Aux Tirailleurs Sénégalais Morts Pour La France

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Voici le Soleil

Qui fait tendre la poitrine des vierges

Qui fait sourire sur les bancs verts les vieillards

Qui réveillerait les morts sous une terre maternelle.

J'entends le bruit des canons - est-ce d'Irun ?

On fleurit les tombes, on réchauffe le Soldat Inconnu.

Vous, mes frères obscurs, personne ne vous nomme.

On vous promet 500 000 de vos enfants à la gloire des futurs morts, on les remercie d'avance, futurs morts obscurs

Die schwarze Schande !

Ecoutez-moi, Tirailleurs Sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort

Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la Province

Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres du village

Ecoutez-moi, tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de nuit.

Nous n'avons pas loué de pleureuses, pas même les larmes de vos femmes anciennes

Elles ne se rappellent que vos grands coups de colère, préférant l'ardeur des vivants.

Les plaintes des pleureuses trop claires

Trop vite asséchées les joues de vos femmes comme en saison sèche les torrents du Fouta

Les larmes les plus chaudes trop claires et trop vite bues au coin des lèvres oublieuses.

Nous vous apportons, écoutez-nous, nous qui épelions vos noms dans les mois que vous mourriez

Nous, dans ces jours de peur sans mémoire, vous apportons l'amitié de vos camarades d'âge.

Ah ! puissé-je un jour d'une voix couleur de braise, puissé-je chanter

L'amitié des camarades fervente comme des entrailles et délicate, forte comme des tendons.

Ecoutez-nous, morts étendus dans l'eau au profond des plaines du Nord et de l'Est.

Recevez le salut de vos camarades noirs, Tirailleurs Sénégalais

Morts pour la République.

Œuvre PoétiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant