Chapitre Un - PDV Gerard

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L'arrière de sa tête capta mon attention presque instantanément. Vous pouviez en dire beaucoup sur les gens grâce à l'arrière de leur tête. Vous pouviez en dire plus grâce à l'avant, bien sûr, mais l'arrière de la tête retenait un grand nombre de secrets. C'était la partie de votre corps que vous ne voyiez jamais, sauf si quelqu'un tenait un miroir pour vous.  C'était une partie du corps très brut, pure.

Vous ne pouviez pas maîtriser sa façon d'être. Vous ne pouviez pas voir par vous même sa ressemblance. C'était, souvent, la seule véridique partie du corps de quelqu'un.

Ses cheveux étaient complètement indisciplinés. Ils étaient emmêlés et graisseux, et me faisaient un peu penser aux miens, mais noirs au lieu de rouge vif. Il s'assit, les épaules basses, ses coudes sur la table. Je ne pouvais voir exactement où étaient ses mains, mais chaque assortiments de secondes je voyais le bout de ses doigts repousser ses cheveux vers l'arrière de ses oreilles, comme s'il jouait avec ses cheveux.

Il semblait... Exténué. Exténué et triste et vraiment très seul.

''Que diriez-vous de commencer avec un café, monsieur ?''

Je levais le regard vers la serveuse, clignant des yeux plusieurs fois du à la surprise. Je ne l'avais pas remarquée s'approcher de moi. ''Bien sûr.'' Elle sourit alors je retournai le geste. ''Merci.''

La serveuse se décala et je me surpris à retourner mon regard au garçon. Il était maintenant en train de se relever, observant alors que la serveuse l'approchait.

''T'en as finis avec ta soupe, Frank ?''

''Oui, ma'am'' dit silencieusement le garçon – Frank – lui tendant son bol. J'observai alors qu'elle saisit le bol, le zieutant avec attention.

''Est-ce que tout va bien ? Tu es affreusement silencieux aujourd'hui.''

''Je vais bien. Juste fatigué.''

Je n'avais jamais vu ce garçon de ma vie, et je pouvais déjà me rendre compte qu'il mentait. La façon dont ses épaules se courbaient, épuisées et usées, la façon dont ses doigts tremblait légèrement alors qu'il faisait encore courir sa main au travers de ses cheveux, tout le trahissait. Il était bien plus que juste fatigué.

''Oh. Bien... Si tu as besoin de quoi que ce soit, fais m'en part.''

''Merci, j'en tiendrai compte.''

Elle s'éloigna, l'abandonnant assis dans un air de tristesse silencieux et paisible. Je pouvais presque ressentir l'émotion depuis l'endroit où il était assis. Je pouvais sentir le désespoir et l'inquiétude d'ici.

Il laissa échapper un soupir, refaisant courir ses doigts dans sa chevelure, enroulant fermement quelques unes des mèches noires autour de ses doigts, puis les laissa tranquilles, ne semblant pas vraiment se préoccuper de la façon dont elles retombaient.

''C'est vraiment malsain pour tes cheveux, tu sais.'' commentais-je, plissant mon nez.

Le garçon se retourna pour me faire face, surpris.

Il avait à peu près mon âge, peut-être un an plus jeune, et avait les yeux les plus incroyables au monde.

Je lui attribuai un léger demi-sourire, repoussant mes cheveux de mon regard.

''De quoi ?'' demanda-t-il, m'observant.

''L'enroulement est malsain,'' expliquais-je. Parfois je me sentais comme si j'en savais bien trop sur les cheveux pour mon propre bien. Ce n'était que quelques mèches de cellules mortes, de tout façon. ''Ce serait comme tordre la tige d'une fleur.''

Folie À DeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant