Quelqu'un était couché sur le sol. Quelqu'un... ou quelque chose... Là où se trouvait Isabelle quelques secondes plus tôt, gisait maintenant une créature sortie tout droit des livres d'histoires.
On ne pouvait manquer l'effet de pureté qui émanait de la créature. Elle avait une peau de porcelaine, presque translucide et des membres longs et fins, graciles. Une rivière de cheveux argenté presque blanc encadrait un visage fin et aigu. Ses traits respiraient la noblesse, la bonté et la majesté, bien que la créature semblait dormir.
Ses cheveux glissèrent, semblables à de la soie, révélant deux oreilles... pointues.
Elle ouvrit les yeux. Seule touche de couleur dans tout ce blanc, ils étaient d'un doré profond, piquetés de vert et dotés de pupilles de chats.
Elle se releva, l'air perdu. La mère éclata en sanglots et les deux complices sortirent de l'ombre. Ils avaient perdus leur air suffisant. Will semblait dépassé par les événements et l'homme n'avait plus l'air aussi sûr de lui.
Puis l'homme se calma, comme pour ne pas montrer que quelque chose clochait.
-Le maître sera content je pense...
Il fit un grand geste vers la créature et s'écria:
-Tu nous auras oublié demain !!!
Puis il se retourna brusquement, saisit Will par le bras et ils disparurent, comme éffacés par une gomme géante.
À peine étaient ils partis que les deux adultes se ruèrent sur la créature.
-Isabelle? murmura sa mère.
Elle s'appellait Agnès. C'était une femme de caractère qu'on ne voyait pleurer que très rarement. Et pourtant, elle s'anglotait, les larmes coulant à flot. Son mari, Georges, la pris par l'épaule et la serra fort contre lui. Ils se tenaient à quelques centimètres de l'être, ils n'osaient pas la toucher.
-Maman?
Elle s'était assise, l'air indécis. Elle ne comprenait pas pourquoi ils ne voulaient pas la toucher, puis vit ses mains. Elle les passa dans ses cheveux, s'arretant au niveau des oreilles.
-Qu'est ce qu'il m'arrive?
Cette fois, ce fut son père qui prit la parole.
-Isabelle... je suis désolé...
Sa blessure à l'épaule avait disparue.
-Ces hommes sont... ce sont des chasseurs. Non ne dis rien! Laisse moi finir. Ils savaient qui nous étions mais je pensai... je pensais qu'ils nous laisseraient tranquilles... Nous sommes ici depuis tellement longtemps Agnès et moi... Alors nous pensions que.. nous pensions que tu serais à l'abris. Mais on s'est trompé, je suis désolé.
Agnès avait arrêté de pleurer. Elle tourna ses yeux rougis vers son mari et ils échangèrent un long regard lourd de sens.
-La vérité, finit-elle par lui dire. Il acquiesça.
Elle avait suivi cet échange troublant avec un sentiment grandissant d'apréhension.
-Isabelle... tu n'es pas Isabelle et nous ne sommes pas tes parents.
C'était trop en une seule soirée. Elle sentit quelque chose se briser en elle, un barrage qui lachât soudainement, trop plein. Les larmes se mirent à couler sans s'arrêter, noyant son joli visage.
Georges hésita avant de reprendre:
-Nous t'avons recueillis à tes 1 an... Quelqu'un nous a confié le petit bébé que tu étais. À l'époque, c'était nous qui devions dissimuler ton... physique avec des amulettes. Puis nous avons demandé qu'on te pose un sceau... tu étais... difficile à contenir. Et aujourd'hui, il l'a brisé, tu devras apprendre à te dissimuler toute seule, nous ne pouvons pas reformer le sceau maintenant. Ce serait dangereux et de toutes manières, nous ne sommes pas assez puissants. Je... je pense qu'il faut qu'on te montre pour que tu comprennes...
Agnès portait tous les jours un petit pendentif en forme de feuille et Georges un bracelet orné d'un champignon. La mention d'amulettes avait fait Isabelle penser imédiatement à ces deux bijoux, qu'elle avait toujours trouvé bizarres. Les deux adultes les retirèrent et immédiatement, leur image se mit à trembloter, comme à la télé, avant de disparaître.
Devant ces yeux se tenaient deux créatures. L'une ne mesurait pas plus de 50 centimètres et l'autre ressemblait beaucoup à Isabelle. Sa peau était néanmoins plus foncée, ses yeux était d'un marron clair saisissant et ses cheveux d'une teinte de noisette grillée. Deux oreilles pointues sortaient de l'opulente chevelure. Le petit être escalada la femme et se percha sur son épaule. Sa peau était teintée de vert et il arborait une touffe de cheveux rouge flamboyants.
-Voilà notre vraie nature. Agnès est une elfe sylvestre et je suis un lutin. Son vrai nom est Aria et le mien Pitchwik. Comme tu le vois vous n'êtes pas de la même race. Aria est un elfe sylvestre, de la forêt et toi... toi tu es un elfe Premier. Ou elfe blanc, plus communément. Ton nom à toi... ton VRAI nom est Cléo...
Le lutin parle comme papa
Elle se mit à rire de plus en plus hystériquement.
-Je suis un elfe, le lutin a la voix de papa et...
C'en était trop. Elle ferma les yeux et s'évannouit.
L'elfe au cheveux bruns, Aria, se remit à pleurer.
-On aurait dû faire tout cela plus tard... c'est trop pour elle...
-Je sais, mais je pense que c'était le meilleur moment..
-Que vas-t-on faire? Ils reviendront...
-Je sais. Je vais aller envoyer un message de détresse. Pendant ce temps là, couche-la dans sa chambre et tu effacera la mémoire des garçons... Tout ira bien... Et puis ne t'inquiète pas, il y a toujours l'école...