Ma Propre Rencontre

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J'ai écrit ce texte lors d'un club écriture où le thème était ''rencontre(s)". L'animateur a dit pour rire ''vous me faites ça en trois partie, avec des connecteurs logiques. Vous avez une heure". Je me suis lancée le défi.



Parmi toutes nos différences, s'il y a bien quelque chose qu'on connaît tous, c'est la rencontre.

Les marches grinçaient sous mes pieds.

Je montais au grenier, poussiéreux. Je n'y étais pas allé depuis longtemps. En fait, je ne me souviens pas y être déjà allé.

Il y a avait tout un tas de meubles anciens ; des canapés éventrés, des luminaires aux ampoules cassées, des vieux bouquins oubliés, ... Et tous avaient une histoire. Tous me rappelaient des choses, des souvenirs d'une période différente. Il y avait également, entreposés dans un coin à gauche, des cartons. Chacun les siens. Je n'en avait qu'un.

Ils étaient étiquetés en fonction de leur propriétaire, de leur contenu. Chaque morceau de papier adhésif était comme un connecteur logique.

Je trouvais l'interrupteur et laissait les lumière éclairer la pièce. Faiblement.

Je passais en revue les boites, et trouvais la mienne. Mon unique condensé de souvenirs.

Je ne sais plus trop pourquoi je suis montée, pourquoi j'ai soudainement voulu aller trouver cette boite. Peut-être que je ne passais pas un moment assez original, peut-être que j'avais besoin de nouveauté. En redécouvrant du passé.

J'espérais que ma mémoire fonctionne bien et qu'elle m'aiderait à me souvenir. Que les connecteurs logiques étaient toujours efficaces.

J'ouvris le carton. Les objets présents y avaient été placés de ma propre main. Je me souvenais les prendre et les entreposer dans le carton, réfléchissant en même temps à un moyen de les faire tenir.

Je me souvenais de moi.

Je pris le premier objet : un livre. Je l'avais acheté dans un vide-grenier ; ma mère avait marchandé son prix. Je me souviens, c'était la période où je ne pouvais pas porter de jeans ... ça me semble si loin ... Dans un autre vie.

Je pris un deuxième souvenir : un collier de perle avec un petit mot. Je l'avais fabriqué moi-même. Il était très mal fait. Mais je me souviens nettement du sentiment de fierté que l'objet fini m'avait procuré. Comment avais-je pu éprouver cette fierté. Cela devait être un autre moi. Je lu le mot, reconnaissant mon écriture (pourtant si étrangère de la mienne aujourd'hui). Je devais offrir de collier à une personne, mais sa présence dans cette boite prouvait que je n'avais jamais osé. Là, je me reconnaissais bien. Pourtant, je regrettais un peu.

Ensuite, une feuille avec des petits poèmes écrits. Ils ne voulaient rien dire. Ils n'avaient aucune structure, ni cohérence, ni contenance. Mais je savais pertinemment quelles idées et quelles émotions se cachaient derrière ces lignes. Je me souviens de la personne qui les a écrites. Pourtant, ce n'est pas toujours ma manière de penser, ma façon de voir les choses aujourd'hui. C'était un autre moi.

Tous les objets de ce carton me rappelaient des choses. Pourtant, je les redécouvraient. Ils représentaient des émotions, des points de vue, des caractéristiques, des passions et des centres d'intérêts. Ils représentaient quelqu'un. Une personne.

Un autre moi, avant.

En ouvrant ce carton, je me rencontrais à nouveau. C'était peut-être ce que j'étais venu chercher dans ce grenier : une - nouvelle - rencontre.

Recueil Tout CourtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant