Chapitre 17

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— Cela te plaît, Camilla ? me demanda-t-il, en faisant descendre Diego de ses bras.

— C'est toujours aussi magnifique, répondis-je, en scrutant tous ses gestes.

    Il plaça Diego à côté de sa jambe et lui prit aussitôt la main afin de le faire avancer petit à petit. La différence de taille était impressionnante et je trouvais cela très mignon qu'il se mette à son rythme. Même si Diego trébuchait quelque fois, Emilio était toujours là pour l'aider. Il le protégeait, c'était indéniable.

    Je me rapprochais d'eux, avant de prendre l'autre main de mon petit bout. Je sentais le regard brûlant d'Emilio parcourir ma peau et c'est pourquoi je n'osais le regarder dans les yeux. Il me déstabilisait trop. Encore une fois.

— Ce soir je veux que nous dînions ensemble, rien que tous les deux, Camilla, déclara soudainement Emilio, en me surprenant.

    Je déglutissais, en tournant mon regard vers le sien.

— Sans Diego ? demandai-je d'une toute petite voix.

— Il sera au lit et surveillé par Gianna. Nous dînerons par la suite. Cela te convient-il, mia peccora, ma brebis ?

— Ai-je vraiment le choix de refuser ?

— Bien-sûr que non, tesoro mio, répliqua-t-il, en me souriant.

    Je levais les yeux au ciel, en continuant encore de marcher.

— Si je viens en pyjama cela ne te gênera pas, j'espère ? questionnai-je plus tard, un sourire en coin.

— J'opte pour la nuisette rouge, en dentelle.

Je me retournais et ce sourire qui était sur ses lèvres ne me présageait rien de bon.

— Penses-tu que je le ferai ? répliquai-je, en laissant Diego vagabonder dans l'herbe.

— J'aimerai beaucoup, le sais-tu ? souffla-t-il, en se penchant d'un mouvement vers mon visage.

— Je préfère les pyjamas polaires qui ne laissent pas entrevoir les parcelles de mon corps. C'est mieux.

    Il se rapprocha encore de moi, puis déposa ses lèvres sur ma joue dans un long et doux baiser.

— Ne veux-tu pas me faire ce privilège ? ricana-t-il contre mon cou, en longeant ma peau de ses lèvres.

— Pour que cela débouche à quoi ? Nous ne sommes pas en couple. Je ne vais donc pas me ramener en petite nuisette... repris-je.

    Emilio posa deux doigts sur mon menton, me faisant donc relever la tête. Ses bleus me fixaient intensément ; il n'était prêt de lâcher sa proie, comme toujours.

— Si c'est cela qui te dérange, alors mettons nous en couple, lâcha-t-il soudainement.

    J'aurais pu penser et croire que cela n'était que mensonge, mais ses sourcils froncés me montraient très bien qu'il était sérieux.

— Tu le sais autant que moi Emilio. Au début tu auras du temps à me consacrer, puis après cela se fera de moins en moins, jusqu'à disparaître. Je le sais que tu as des devoirs mais tout change, désormais. Il y a Diego et je ne veux pas qu'il souffre dans cette histoire...

— J'ai engagé un conseiller il y a plus d'un an. J'ai beaucoup plus de temps libre qu'avant. La preuve, je suis en ce moment même avec toi. J'ai comprit mes erreurs du passé et jamais je ne recommencera. Je sais que je t'avais délaissé pendant un mois et j'en suis terriblement désolé. Mais cette histoire de guerre m'avait complètement envahi...

— Tu aurai dû me parler de tout cela. À la place tu t'es renfermé sur toi-même et tu ne m'adressais plus la parole. J'en avais tellement besoin, surtout à ce mome...

    Tous mes mouvements furent arrêtés, la parole aussi, en me rendant compte de ce que j'allais dire. Mon cœur se mit à accélérer de plus en plus vite dans ma cage thoracique. Malheureusement pour moi, Emilio se pencha une nouvelle fois près de mon corps. Il posa ses mains sur mes joues, toujours les sourcils froncés. Ses yeux bleus étaient marqués par une étrange lueur que je n'essayais pas de deviner. Je détournais la tête, mon regard se posant désormais sur mon petit blondinet.

— Quel moment ? Que s'est-il passé, pendant ce mois ? me demanda-t-il, en resserrant sa prise sur mes joues.

    Mon cœur ne suivait plus les rythmes habituels ; il ne suivait plus rien. Tout était désordonné, comme mes pensées qui ne cessaient de s'emmêler dans ma tête.

— Rien... dis-je, en reculant.

    Emilio laissa échapper un grognement, en serrant les poings. Voyant bien qu'il commençait à s'énerver, je me rapprochais de Diego et le pris en vitesse dans mes bras. Je me suis ensuite mise à marcher de plus en plus vite. J'ai pu, cela tenant du miracle, regagner ma chambre sans qu'Emilio ne me suive. Je fermais la porte et déposais immédiatement Diego sur le lit, en me joignant à lui. Je peinais à reprendre une respiration régulière, en fermant les yeux.

— Maman...

    Diego se tenait maladroitement debout, devant moi, une main posait sur ma joue. Je ne compris qu'après que mes larmes avaient dévalées ma peau et que Diego essayait de les effacer avec sa petite main.

— Mon ange... chuchotais-je, avant de le serrer contre mon corps.

    Le moment de la vérité approche, je le sais. C'est inévitable.

**

Prince Emilio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant