Compressée

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Compressée. Étouffée. 

Voilà comment je me sentais lorsque je me suis réellement rendue de compte à quel point j'étais indigne de confiance. Impossible de me confier quoi que ce soit de grande valeur, je finissais toujours par casser, perdre, abîmer les choses qu'on me donnait ou prêtait. 

Ce défaut avait valu au cours de ces dernières années énormément d'argent, et en plus d'avoir honte et de me sentir stupide, je culpabilisais  énormément. 

Qu'y a-t-il de pire que de réunir ces trois gros défauts? La maladresse, la distraction, l'irresponsabilité m'ont non seulement causé beaucoup d'ennuis (perte d'objets, que ce soit téléphone, argent, carte de crédit, objet de valeur, oublis dans les poches de jeans, les cinémas, les salles de classe, accidents de voiture, amendes) mais ont en plus accrus ces sentiments négatifs que sont l'humiliation, le manque de confiance en soi, la culpabilité, l'échec, l'inutilité et ont offert comme cadeaux la peur irrationnelle qui ne me quitte jamais de perdre, briser quelque chose et cette espèce de désespoir qui me noue les entrailles. J'ai le sentiment que je ne changerai jamais et qu'à l'avenir, je provoquerai des accidents bien plus importants que ceux actuels.

Lorsque je m'en suis rendue compte, pendant que je me douchais, j'ai commencé à pleurer. A première vue, ça peut paraître ridicule, mais ces choses s'accrochent à vous tous les jours et finissent par s'accumuler. Je me suis sentis nulle, très nulle, bonne à rien et j'ai d'un coup perdu toute ma confiance en moi.

Je ne me rappelle pas d'avoir déjà pleuré ainsi avant. J'étais toute crispée, comprimée sur moi même, toute compressée, incapable de bouger tandis que mes larmes coulaient silencieusement jusque dans ma bouche entrouverte. Le dos courbé, la tête baissée, les muscles tendus à l'extrême, ce sentiment d'impuissance qui me paralysait, j'avais l'impression d'être bloquée pour toujours dans la position dans laquelle j'étais. L'ensemble de mes membres tremblaient à l'infini, violemment, tellement qu'ils me faisaient mal. J'avais du mal à respirer, ma gorge était prise dans un étau d'acier qui m'étranglait lentement et des griffes invisibles lacéraient le fond de ma gorge douloureuse.

Puis l'eau chaude a finit par détendre mes muscles. Mes yeux ont fini par s'assécher. Mon corps s'est assoupli. Ma gorge s'est dénouée. Mon esprit s'est nettoyé de toutes ces pensées négatives pour devenir complètement neutre, sourd à quoi que ce soit, comme s'il s'était emmuré dans l'insensibilité, comme s'il se forgeait une carapace pour m'empêcher de ressentir ce qui venait de se passer, comme pour me protéger. Aucune pensée positive, déterminée, ou encore motivée n'a traversé mon esprit, il n'y a eu que le vide. Le vide intense, qui calmait le sang qui battait vigoureusement contre mes tempes, le vide qui me rassurait, qui relativisait.

Merci, inconscient. 

On ne le fait pas assez souvent, remercier son inconscient. C'est pourtant lui qui nous aide la plupart du temps. 

En plus de m'avoir apaisé, il m'a offert la nuit suivante un doux rêve heureux, comme on n'en a que très rarement, qui nous inspire des émotions, de la joie, de l'excitation ou encore le plaisir. Mettez-y une personne qui vous plaît et un dialogue rapproché, et vous voilà aux anges.

Quoi qu'il en soit,  je fais ce qu'il faut faire à présent, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire : je relativise. Quoi que je fasse, que je pleure, que je me lamente, que je prie, personne ne viendra m'aider ou changer ce que je suis. Je dois faire avec, corriger au maximum mes défauts à l'aide d'astuces, de repères ou d'exercice. Le monde ne s'arrêtera pas de tourner si je percute une voiture. La vie continue, il m'arrivera sûrement à l'avenir beaucoup d'autres événements tels que ceux que j'ai évoqué, et il faudra que je fasse face, parce que je n'ai pas d'autre choix.

Acceptez vous. Acceptez vos défauts. Parce que c'est vous, et que vous ne pourrez pas vous changer. Be yourself. 

Vive nous et les défauts qui font de nous des êtres uniques ! 

A plus, les gars invisibles

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