Le Maître se tut, jugeant cette révélation suffisante. Il n'ajouta pas la moindre explication, ni la moindre justification à son propos, rien qui ne me donne la chance de le comprendre. Son regard avait dévié dans le vide, tandis que ses ongles pointus tapotaient lentement le matelas.
— Co... Comment ça ? dis-je, le souffle coupé.
— Comment ça, quoi ? rétorqua-t-il avec froideur, comme si son aveux précédent n'avait rien de questionable.
La gorge nouée, je répétai le plus calmement possible :
— Comment ça, de manière pas très élégante ?
Il leva les yeux au ciel.
— Que veux-tu que je te dise de plus ? C'était la guerre !
Je me sentis stupide.
— Mais Charles a dit...
— Charles raconte bien ce qui l'arrange ! Il ne faut pas croire tout ce qu'il dit !
Meiré rendait la conversation difficile. Son attitude défensive et sa manière d'éluder mes questions me faisait perdre le fil de mes pensées. Le stress me gagnait à nouveau.
— Mais... dis-je tout de même, avez-vous égorgé des gens comme il l'a dit ?
Un court silence suivit ma question. Il quitta le mur pour se pencher vers moi, l'œil sombre.
— Il fallait bien tuer d'une façon ou d'une autre, grogna-t-il en serrant les dents. C'était la guerre, je te le répète !
Je reculai de terreur. Ce n'était pas ce que je voulais entendre !
— La guerre n'excuse pas tout ! criai-je. Pourquoi fallait-il que vous soyez aussi cruel ? Ce n'était pas nécessaire !
Les pupilles de Meiré se dilatèrent de colère.
— Tu n'étais pas là, Camille ! Tu n'en sais rien ! hurla-t-il aussitôt en plantant ses ongles dans la couverture au niveau de mes épaules.
Il me tira d'un coup sec vers lui et plongea ses yeux déments dans les miens.
— Arrête de me poser des questions ! Rien de tout cela ne te regarde ! Je n'ai pas à me justifier auprès d'un chien !
Effrayée, je m'enfonçai dans la couverture pour fuir son regard. Il y a peu, j'aurais pris sa colère pour un simple avertissement, mais depuis le rêve, elle me faisait véritablement peur.
Meiré lâcha un râle d'exaspération. Il regarda en direction du couloir et s'apprêtait à quitter le lit.
— Je vous ai vu faire ! criai-je en dernier recours, dans l'espoir de faire perdurer la discussion.
Par chance, mes mots captèrent son attention.
— Tu m'as vu faire quoi ?
— Cette nuit, je vous ai vu tuer un enfant, dis-je en essayant de contenir les tremblements de ma voix. Fred et Charles essayaient de vous retenir. Ils disaient que vous dépassiez les quotas !
Meiré me fixait d'un air troublé, tandis que je terminais mon récit dans l'émotion :
— Vous lui aviez même arraché la tête !
Il semblait que mes craintes avait maintenant gagné le vampire en face de moi. Les traits de son visage s'étaient raidis et il me dévisageait dans un silence pesant.
— Où est-ce que tu as vu ça ?
— Cette nuit, dans mon rêve. C'était beaucoup trop réel !
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Les chiens des vampires
VampireLes vampires contrôlent le monde. Camille est ce qu'on appelle "un chien", une esclave adoptée par son Maître, Meiré. L'espoir de retrouver un jour sa liberté est maigre, mais elle est tout de même soulagée de ne pas être devenue une "vache", ces hu...