Jean-Jacques Leroy

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À mes côtés, Isabella était toujours debout. Nous étions tout deux en pleine forme. Dommage. J'aurais perdu moins de temps à chercher mon âme sœur si elle avait été ma moitié. Or, ma fatigue, compréhensible, vu l'heure, me rattrapa. Je pris tout de même la peine de demander à Isa si elle m'en voulait de ne pas être lié à elle. L'ancienne petite amie de mon père, si je me basais sur ce que ce dernier m'avait raconté, en avait fait tout un cas. Elle gloussa:

-Bien sûr que non, JJ! Mais rassure-moi, nous sommes toujours amis, n'est-ce pas?

Son enthousiasme me calma, me permettant d'hocher la tête pour confirmer ce qui était une affirmation plus qu'une question. Je posai ma tête sur la table et mon regard se voila d'un masque noir alors que je sombrais dans les ténèbres du sommeil.

Dans mon rêve, des yeux de glace d'un gris métallique me fixaient. Ceux de mon âme sœur, supposais-je une fois réveillé de nouveau.

Jettant un coup d'oeil à l'horloge dans le coin de la salle, je réussi presque à m'étouffer avec de l'air; j'avais passé près de seize heures assoupis. Je me relevai d'un bond et attrapai mon sac rouge et blanc en me précipitant vers la sortie de l'hôtel.

Chez les Leroy, le téléphone n'eut même pas le temps de sonner. Ma famille avait toujours été très soudée et, si je me basais sur la voix de mes parents, ils étaient morts d'inquiétude. La voix étouffée de mon père me donnait tant bien que mal des instructions:

-Jean, écoute moi bien. Assieds-toi et ferme les yeux.

J'obéis, mais jugeai inutile cet exercice de méditation.

-C'est fait.

-Concentre-toi et vide ton esprit. Sens-tu quelque chose?

Sachant qu'il ne pouvait pas me voire, j'hochai la tête. Puis, papa reprit:

-Écoute, il n'y a pas grand chose à dire de plus, chéri. Il faut que tu suive ton instinct.Tu devrais te dépêcher, tu ne sais pas où ton âme sœur peut se trouver.

Après l'avoir salué, je raccrochai et me dirigeai à ma gauche à la course. Ma crainte de me perdre dans une ville italienne hantait une partie de moi, l'autre moitié semblant être attirée vers quelque part tel un aimant. À ma droite, une jeune fille tenait la main d'un certain Minami, si on en croyait les cris poussés par cette dernière. J'aurais donné douze ans à l'adolescent, qui pourtant devait en avoir plus d'une quinzaine.

Près de d'une heure plus tard, ce que je reconnus comme étant ma voiture s'arrêta devant moi. À son volant, une Isabella rayonnante me faisait signe d'entrer.

-JJ! Anya et moi, on était mortes d'inquiétude à ton sujet! J'ai localisé ton téléphone pour te retrouver.

-Merci beaucoup. Je commence à croire que mon âme sœur est Australienne; je cours depuis tantôt sans arrêt.

- Veux-tu conduire? Ça serait plus facile pour toi de la retrouver.

Un sourire en coin lui donna sa réponse. Elle s'asseyait à l'arrière du véhicule, à côté de celle qui semblait être sa moitié, lorsque je faillit m'assommer sur le volant.

-Jean? Vas-tu bien? Es-tu sûr de pouvoir conduire?

-Non, ça vas passer. Ce n'était qu'une bouffée de fatigue.

-Selon un livre sur les âmes sœurs que j'ai lu récemment, la faiblesse et la fatigue sont des symptômes courant lorsqu'on se rapproche de sa moitié.

-Il y a des livres sur les âmes sœurs?

-Ne lis-tu donc jamais? Il en existe des centaines. Je croyais t'en avoir conseillé un la semaine dernière.

-Désolé. Je me pratiquais pour cette compétition de façon intensive. Je n'ai pas vraiment regardé le livre dont tu me parles.

Une vingtaine de minutes plus tard, lorsque je m'endormis pour la cinquième fois consécutive, Anya pris ma place. Je la guidai tant bien que mal vers un hôtel luxueux.

En entrant, je du m'appuyer sur l'épaule de mon ancienne petite amie. Cette dernière demanda à la réceptionniste de nous permettre d'accéder aux chambres.

-Écoutez, madame. Le règlement de l'hôtel stipule que vous n'êtes pas autorisée à entrer dans une chambre.

Isabella, qui avait jusque là gardé son calme, hurla alors.

-Je ne me répèterai pas. La loi sur les âmes sœurs vous oblige à m'ouvrir cette porte. Alors ouvrez-la.

La femme soupira d'une manière dramatique et s'empara d'un passe-partout. Je les guidai, d'une façon ou d'une autre vers la chambre 328.  J'arrivai à me rendre, une goutte de sueur perlant sur mon front, près du lit.

-Ah ça non!

Ces propos étaient sortis tout seuls. Les cheveux noirs contrastant avec la peau pâle de l'endormi ne m'étaient que trop familiers. Un mouvement de recul me fit heurter Isabella, qui ne put retenir son rire.

-C'est trop chou! Toi et Seung-Gil allez former un couple merveilleux!

Mon rival était allongé devant moi, mais n'avait pas l'intention de lui tenir la main, ni d'être son âme sœur. Bien sûr, j'avais remarqué à maintes reprises le coréen, son attitude fermée et ses yeux qui lançaient des éclaires lorsque nous étions dans les divisions juniors. Toutefois, d'une manière ou d'une autre, l'angoisse m'empêchait de saisir sa main.

-Allez, JJ. Fais un homme de toi et prends lui la main. Tu ne vas tout de même pas mourir bêtement et dans le déni car tu n'auras pas voulu de ton âme sœur.

Je pris la peine de lui jette un regard noir en glissant mes doigts entre ceux du plus vieux pour ensuite admirer les lignes qui se dessinaient sur ma peau. Des teintes de bleu, de rouge et de noir traçaient une étoile abstraite.

Un regard argenté cherchai le mien. Seung-Gil, qui avait la tête posée sur mes genoux, mit quelques secondes à me reconnaître. Un éclair de lucidité éclaira ses iris. Je l'observai sans bouger alors qu'il se relevait précipitamment afin de s'éloigner. Un sourire en coin s'afficha sur mon visage. Le jeune homme, rouge tomate, marmonnait un mélange d'anglais et d'une langue que je devinai être du coréen. Je distinguai des propos comme "c'est impossible" ou encore "pas question". Il faisait presque pitié. Je m'écriai:

-Je m'excuse, Seung-Gil. Je n'avait pas particulièrement envie de mourir donc j'ai fait ce que j'avais à faire. De toute façon, ce n'est pas comme si on choisissait son âme sœur.

Son expression maintenant choquée me rappela qu'il n'avait aucun sens de l'humour et qu'il ne connaissait pas l'ironie, ma langue maternelle. Je m'en voulu soudainement d'avoir en quelque sorte gâché ce moment sensible, donc je répliquai:

-Désolé! Je ne faisait que plaisanter.

J'hésitai à m'approcher. J'aurais dû me taire, comme je le devrais toujours. Me maudissant intérieurement, je l'entendit à peine répliquer:

-J'aurais pu deviner.

Je commençais à me dire qu'il aurait peut-être préféré mourir lorsqu'un minuscule sourire illumina son visage. Si j'avais encore une chance avec ce garçon, je m'en servirait.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 06, 2017 ⏰

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