Mercredi 19 juin 2013
Ça fait maintenant bientôt un an que je suis là. J'adore cette ville. J'aime mon boulot.
Mais putain, je me sens seule !
Euh... Attends !
J'ai déjà écrit quelques lignes sur toi, jolie page blanche de mon nouveau carnet et je me rends compte que je ne me suis pas présentée.Alors voilà.
Moi, c'est Anna.
J'ai 24 ans.
Je suis orthoptiste. Évidemment, tu dois te demander ce que c'est. En gros et pour faire cours, c'est la rééducation des yeux. Ce n'est pas vraiment connu et presque tout le monde nous confond avec les orthophonistes.
Ce boulot, pour moi, c'est une vraie vocation. J'ai été rééduquée quand j'étais ado et ça a été LA révélation. J'ai eu mon concours du premier coup. Ok, c'était facile mais quand même...A la fin de mes études, j'ai voulu faire quelques remplacements autour de Lyon avant de me lancer vraiment. Au bout d'un an, j'en ai eu marre et j'ai trouvé mon boulot actuel. Je travaille en collaboration, trois jours par semaine, les lundis, mardis et jeudis, dans le cabinet de Marc, mon titulaire.
Ces trois jours-là, je ne touche pas vraiment terre. Je bosse de 8 heures 30 à 20 heures avec une petite pause de trente minutes à midi. Ce sont un peu des horaires de dingue mais j'aime ça. Vraiment.
Mon problème, ce sont les quatre autres jours de la semaine.
Jusqu'à il y a quatre mois, j'étais occupée. Comme je partais le jeudi soir sur Lyon pour voir Julien, mon mec, le mercredi, je faisais tout ce que je ne pouvais pas faire le week-end. Vous savez les trucs que tout le monde déteste, moi comprise, comme les courses, le ménage ou bien encore la paperasse...
Mais il m'a larguée. Avec une excuse de merde. Il parait que monsieur n'arrivait pas à gérer notre relation à distance. Tu parles.
Alors je suis là. Et je tourne en rond.Quand j'étais à Lyon, je grimpais. Pardon, page blanche, je faisais de l'escalade. Ça m'occupait une bonne partie du temps. Je faisais principalement du bloc. Ce n'est pas que je n'aime pas la falaise mais disons que le bloc est plus ludique.
Tu te demandes ce qu'est le bloc, n'est-ce pas ? C'est de l'escalade sans corde sur des structures artificielles ou des rochers relativement bas. Mais, attends, je t'en parlerai plus tard.Je crois qu'il vaut mieux que je te raconte d'abord mon histoire avec Julien.
La première fois que je l'ai vu, c'était à la salle où nous grimpions tous les deux.
Tu vois, je retombe sur mes pattes avec mon petit passage sur la grimpe...
Je ne sais pas pourquoi, cette fois-là, je n'étais pas venue à la même heure que d'habitude.
On s'était retrouvés ensemble dans les vestiaires. Je crois que je partais quand il arrivait. C'était peut-être l'inverse d'ailleurs. On s'était juste dit « bonjour ».
Je ne l'avais vu que deux ou trois minutes mais je l'avais trouvé canon. Belle gueule, brun, menton carré, corps de rêve avec tablettes de chocolat et tout ce qui va bien avec.
C'était quand même sympa les vestiaires mixtes, y'a pas à dire.Après cette brève rencontre, je ne l'ai pas revu pendant des mois.
Il faut aussi rajouter qu'à cette époque-là, j'avais un mec, Christophe. Nous deux, ça n'allait pas forcément super bien. On se prenait souvent la tête sur des trucs complètement ridicules. Mais ça tenait tant bien que mal.
Un week-end où Chris était chez moi, on a décidé d'aller grimper. À peine avait-on passé la porte que je voyais Julien. Si tu avais vu le sourire qu'il m'avait fait. Un de ces sourires à tomber par terre.
On s'était fait la bise. On avait parlé comme si on se connaissait depuis tout le temps. Chris était dingue à côté de nous. La jalousie était un de ses innombrables défauts. Pas que je sois irréprochable, page blanche, ne va pas croire ça.
Résultats des courses, il avait tiré la tronche tout l'après-midi.
Et Julien qui en rajoutait des tonnes de l'autre côté. Comment dire... C'était particulier. J'avais envie de me marrer mais je me retenais pour ne pas vexer Chris.Peu de temps après, j'ai quitté Chris. Nous n'avions plus rien à faire ensemble. Il n'y avait plus aucun sentiment entre nous et même nos activités communes étaient devenues source de conflits.
Comme mon planning à l'école avait changé, j'avais dû également changer mes horaires à la salle de grimpe. Parfois le hasard fait bien les choses et je me trouvais toujours en même temps que Julien.
On grimpait avec ses potes, on racontait des conneries, on se marrait, on passait parfois des heures à parler devant la salle parce qu'on n'avait pas envie de se quitter.
On était partis aussi grimper tous les deux en extérieur. Plusieurs fois.
Mais il ne se passait toujours rien. Pourtant, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure qu'on se plaisait.
On passait la moitié du temps dans les bras l'un de l'autre ou à s'effleurer, se toucher.
Je n'avais pas envie de faire le premier pas, lui non plus apparemment.
Et puis, un soir, nous étions, pour la énième fois, en train de parler devant la salle. Julien jouait avec mes doigts. Un de nos potes est passé à ce moment-là et a fait une petite réflexion du genre « Ah ça y est, vous êtes enfin ensemble ! C'est pas trop tôt ! ».
Ce n'était pas le cas mais une fois qu'il a été hors de vue, Julien m'a embrassée. C'était magique.
J'étais avec un mec canon comme pas deux, qui grimpait vraiment bien, j'avais des potes grâce à lui et on s'entendait super bien.
Bref, j'étais heureuse.
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Nothing Else Matters
Lãng mạnChère page blanche, Cette histoire est une histoire d'amour. Comme tant d'autres... Peut-être un peu différente aussi... Pas sûr. Peut-être qu'elle pourrait vraiment arriver dans la vraie vie. Peut-être pas. Tu me le diras si ce n'est pas possible...