas fini notre discussion!
–Alors vas-y, je t'écoute! Vas-y, essaye de m'en empêcher! Essaye de me retenir! Vas-y! Je n'ai plus peur de la mort, de ses manies et de son égocentrisme, à choisir des gens innocents et à les arracher, comme ça! Rester dans une chambre, ce n'est pas une vie! Moi, j'ai choisis de vivre, et lui ne l'aurait pas compris. Il ne l'aurait pas choisis. Et toi, je pensais que tu le choisirais aussi, mais...
–Moi, je t'ai choisi.»
Et sur ces simples mots, tu t'étais soudainement calmée. Tu as fait demi-tour et est retournée dans la chambre, sans un mot.
Nous n'avons plus jamais parlé de cette dispute, ni de ton petit-ami d'ailleurs.C'est ce jour-là que j'ai compris que tu t'étais fixé un objectif: vivre.
Et que tu ferais tout pour y arriver.
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Un souffle de vie
Short StoryIls s'enseigneront la vie à l'aube de la mort, et sur leur chemin, découvriront le vrai amour. «Jusqu'à ce que la mort nous sépare.» 2ème dans la catégorie nouvelles au concours #PairsCFr