Ndesse

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Mère, on mécrit que tu blanchis comme la brousse à lextrême

hivernage

Et je devrais être ta fête, la fête gymnique des moissons

Ta saison belle avec sept fois neuf années sans nuages et les greniers

pleins à craquer de fin mil

Ton champion, Kor-Sanou ! Tel le palmier de Katamague

Il domine tous ses rivaux de sa tête au mouvant panache dargent

Et les cheveux des femmes sagitent sur leurs épaules, et les curs des

vierges dans le tumulte de leur poitrine.

Voici que je suis devant toi, Mère, soldat aux manches nues

Et je suis vêtu de mots étrangers où tes yeux ne voient quun assemblage

d bâtons et de haillons.

Si je te pouvais parler, Mère ! Mais tu nentendrais quun gazouillis précieux

et tu nentendrais pas,

Comme lorsque, bonnes femmes de sérères, vous déridiez le Dieu-au-

troupeau-de-nuages

Pétaradant des coups de fusil par-dessus le cliquetis des mots paragnessés.

Mère, parle-moi bien que ma langue glisse sur nos verbes sonores et durs.

Tu les sais faire doux et moelleux comme à ton fils chéri autrefois.

Ah ! me pèse le fardeau pieux de mon mensonge,

Je ne suis plus le fonctionnaire qui a autorité, le marabout aux disciples

charmés.

LEurope ma broyé comme le plat guerrier sous les pattes pachydermes

des tanks

Mon cur est plus meurtri que mon corps jadis au retour des lointaines

escapades aux bords enchantés des Esprits.

Je devrais être, Mère, le palmier florissant de ta vieillesse, je te voudrais

rendre livresse de tes jeunes années

Je ne suis plus ton enfant endolori, et il se tourne et retourne sur ses flancs

douloureux

Je ne suis plus quun enfant qui se souvient de ton sein maternel et qui pleure.

Reçois-moi dans la nuit quéclaire lassurance de ton regard

Redis-moi les vieux contes des veillées noires, que je me perde par les routes

sans mémoire.

Mère, je suis un soldat humilié quon nourrit de gros mil.

Dis-moi donc lorgueil de mes pères !

Œuvre PoétiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant