Celui-ci souriait. On pouvait voir trois dents en or briller faiblement. Il lui tapa la main et le rouleau tomba sur le sol. Puis il la contourna et elle resta plantée là, comme une idiote, térrifiée, incapable de faire bouger ses jambes.
Il observait les corps de ses camarades.
-Comme dans les films hein? Tu n'as pas trouvé tout ça un peu trop facile?
Maintenant qu'il en parlait, elle se rendit compte que cela avait été beaucoup trop facile. Mais quelle idiote... Elle en avait trop regardé de films... D'ailleurs, les noeuds sortaient tout droit d'un bon polar qu'elle avait regardé il y a quelques jours.
-Aller les mecs, debout.
Et Will et Max ouvrirent les yeux, brisèrent leurs liens sans aucun problèmes et se relevèrent. Elle n'était même pas surprise.
-Tu tapes fort pour une gamine, grogna Max en se frottant le crâne.
Will avait de nouveau les bras croisés et souriait de toutes ses dents. C'était un grand jeune homme aux cheveux bruns très foncés. Il avait un visage volontaire qui inspirait confiance, un nez droit, une mâchoire forte et bien proportionée et des yeux bruns et verts, déclinés sous toutes les teintes possibles et imaginables.
-Mauviette ! Je n'ai même pas de bosse !
Max le regarda d'un air mauvais et dit:
-Boss qu'est ce qu'on fait ?
-Vous descendez et vous surveillez les quatre autres.
Le sourire sur le visage de Will disparut, remplacé par une mine grave. Bizarrement, cette grimace fut ce qui l'inquiéta le plus.
Qu'est ce qu'il me veut ? Pourquoi veut-il qu'on soit seul ?
Sa bouche s'assècha. Elle essaya de dire quelque chose mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle les regarda partir et juste avant qu'il ne passe la porte, Will lui lança un regard...compatissant ?
Oh non...
La porte se referma. Elle crut qu'elle allait s'évanouir.
-Bon, à nous deux maintenant...
Il lui tournait autour comme un lion tourne autour de sa proie. Même son sourire était carnassier. Elle n'osait pas bouger, de peur de le fâcher. Finalement, il s'assit sur le fauteuil.
-Je pense qu'on va commencer par quelques questions... Comment t'appelles-tu ?
Elle était tétanisée. Aucun de ses muscles ne répondait. L'homme fronca légèrement ses sourcils.
-Tu ferais mieux de me répondre petite, si tu ne veux pas le regretter...
Ses genoux se mirent à trembler. Le sourire s'élargit. Il se leva et s'approcha lentement d'elle. Il était terrifiant. Il lui attrapa les cheveux et lui tira la tête en arrière. Elle gémi.
-On va faire ça autrement. Je vais te dire ce que je sais de toi. Tu préfère?
Elle avait les larmes aux yeux.
-Alors, Isabelle... Tu as 16 ans, tu habite ici depuis 4 ans, tu as deux frères, tu vas au Lycée LP, tu es amie avec une personne que je n'aime pas du tout et tu intérresse beaucoup mon patron. Mais ça, tu ne le sais pas. Et tu ne sais pas pourquoi d'ailleurs.
Il la regarda droit dans les yeux. À travers ses larmes, elle crut voir ses pupilles s'allonger. Il raffermit sa poigne et tira ses cheveux d'un coup sec, l'obligeant à se baisser encore plus.
-Tu sais qui je suis? Tu sais qui sont tes parents? Non... tu ne sais rien... rien du tout...
Il lui lâcha les cheveux et recula de quelques pas.
-Maintenant, tu vas parler. Tu as eu mal? Ce n'était rien comparé à ce que je pourrais te faire. Réponds! As-tu une marque quelque part sur ton corps ?
Ses yeux lançaient des éclairs. Incapable d'articuler un mot, elle secoua la tête.
-Non ? Bon c'est comme tu veux...
Il s'approcha à grands pas et lui saisit brutalement le visage qu'il inspecta sous toutes ses coutures. Pour la première fois depuis longtemps, ses muscles commencèrent à réagir. Le contact de cet homme la dégoûtait. Elle se débattit et il lui saisit les poignets. Il la plaqua contre le mur et lui tint les bras au dessus de sa tête. Il lui arracha son t-shirt et recommença à l'inspecter. La bile lui monta à la bouche. Il la retourna et elle sentit ses yeux parcourir son dos. Elle se sentait exposée mais il la tenait si fermement qu'elle ne pouvait pas bouger d'un poil.
Il lui otâ son pantalon. Elle se mit à crier.
-Crie chérie. Personne ne viendra t'aider.
Elle entendit une exclamation triomphante et sentit sa main se poser sur sa hanche, sur sa vieille tâche de naissance. Une explosion de chaleur se déclancha à l'endroit où il l'avait touchée. Elle s'emplifia jusqu'à la brûler toute entière. L'homme la lâcha. Privée de son soutient, elle s'écroula et fut prise de convulsions.
-Ah oui effectivement. Ça peut faire mal parfois. Mais ne t'inquiète pas, ça ne dure pas... Maintenant, une petite visite à tes parents s'impose.
Il traversa la chambre et ouvrit la porte.
-Max ! Vire les gosses ! Will ! Amène toi !
Quelques secondes plus tard, le garçon apparut. Son regard soucieux se posa sur la jeune fille puis se reporta sur l'homme.
-Quand elle se sera un peu calmée, descends-la moi.
Il quitta la pièce sans se retourner.
Elle s'était recroquevillée, secouée de violents spasmes, elle tremblait comme si elle avait de la fièvre. Le jeune homme croisât une fois de plus ses bras et se contenta de la regarder. Dans un état de semi-conscience, elle ne se rendit compte de rien.
Ses spasmes se ralentissait mais elle approchait d'un état comateux. Il la souleva et descendit les escaliers. En bas, l'homme l'attendait. Il parlait à deux adultes, assis et attachés. Quand elle vit sa fille, frêle, minuscule dans les bras de ce géant, la mère ne put s'empêcher de gémir.
-Bien, bien, bien. Pose-la par terre.
La jeune homme obéi et la déposa précautionneusement sur le sol. Elle sentait sous elle le carrelage froid et ses pensées qui se clarifiaient.
Mal
Sa tâche était d'un blanc incandescent.
Mal... J'ai mal... Brûle...
Un cri de douleur sortit enfin de sa bouche. L'homme sourit.
-Bien, je pense qu'on peut passer à l'étape suivante.
-Non ! Laissez-la tranquille ! Elle n'a rien fait ! Nous...
Sa mère criait, son père grogna, blafard, une main sérrée sur son épaule. L'homme leur lança un regard méprisant.
-Vous êtes faibles. Will, trace le cercle.
Le jeune homme sortit une poignée de poudre de sa poche et la dispersa en cercle autour du corps de la jeune fille.
L'homme franchit le cercle et allongea le corps sur le dos. Elle reprenait conscience. La douleur s'appaisait petit à petit. L'homme sourit cruellement.
-Ça risque de faire un peu mal...
Il la tourna de nouveau sur le côté et elle ne vit pas ce qu'il fit.
Une explosion de douleur encore plus forte que la première se déclencha au niveau de la marque. Elle n'avait même plus la force de crier.
-Le sceau est ouvert. Regardez bien votre fille, bande de lâches. Elle vous file entre les doigts...