Recueil Tout Court

Rester de Marbre

Ce n'est pas une histoire ou une nouvelle, mais plutôt un petit texte descriptif.

Telle une statue de marbre gravé, c'est là, en face, immobile et silencieux. J'essaie, ça me donne envie d'être aussi immobile et silencieux.

Le vent souffle contre ma joue qui résiste. Le vent est froid et brûle ma joue, mais le reste de mon corps ne ressent rien. Si ce n'est une certaine douleur due à ma rigidité. Mais je ne bouge pas, mes ordres ne dépassent pas les barrières de ma pensée.

Les feuilles doivent bruisser, les arbres bouger, le froid piquer, les oiseaux voler, croasser, crier ... Mais rien ne m'atteint. Seul le temps. Je me dégrade, impuissant, comme la pierre devant moi.

Mes pieds sont froids, je ne les sent plus vraiment. L'herbe avale tout, même la pierre en face de moi.

Un morceau manque, peut-être a-t-il été emporté par le temps. Le vent emporte tout. Sauf la pierre et moi, face à face, dans un duel d'immobilité et de non-existence. Je ne bouge pas ; rien ne doit m'atteindre, sauf le temps qui emportera des morceaux, qui avalera tout.

Les nuages sont bas, l'humidité rend l'air lourd et désagréable à respirer. La pierre, elle, ne respire pas. Je vois ce qu'il y a de gravé dessus. Je ne le lis pas. L'obscurité n'est pas totale mais je ne sais pas d'où vient la faible lumière qui me permet de voir. S'il y a un soleil, je ne le trouve pas. La pierre ne le cherche pas. Les nuages ne laissent filtrer aucun rayon mais je vois.

La pierre est toujours face à moi.

J'ai soif. Pas elle.

Elle gagnera.