Vanessa, rivée sur son téléphone et adossée au mur, leva les yeux vers moi. Ses cheveux blonds étaient parfaitement coiffés. Elle portait des boucles d'oreille en argent, un haut découvrant ses épaules, un jean troué et des chaussures compensées. Ses yeux étaient légèrement rouges, mais entièrement remplis de culpabilité.
Elle glissa son téléphone dans sa poche et rangea une mèche derrière son oreille.
- Alice, dit-elle d'une voix tremblante.
J'étais bouche bée. Je n'avais jamais vu Vanessa dans cet état.
- Je suis venue te dire que je t'excusais, répondis-je. Je te comprends. Et tu as fais preuve d'honnêteté. Tu ne mérites pas que je te fasses souffrir.
Elle me regardait intensément.
Puis son visage s'éclaircit, comme si j'avais dégagé son ciel gris.
- Merci, dit-elle, un peu gênée.
Un petit silence s'en suit.
Puis la cloche sonna.
- Allez les filles, dit la surveillante. Faut aller en cours !
Je lance un dernier regard à Vanessa et rejoins Jenny dans le couloir.
- Alors ? lance-t-elle, curieuse.
- Elle avait l'air d'avoir pleuré toute la nuit, répondis-je. Je lui ai dit que je l'excusais, et sa mine s'est égayée.
- Bon, ben c'est super, tout ça, mais il faut aller en cours, là, dit-elle à contre-coeur.
Je n'avais pas envie d'y aller non plus. Il s'était passé beaucoup de choses et un cours de maths était la dernière chose dont j'avais besoin.
A la fin des cours, je rejoins Jenny devant le collège. Je la trouve en train de discuter avec Tamara. La pauvre... Il faut que je lui vienne en aide.
- Salut Tamara, dis-je en serrant les dents. Tu peux nous laisser une minute ?
Elle me lança un regard interrogateur et qui se voulait innocent puis s'éloigna lentement.
J'approche ma bouche de l'oreille de Jenny et chuchote:
- Cours, vite !
Puis on s'élance vers les bus à toute allure. A la fin de notre course, essoufflées, nous nous effondrons dans les sièges.
Après avoir repris notre souffle, nous nous regardâmes.
Et on éclate de rire.
- Tu as vu sa tête ?? fait-elle l'effort d'articuler dans son fou rire. On aurait dit qu'elle avait vu son chat se faire écraser !
Et je ris de plus belle.
Une femme un peu plus âgée que nous entra dans le bus et salua le conducteur. Quand elle nous vit nous esclaffer, elle ricana doucement.
- Arrête de me faire rire ! je hurle, au bord de la mort.
Jenny sourit puis nous nous calmâmes. Elle me regarda comme si j'étais une pierre précieuse.
- J'ai de la chance de t'avoir, dit-elle.
- J'en ai encore plus de t'avoir toi, répondis-je, touchée par son compliment.
- Oh... dit-elle avant de me prendre dans ses bras.
La femme de tout à l'heure nous sourit. On aurait dit que tout ça lui rappelait de beaux souvenirs.
Le bus démarra et Jenny me relâcha, me laissant respirer un bon coup.
- Tu m'étouffais ! je m'égosille.
- Oh, pardon ! dit-elle en posant sa main sur sa bouche.
Puis on ricane ensemble.
Une fois arrivée à la maison, je trouve mon père dans la cuisine. Il travaille. Mon père est paléontologue. Mais il y a plusieurs sortes de paléontologues. Son job, à lui, c'est de nettoyer, préparer, recoller et conditioner les os.
Il se retourne et me lance:
- Bonjour mademoiselle !
- Bonjour monsieur ! lui répondis-je.
- Comment s'est passée ta journée ?
Je n'avais pas tellement envie de lui dire la vérité.
- Bah, une journée banale. Et toi ?
- Ah, j'ai beaucoup travaillé aujourd'hui.
Et il me sort son charabia paléontologique que je ne comprends jamais mais je ne lui demande pas de m'expliquer. Pourquoi ? Parce que ça pourrait durer des heures !
J'enlève mes chaussures tout en l'écoutant et pose mon blouson sur la rampe de l'escalier.
- Voilà, termine-t-il.
- Ben c'est cool, ça !
Je monte les escaliers et me dirige vers ma chambre.
- Ah, Alice ! Ta copine a appelé. Elle voulait savoir ce que tu comptais faire du week-end.
Ah oui, on était déjà Vendredi ! La semaine est passée si vite.
- Ah ? D'accord, merci de m'avoir prévenue, je vais la rappeler sur Messenger.
J'allume mon ordinateur, rentre mon mot de passe, me connecte à Messenger et appelle Jenny.
- Allô ?
- Oui, mon père m'a dit que tu avais appelé.
- Ah oui, je me demandais ce que tu ferais ce week-end. Je me suis dit qu'on pourrait peut-être faire quelque chose ensemble ?
- Rien de prévu pour l'instant, mais on peut arranger ça. Tu veux faire quoi ?
- Comme c'est le printemps, je me suis dit qu'on pourrait aller se baigner dans la Charente !
- Dans la Charente ??!! Tu es folle ! Elle est gelée !
- Oooooh, allez, fais pas ta mauviette ! On va bien s'amuser !
Jenny était une fille qui adorait s'amuser et détestait réfléchir aux conséquences de ses actes. Parfois, je me dis que j'aimerais être aussi insouciante.
- Bon, d'accord...
- Ouiiiiiiiii ! Super, on va s'é-cla-ter, dit-elle en décortiquant bien le mot. N'oublie pas ton maillot !
Et elle raccrocha.
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Les pouvoirs d'Alice, tome 1. - Souvenirs
AbenteuerAlice, jeune fille de 15 ans, a perdu son frère lors d'un accident de voiture. Chaque soir, elle pleure son départ sur une balançoire en bois. Celle à laquelle ils jouaient, tous deux, autrefois. Mais ce jour-là, un phénomène inexplicable se produis...