Chapitre V

3.8K 233 16
                                    

Je pensais que je n'arriverais jamais à m'endormir: j'allai rester allongée là à réfléchir à la tournure surnaturelle qu'avait pris ma vie. Pourtant, à ma plus grande surprise, je m'endormis rapidement, recroquevillée sous ma couette. Soudain, le vent se leva. Je regardai en face de moi: je me tenais sur une colline remplie de fleurs violettes, et plus étrange encore, je flottais.

"Ca alors! Je vais au paradis ou quoi?"

Je regardai un peu plus bas et vis...mon corps! J'avais-ou il avait- du mal à respirer. Mes(ses) lèvres étaient bleuies par le froid environnant. Ma(sa) peau était presque translucide et semblait parcourue de milliers de lucioles. Malgré l'étrangeté de la situation, j'éclatai de rire. Mon rire virevolta dans les airs, tels des aigrettes de pissenlit. Qui aurait cru que c'était aussi cool de mourir? Je fis quelques pas avant d'apercevoir une étroite crevasse dans le sol, d'où partait le chant mélodieux d'une source. Sans chercher à savoir pourquoi, je m'engouffrai à l'intérieur, étrangement rassurée. Des mots dorés m'entourèrent. Un rire cristallin s'enroula autour de moi, jusqu'à former une spirale élaborée, teintée de rose. Je levai les yeux, fixant la paroi incrustée d'étoiles qui se tenait devant moi.

Alena Sheldon.....Viens à moi....

Je fis volte face. Une voix mystérieuse venait de retentir, mais il n'y avait personne. La peur commença à me gagner rapidement. Une spirale grecque se dessina lentement sur le sol, se répétant par centaines. Ma vision se brouilla. J'avais du mal à tenir debout, à présent. Soudain, je reçus une décharge électrique. Une femme vêtue d'un simple tissu flottant était assise sur le sol, jouant avec ses cheveux corbeaux. Son corps de marbre était recouvert de croissants de lune saphir, identiques à celui que je portais sur le front. Elle leva majestueusement un bras, me faisant signe de m'approcher. Ses lèvres charnues se relevèrent en un sourire quand elle dit d'une voix magistrale:

-Bienvenue, Alena. Es-tu prête à découvrir ton destin?

-Mon destin? Comment ça? Je suis juste une fille banale, qui cherche à s'intégrer de son mieux ici! protestai-je, éblouie par la lumière qui émanait de la déesse.

-Au contraire! Tous les enfants de Nyx sont uniques, me rassura-t-elle.

Ses mots devinrent argentés au contact de l'air. Puis, Nyx, l'antique personnification de la nuit et ma nouvelle déesse, caressa mon front d'un geste maternel. Un frisson de puissance me parcourut. Tout se brouilla autour de moi, d'abord lentement, ensuite de plus en vite, jusqu'à que je ferme les yeux pour me protéger.

Je rouvris les yeux, haletante, couverte de sueur. Je fixai l'heure sur mon réveil: 8:20. Encore groggy, je m'extirpai de mon lit et m'enfermai dans la salle de bains. Après une douche rapide, j'enfilai un pull en cachemire violet foncé, une jupe plissée noire, des collants parsemés de paillettes et des bottines à talons de la même couleur ornées de fermetures éclair dorées. Quant au maquillage, je gardai la main légère: je ne voulais pas ressembler à ces filles qui se mettent tellement de crayon qu'elles ressemblent à des pandas! J'appliquai seulement un peu de gloss à la cerise, puis passai un rapide coup de brosse dans mes cheveux, qui, par miracle, avaient acceptés de rester disciplinés. Je pris mon emploi du temps, quelques cahiers que je coinçai sous mon bras et sortis dans l'air frais du matin. Je me frayai un chemin parmi les différents groupes d'adolescents. Je levai les yeux sur ma nouvelle école et fis tomber mes affaires de surprise. C'était un grand édifice de pierres noires, composé de trois étages, bordés de graviers. Les lourds rideaux ouverts laissaient apercevoir de grands lustres constellés de bougies ainsi que des pupitres en ébène, très élégants. L'effet de surprise dissipé, je m'empressai de ramasser mes affaires lorsqu'une voix familière m'interpela:

-Alors? Prête pour ton premier jour? Pas trop tendue?

Je replaçai une mèche derrière mon oreille. Ewa me tendit une main aux ongles teints en bordeaux et m'aida à me relever. J'époussetai ma jupe puis répondis:

-On peut dire ça comme ça. C'est étrange, je ne suis pas du tout stressée.

-Il n'y a pas à l'être de toutes manières! s'écria-t-elle.

Nous passâmes une immense porte en bois et j'inspirai profondément. A partir de maintenant, une nouvelle vie commençait définitivement. Je me demandai un instant comment réagiraient Alexia et Sophia en apprenant ce que je suis devenue. Surement très mal. Je chassai ces idées en attrapant mes livres de cours. Ewa referma bruyamment le sien puis dit:

-Il faut juste que tu saches une dernière chose.

-Laquelle? fis-je, surprise par son ton.

-Disons que les tatouages n'évoluent pas de la même façon à chaque fois. Dans la plupart des cas, ils se colorent dès que tu es inscrit dans cette école. Si tu développe un don quelconque, il s'étend immédiatement. Sinon, il s'étend lors du passage à l'âge adulte. Voilà, maintenant, ces jolis tatouages n'ont plus aucuns secrets pour toi, expliqua-t-elle en souriant.

-Et c'est quoi ton don à toi? voulus-je savoir.

-J'ai une forte affinité avec l'air. Mes tatouages sont censés représenter des tornades, m'informa Ewa en se remettant à marcher.

-Ca a l'air d'être un pouvoir assez cool, commentai-je, trottinant à ses cotés.

Elle acquiesça en silence. Nous fîmes quelques pas à travers le couloir bondé. J'indiquai une porte, coincée entre deux fontaines à eau en demandant:

-Ce sont les toilettes?

-Oui; voici ma classe(elle indiqua une porte à l'extrémité du couloir); la tienne est juste à coté! Bonne chance! s'écria-t-elle.

-Merci! A plus tard!

WerewolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant