Le temps qui passe

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Encore une fois, ce n'est pas une nouvelle mais un texte.  Il y en a de plus en plus alors je pense que vais renommer ce livre ''recueil'' tout court ^^


Je repris conscience.

Je sentais et entendais ma respiration profonde, les battements de mon cœur, ... J'émergeais d'un sommeil profond. Je n'avais pas envie de me rendormir, je voulais profiter de ce moment paisible et agréable. Sortir de moi-même, de mon corps, me voir près du feu, allongé au sol. Me sentir sentir le poids de la terre contre ma chair qui s'appuie dessus, sentir sentir la douce chaleur du feu à mes pieds.

Je n'osais pas bouger, de peur de retourner dans mon corps, me réveiller pour de bon, redevenir lucide. Je voulais rester en apesanteur au-dessus de moi-même, rendre ce moment éternel.

Mais je sais bien que ce n'est pas possible. Heureusement, je sais aussi que ça se reproduira.

Soudain, je sens un peu plus mon pieds, ma jambe et mon bras. C'est plus fort que moi, je bouge, je reviens à moi-même. Le temps reprends son cour, les crépitements et les respirations autour de moi se refont entendre.

J'ai entendu un bruit.

Ce court instant où j'essayais de faire semblant de ne plus être est terminé.




La terre était le matelas. Le crépitement et les ronflements étaient pure imagination. Etais-je réellement sorti de moi ou l'avais-je rêvé ?

Encore dans cette optique, j'ouvre les yeux et regarde la pièce dans laquelle je suis. La lune se reflète en ombre sur le mur en face de moi.

Je ne sais pas si je suis sorti de moi, mais je ne veux pas recommencer ; je veux aller plus loin encore. Je ferme les yeux et essaye de me détacher de tout. On ne peut forcer ces choses-là, on ne peut les provoquer.

A force de ne penser à rien, je finis par me perdre. Enfin, je ne m'en rends compte qu'en ouvrant les yeux et en sentant le sol bouge. Pas le sol de ma chambre, le sol en général. La terre tourne.

Très, très lentement, la lune bouge sur le mur devant moi. C'est à peine perceptible, j'ai l'impression que c'est moi qui bouge ma tête et croit voir les choses bouger.

Soudain, les rouages s'enclenchent, faisant tourner leur voisin, encore et encore, mettant toute une mécanique en mouvement. La pendule s'enclenche, bien plus rapide que la terre. Elle marque les secondes ; ça va vite, étonnamment trop vite. Les volets claquent à cause du vent qui souffle. Il ne souffle pas fort. Il souffle vite. Toute vie s'efface. Place à la réalité.

Place au temps.

Lorsqu'on prend réellement conscience du temps qui passe, tout va toujours plus vite.

Recueil Tout CourtOù les histoires vivent. Découvrez maintenant