Isabelle

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Une semaine plus tard...

L'air était froid et sec et un petit vent glaçait déjà les quelques personnes préssées qui parcouraient les rues. Le soleil venait à peine de se lever et caressait timidement les grandes façades vitrées des grattes-ciel, laissant le fond des rues dans l'ombre. Elle avait caché son visage dans une grosse écharpe de laine pour échapper à la morsure matinale et on ne distinguait plus qu'une paire d'yeux brillants sous un bonnet noir. Elle marchait vite et droit, vers le lycée qu'on apercevait au bout de la rue. 

Comme d'habitude, elle fut rejointe par Zoé, sa meilleure amie, quand elle atteint le kiosque à journaux, et comme d'habitude, elles firent le reste du chemin en silence. Il était tôt, elles venaient de se lever, et aucune des deux n'éprouvait l'envie d'ouvrir la bouche pour sortir quelques niaiseries sans intérêt quand un regard pouvait tout dire. Les  mains enfoncées dans leurs poches, le nez enfouit dans leurs écharpes, elles finirent tranquillement le reste du chemin, échangeant quelques coups d'oeil de temps à autre. Zoé ne posa même pas une seule question quant à sa semaine d'absence, elle savait que si son amie voulait lui en parler, elle le ferait.

Leur lycée était un petit établissement où se regroupaient une centaine d'étudiants tout au plus. Cela conférait à la petite école un air de grande famille, où tout le monde se connaissait, et où les rumeurs  circulaient rapidement. Les deux filles étaient dans la même classe de 1e, une des plus petite de tout le lycée. Les nouveaux étaient donc acclamés comme des sauveurs à leur arrivée mais il n'y en avait pas eu l'année dernière et cette année non plus et leur classe manquait cruellement de sang neuf. Les absences étaient également des événements très remarqués et à peine poussèrent-elles les portes de l'établissement qu'Isabelle fut assaillie par une demi-douzaine d'éleves, qui la pressèrent de questions. Ce fut l'intervention de Zoé qui les dispersa, inqiète du mutisme de son amie qui avait laissé les questions fuser sans répondre à une seule d'entre elles.

-Tu es sûre que ça va ? Tu sais, tu peux m'en parler si tu veux...

-Non, ça ne vous regarde pas. Je n'ai pas envie d'en parler, ni à toi ni aux autres.

Et elle planta là une Zoé bléssée pour se débarrasser de son manteau et remplir son sac des cours de la journée. Elle passa devant le bureau de la CPE, qui étrangement était à l'heure ce matin, puis se rendit compte qu'elle parlait avec quelqu'un. La porte était fermée, elle ne pouvait pas les entendre et la personne assise devant le bureau lui tournait le dos. Tant pis. Elle secoua la tête et se rendit à son casier. Elle ouvrit la porte et regarda son emploi du temps. Deux heures de perm avant le début des cours. Très bien, elle allait pouvoir finir sa nuit sur un des canapés du foyer... Elle vida son sac et se dirigea vers le-dit foyer, une pièce spacieuse et meublée de canapés et de poufs confortables disséminés çà et là, ainsi qu'une longue table et quelques chaises au fond. Elle chercha Zoé du regard et la trouva enfoncée dans un pouf, à demi dissimulée pas un des sofa et isolée des autres élèves.

C'était une grande fille, au corps svelte et aux membres longs. Elle avait des cheveux châtains clairs et des yeux bruns chocolat où brillait un je-ne-sais-quoi surprenant. Elle avait l'air calme et distant. Elle était arrivée l'année dernière, en décembre et personne ne l'avait approchée pendant plusieurs semaine jusqu'à ce qu'Isabelle fasse le grand pas. Elle avait découvert une fille au grand coeur qui riait souvent. Elle ne s'était pourtant pas rapprochée des autres élèves qui l'évitaient, ce qui semblait lui convenir à merveille. Isabelle était tout le contraire de Zoé: elle était plutôt petite, les cheveux bruns tellement foncés qu'ils semblaient noirs et de jolis yeux gris. C'était une fille bavarde, sociable, qui s'entendait avec tout le monde et s'amusait de tout.

Un peu honteuse de son comportement envers son amie, elle alla s'asseoir sur le canapé à côté d'elle et attendit qu'elle dise quelque chose. Zoé ouvrit la bouche mais fut immédiatement coupée par la CPE qui entra brusquement dans la salle. Elle était accompagnée de celui avec lequel elle discutait quelques minutes plus tôt. C'était un grand jeune homme, musclé, aux cheveux bruns très foncés. Il avait un visage volontaire qui inspirait confiance, un nez droit, une mâchoire forte et bien proportionée et des yeux bruns et verts, déclinés sous toutes les teintes possibles et imaginables. Et il était incroyablement beau. 

Entre deuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant