LOUNA
Les arbres défilent sous mes yeux. Le train va assez vite donc je n'aperçois pas les détails du paysage, mais je le connais par coeur. Ce trajet je l'effectue tous les jours, je sais que dans quelques minutes je vais passer devant une maisonnette, ensuite un entrepôt abandonné. Je crois qu'il y a eu un accident là bas. Il est sept heure du matin et je suis en route pour aller en cours. Ma tête posée contre la vitre je pense à tout et surtout à mes douleurs aux bras. Mes griffures me font extrêmement mal, ça m'apprendra. En regardant autour de moi je remarque qu'il y a toujours les mêmes personnes dans mon wagon. Des femmes d'une quarantaine ou cinquantaine d'années, elles vont toutes travailler à Paris. Elle racontent leurs soirées avec leurs familles. Il y a aussi des hommes en costard cravate, bien habillés, regarde les autres d'un air hautain. Ils se croient importants et tapotent leur ordinateur portable comme des machines. Et pour finir il y a quelques jeunes. Certains vont dans des lycées voisins et d'autres font comme moi. Aller à Paris pour des études supérieures. A vrai dire j'aime prendre le train. J'ai une heure pour moi toute seule où personne ne m'embête et où j'écoute de la musique les yeux perdus dans le paysage qui défile.
"Notre train arrive à quai de Paris Nord, faite attention aux marches en descendant du train" affirme le contrôleur au micro.
Je soupire. J'angoisse rien qu'à l'idée d'aller en cours. Même si les études d'arts me plaisent énormément, je déteste la plupart des personnes dans ma classe. De plus je ne vois absolument pas de progrès dans ce que je fais et que ça n'a pas de sens.
Je descends du train, du haut de mes un mètre cinquante je me faufile dans la foule sans problème. La routine me désespère déjà. Je m'assieds dans le métro et sors un carnet de poche. Je dessine tout ce que je vois, c'est les profs qui nous conseillent ça. Même si pour ma part je le faisais déjà avant. Travailler son sens de l'observation est très important. Je dessine au stylo, c'est compliqué mais ça m'oblige a plus faire attention aux détails.
J'étais d'ailleurs tellement concentrée sur ce que je faisais que je n'avais pas vu qu'une personne s'est assise à côté de moi. Une main passe devant mes yeux et je sursaute. Une amie à moi me sourit.
"Oh, Nana tu m'as fait peur." Dis-je en soupirant
"Haha, tu es facilement surprise ma petite Lou"Juste après cette phrase Nana me saute dessus et me fait un gros câlin.
"Tu m'as manqué, ça fait longtemps que tu n'es pas venue."
"Oui pardon, je ne me sentais pas capable de venir."Elle hoche la tête en souriant. Cette fille c'est l'une des seules personnes qui me reste comme amie. Nana est une personne expressive et joyeuse, elle respire la joie de vire et c'est une crème. Je l'admire énormément, et je suis un peu jalouse aussi. Elle a un corps magnifique, de belles formes et une chevelure rousse éclatante et de beaux yeux verts. Nana m'enlève encore de mes pensées avec un claquement de doigt.
"On descend!"
Elle attrape mon bras et m'entraîne hors du métro. Une fois dehors, le soleil ne s'est pas encore levé. Nana tient mon bras, elle sait que le fait d'approcher l'école m'angoisse de plus en plus. C'est sa manière a elle de m'aider et de me montrer qu'elle est là pour moi. Je respire doucement, profondément, ça va aller Lou'.
Arrivées devant l'école je me contiens pour ne pas craquer. Quelques personnes me dévisagent, d'autres me sourit. On rentre et nous allons dans notre salle et on s'assoit à notre place habituelle. J'enlève mon manteau quand tout à coup Nana m'attrape mon bras gauche. Elle me regarde tristement, puis le caresse doucement. Sur le moment je n'ai pas trop compris puis c'est quelques minutes après que j'ai réalisé. Elle a vu mes griffures.
Le cours se déroule tranquillement, c'est un exploit, je ne suis pas partie aux toilettes pleurer. Je prépare le projet que le professeur nous a demandé de commencer: créer trois dessins qui représentent trois émotions différentes. À vrai dire ça ne m'inspire pas mal, la solitude, l'angoisse et la tristesse. C'est assez triste mais c'est ce qui m'est de plus familier. Lancée dans mes projets je me plonge dans mes dessins pendant quatre heures, avec Nana on écoute de la musique. Parfois elle fait des petits mouvements de danse, elle est adorable.
La journée passe doucement mais sûrement. Le midi on est parti au restaurant chinois ensemble, j'ai mangé des nouilles et nems aux crevettes. En effet, j'ai craqué j'ai pris du poisson, mais j'avais énormément faim. D'ailleurs je me considère plus comme pesco-végétarienne que végétarienne tout court. Je fais étape par étape, et quand j'aurai les moyens nécessaires je deviendrais vegan. Ayant bien mangé Nana et moi nous avions un énorme coup de barre pendant le cours d'après. Mon amie était à la limite de dormir tandis que moi j'avais le regard dans le vide. Je ne pensais qu'à une chose: retrouver mon amoureux. Il me manque terriblement et le voir me ferait le plus grand bien.
Il est quinze heure trente, je sors de l'école avec Nana.
"Ce cours me saoule haaaaa" dit-elle en soufflant
"Moi je le trouve intéressant." Dis-jeJe suis passionnée par l'art, et le cours d'histoire des arts est pour moi un moment de détente. J'apprend tous les jours des artistes différents et c'est super intéressant. Leur façon différente de penser, de percevoir les choses. C'est fascinant. On se dirige vers le métro, elle me raconte un peu comment ça se passe avec son ex. C'est une histoire assez compliqué d'ailleurs. Elle me dit que j'ai énormément de chance d'avoir un copain comme ça, je le sais et je me demande même pourquoi il reste avec moi. Quelques minutes plus tard on va chacune de notre côté, je rejoins ma gare pour prendre mon train. J'attend Noah dans notre coin de d'habitude avec mon téléphone à la main. Je me balade sur mon compte Twitter, c'est le seul endroit où je m'exprime pleinement. C'est bête mais c'est plus facile pour moi. En soi personne ne fait attention.
Soudain je sens deux bras entourer ma taille et me soulever. Surprise, je pousse un cri aigu, Noah éclate de rire.
"J'ai réussi à te faire peur" dit-il en rigolant.
Je tire la gueule en guise de réponse. Il prend mes bras et pose un doux baiser sur mes lèvres. Assis dans notre coin on discute de tout et de rien. Sa présence me rassure tellement, je ferme les yeux en écoutant sa douce voix. Il me raconte sa journée de travail, un peu énervé.
"Puis l'autre con la qui fout rien, je te jure un jour il va s'en ramasser une." Dit-il en soufflant puis il ajoute "mais maintenant je suis moins énervé, puisque je suis avec mon amoureuse."
Il me fait fondre, je lui sourit, un peu timidement et rougissante. Oui ça fait un petit moment qu'on est ensemble mais ça me fait toujours autant d'effet ce genre de phrase. Je reste souriante en regardant autour de moi, Noah est habitué à que je ne dise pas vraiment ce que je ressens, et il sait que je l'aime plus que tout.
Mon train arrive à quai, on reste à la porte ensemble. Quelques minutes plus tard mon train sonne pour la fermeture des portes, je pars m'assoir et prends mon carnet et un stylo pour dessiner. Mon téléphone vibre dans ma poche, je regarde le destinataire, ma mère.
"T'es ou ?"
"Je viens de monter dans le train, un problème ?"
"Ton père"Ça recommence.

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Mes démons
Teen FictionNous avons tous des démons qui nous hantent constamment. Chaque personne les contrôlent différemment. Chaque protagoniste de cette histoire à son démon à lui et tente de le combattre. Comment contrôler ses démons ? Est-ce que les gens qui nous entou...