Chapitre 3

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NANA

Je rentre chez moi tranquillement après une journée horrible. Car dès que j'ai des cours qui ne m'intéressent pas, je trouve ça extrêmement ennuyant. Je descends de mon métro et je parcours la rue dans le noir. Il fait déjà nuit quand je rentre, je déteste ça. Quelques minutes plus tard j'arrive dans mon appartement, monte les trois étages pour enfin arriver à ma petite chambre étudiante. Environ un dix mètres carrés, en soi c'est pas grand chose mais pour une personne c'est suffisant. Et n'oublions pas que les prix pour les logements dans Paris sont exorbitants. À peine avoir posé mon sac je vais sur mon ordinateur portable. Je check un peu tous les réseaux sociaux et me détends. Mon téléphone sonne, en regardant le nom je soupire.

"Quoi ?"
"Nana, je suis devant chez toi."
"Mais quand est ce que tu vas comprendre qu'il faudra me lâcher ? J'ai plus envie de..-"
"Nana. Oublie pas le contrat"

Je raccroche instinctivement. Gabriel continue son chantage avec moi et ça devient invivable. J'appuie sur l'interphone pour lui ouvrir et retourne à mes occupations. Quand la porte de ma chambre s'ouvre, elle me regarde d'un air froid.

"J'ai plus de nouvelle de toi."
"Tu veux que je te dise quoi ?"

Elle m'attrape par le bras brusquement et avec une certaine force, en étant assise sur ma chaise de bureau, j'ai été emportée. Elle me regarde avec ses yeux d'une noirceur effrayante mais absolument divine. Quelques mèches de ses cheveux noirs tombent sur son visage. Elle s'est coupée les cheveux entre temps, ça lui va plutôt bien.

"Tu me manques, nana."
"Tu oses me dire ça ?"

La jeune brune s'approche de moi et m'embrasse fougueusement, surprise, d'un premier temps je n'ai pas réagi. Le baiser est violent, mais passionné. Ses bras m'entourent la taille et me rapprochent encore un peu plus d'elle. D'un premier temps j'ai essayé de la rejeter, mais par la suite je me suis emportée. Nous sommes toutes les deux tombées sur mon canapé, et cette chaleur que dégagent nos deux corps est presque étouffante, mais aussi tellement agréable.

Une demie heure passe, nous restons allongées sur le canapé. Gabriel me caresse les cheveux, et s'amuse à me faire une petite natte. Elle a réussi à avoir ce qu'elle voulait, ça m'énerve. Cette fille me fait tourner la tête, elle m'attire tellement.

"T'as aimé ?"

Elle affiche un sourire que je connais plus que bien.

"Casse toi"
"Je sais qu'au fond de toi tu ne le penses pas, je sais que je te fais craquer à chaque fois. Et n'oublie pas ce que je sais sur toi."

Je soupire, je pose mon bras sur ses yeux et les ferme. Elle profite pour m'embrasser, je dois avouer que ses baisers sont plus qu'excitants. Elle se rhabille et part en fermant la porte. Je reste pendant un bon moment sur le canapé à réfléchir à tout ce qu'il s'est passé. Je me mords la lèvre, je m'en veux pourquoi j'ai fais ça. Pourquoi j'ai été aussi débile par le passé. Je suis partie de ma campagne pour tout oublier, j'ai travaillé d'arrache pied pour avoir une vie plutôt confortable et faire des études. Pourquoi elle est revenue ? Pourquoi elle me tombe dessus maintenant ?

Je souffle un bon coup, je me lève difficilement du canapé, j'ai un peu mal partout. En ramassant par terre mes sous vêtements j'ai remarqué un sachet, je grimace. Elle a fait exprès de le laisser là j'en suis sûre. Je suis tellement tentée, ça fait plus d'un an que j'en ai pas fumé. Non et non! Je repose le sachet dans un coin où je n'irai jamais le chercher comme ça je suis sûre que je ne serai pas tentée.

Il est déjà plus de dix-neuf heures. Je me prépare une omelette avec du bacon, ça sent hyper bon. C'est à ce moment là que je me demande comment elle fait Louna pour être végétarienne, elle rate quelque chose. Je m'assoie sur le canapé et je regarde la télé en mangeant. Mes yeux se dirigent tout seuls vers la cachette et la tentation devient trop forte. Je me frappe la joue doucement comme pour me réveiller.

"Nana, tu avais promis d'arrêter tes conneries."

Voila que je me mets à parler toute seule maintenant. Après avoir fini de manger je fais la vaisselle, la seule chose où je peux être fière de moi c'est que je suis quelqu'un de hyper organisé. Je fais tout au moment venu comme ça je n'ai pas de problème.

Je me réveille d'un coup essoufflée et en sueur. Je viens de refaire ce cauchemar horrible. J'essaye de reprendre mes esprits doucement quand soudain me vient à l'esprit de m'allumer une cigarette, juste une. Ça fait un petit moment que je n'avais pas fumé, je voulais arrêter mais j'avoue que j'en fume encore quelques unes quand vraiment ça va pas du tout. Je prends mon tabac et tout ce qu'il faut. En allumant je sens déjà le stress quitter mon corps. Il est plus de minuit, j'ai cours à huit heures et je suis là à fumer une clope seule dans mon appart. Soudainement je repense au sachet "oublié" par Gabriel. La tentation devient plus forte, j'en ai vraiment envie. Si elle l'a laissé là c'est pour une raison non ? Et puis une de temps en temps ça ne fait pas de mal.

Il est deux heures du matin, je regarde la lune de mon canapé tout en fumant  encore et encore. La lumière de dehors frappe légèrement mon visage. Je repense à avant, à ma vie d'avant, comment j'étais et avec qui j'étais. Je me souviens de mes parents qui me crient dessus. De mon petit frère en train de pleurer. Je pars de ma maison, loin de tout ça, je suis partie rejoindre Gabriel. J'ai vécu pendant 3 ans avec elle. On a vécu une belle vie de bohème, toutes les deux. Mais nos démons nous ont bouffées petit à petit, nous ont possédées durant tant d'années. Je croyais avoir vaincu les miens et voilà que je retombe en pleins dedans. Merci mes démons. Merci d'être là pour moi.

Mes démonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant