J-2 matin

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«Citoyens et Citoyennes de France, en considérant les manifestations d'hier qui malheureusement ont fait beaucoup de blessés, les ministres et moi avons pris une décision importante. Pour ne pas faire preuve d'inégalité dans cette République démocratique, nous avons décidé d'envoyer plusieurs lettres aux quatre coins du pays sans prendre en compte les situations sociales. Ces lettres vous permettront de rejoindre des bunkers sécurisés avec tous les produits nécessaires à la survie de l'Homme lors d'un cataclysme à l'échelle mondiale. Nous demandons aux personnes désignées de faire preuve de discrétion pour ne pas provoquer de jalousie, et à la suite des émeutes et nous vous prions de vous rendre à l'endroit désigné sur votre lettre le plus vite possible. C'est tout pour cette conférence, avez-vous des questions?»

Un journaliste de la chaîne principale prit la parole :

«-Combien de lettres seront envoyées?

-Un million dans toute la France»

La presse laissa échapper un sentiment d'indignation. Un journaliste s'écria : " Mais nous sommes 65 millions, en gros vous allez sauver 1/65 de la population."

Un autre s'exclama : " Et vous bien sûr vous êtes choisis d'avance avec vos familles et vos amis, vos maîtresses... Vous n'êtes que des sales égoïstes, le peuple va se..."

Le président fit signe à ses gardes du corps d'évacuer ce journaliste et prit la parole :

«Les élus seront choisis par tirage au sort. Toute la population française sera prise en compte, Y COMPRIS les hommes influents, moi même et les politiciens. Avez-vous d'autres questions?»

L'assemblée resta muette.

«Bien, comme vous n'avez plus de question, permettez-moi de me retirer. Bonne à journée à tous et bonne chance.»

Christian éteignit la télévision, fou de rage :

«-Je n'arrive pas à y croire! Notre survie ne dépend que de la chance et du hasard. C'est presque inespéré de l'avoir... Mais imagine que nous la recevions, nous pourrons vivre Amélie, on aura une vie parfaite tous les deux, s'exclama-t-il à sa femme en lui prenant les épaules.

-C'est sûr que ça serait bien Christian, mais réfléchis, il y a d'autres personnes qui méritent de vivre. Comme des familles nombreuses avec des enfants encore jeunes qui ont toute leur vie devant eux. Ce sont ces personnes qui méritent de recevoir la lettre et pas nous qui n'avons pas d'enfants et personne à protéger à part nous. On a déjà vécu la moitié la plus importante de notre vie. Veux-tu nous voir vieillir dans un monde où nous serons seuls et entourés de paysages détruits? C'est vraiment ce que tu veux? répondit-elle

-Tu es devenue folle! Nous ne pourrons jamais sauver toute la population! Et nous le méritons tous les deux... Mais bon nous ne savons même pas si nous recevrons cette lettre alors pas besoin de se disputer. Bon je vais au travail juste pour régler quelques paperasses inutiles, à tout à l'heure.

-À tout à l'heure...»

Lorsque son mari fut parti, Amélie décida d'aller vérifier le courrier. En tremblant, elle ouvrit la boîte aux lettres. Ses craintes se révélèrent vraies. Dans la boîte aux lettres se trouvait une unique lettre. Elle ouvrit la lettre et lut son contenu :

« A Christian et Amélie Bobois,

Le 3 août 2015

Félicitations, vous avez été choisis pour survivre à ce cataclysme. Nous vous prions de rester discrets et de vous rendre le plus rapidement possible à l'endroit indiqué ci-dessous :

Bunker 424, rue de Lower à Calne, Indre, FRANCE

Vous ne devez emporter que le strict minimum et vous ne devez amener que les membres de votre famille qui habitent dans la même maison que vous.

IMPORTANT:

-Vous êtes obligés de vous rendre à l'adresse indiquée ci-dessus.

-Il est interdit de donner votre lettre à une autre personne que vous. Vos papiers seront contrôlés à votre arrivée.

Avec nos salutations les plus distinguées,

Le Ministère des affaires importantes »

Amélie n'en croyait pas ses yeux, elle redoutait la réaction de son mari. Elle savait que son mari ne devait pas le savoir et que s'il l'apprenait, ils vivraient alors que d'autres mourront. "Nous ne méritons pas de vivre contrairement à d'autres familles" pensa-t-elle. Elle décida donc de la cacher sous le matelas où se trouvaient leurs économies, elle savait que son mari n'irait jamais regarder à cet endroit...

Jeanne ne savait pas quoi penser en regardant la conférence :"Que des conneries, ON va tous mourir. A quoi ça sert d'envoyer des lettres? Rester dans un bunker à se goinfrer de nourriture tandis que les autres meurent dehors avec leur famille. Ils se prennent de haut ces politiciens qui ont d'emblée leurs lettres, qu'ils redescendent un jour..."

Mais au fond d'elle, elle espérait recevoir cette lettre. Cela serait une revanche contre cette vie qui n'avait été qu'un enchaînement de malheurs. Elle pourrait recommencer une vie sans son mari et sa secrétaire et ses enfants qu'elle reniait chaque jour.

Lorsqu'elle vit le facteur poser une lettre dans sa boîte aux lettres, elle se précipita dehors et vit ce courrier dont elle rêvait depuis quelques heures maintenant.

Quand elle ouvrit la lettre, elle explosa de joie. Ses enfants sautèrent de joie avec elle. Son fils cadet prit la parole :

«Maman, on va vivre! On peut emmener Papa et Christie sa nouvelle copine?

Jeanne sourit cruellement :

-Oui bien sûr, on va y aller tous les cinq! Allez faire vos valises et après nous irons les chercher.

-Merci Maman! s'exclamèrent les enfants en courant dans leurs chambres.»

Ses enfants n'y avaient vu que du feu, Jeanne n'avait aucune attention d'emmener ses enfants et encore moins son ex-mari et sa secrétaire.


Les Sœurs du Couvent allumèrent exceptionnellement la télévision. En effet au couvent, on s'isole du monde extérieur et la télévision en fait partie. On ne l'allume que dans des rares occasions.

Après avoir écouté attentivement la conférence de presse, Sœur Marie se demandait si elle serait sauvée par le Seigneur. Elle ne voulait pas recevoir cette lettre par peur de pécher en pensant à la mort de toutes les autres Sœurs si elle devait la recevoir. Intérieurement, elle voulait vivre car comme n'importe quel fidèle elle n'avait pas peur de la mort mais peur de se retrouver en Enfer avec Satan et de souffrir mille tourments pendant l'éternité. Alors elle décida de prier en silence, pour que Dieu lui vienne en aide. Heureusement pour elle, Il entendit ses prières : Isabelle avait reçu la lettre.

C'est Sœur Bénédicte qui lui apporta ce qu'elle désirait par dessus tout : la lettre.

Quand Isabelle l'eut lut, elle s'exclama :

«-Je ne peux pas accepter ce cadeau!

-Si, tu le dois, si le Seigneur veut que tu vives tu dois lui obéir. Tu vas accepter ce cadeau par respect pour ton Dieu, lui répondit Sœur Bénédicte.

-Tu en es sûre ? hésita Isabelle

-Oui, tu le mérites après ce qui t'est arrivé. Maintenant va faire tes valises et pars rejoindre le bunker et s'il te plaît prie pour nous là-bas.»

Les larmes aux yeux, Isabelle partit donc dans sa cellule, prépara ses valises, et s'en alla.

Madness: End of the WorldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant