Chapitre 7: Petit poucet

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   Étonnamment il ne faisait pas si sombre que ça, une fois nos yeux bien adaptés à la pénombre.

Le lichen nous offrait une obscure clarté,à la manière d'une veilleuse.
Et les lampes de nos sacs étaient suffisamment puissante pour éclairer loin devant.
Ça peut paraître stupide, mais même à plus de deux kilomètres sous terre, voir où l'on met les pieds nous rassure et nous fais relativiser. 

Une fois remis de ses émotions, le groupe se reforma rapidement, sous les conseils de Kristophe, qui ne "faisait que suivre le protocole", selon ses dires.
Sacré protocole...
Mais avoir un leader qui garde la tête froide, ça fait un poids en moins sur nos épaules.

Ses instructions commencèrent fort.
Ils fallait dépouiller les trois cadavres, pour récolter un maximum de vivre et de charge utile.

Alors oui, dans cette situation, ça semble horrible, mais c'est un besoin vital.
Surtout quand votre coeur battait à rompre et que vous sentiez votre cerveau bouillir il y a un quart d'heure.

Les pauvres hommes n'étaient pas aussi bien pourvu que nous.
Sans doute avaient - ils grignoter un morceau en chemin.
Seul deux d'entre eux avaient un sac, et ces derniers contenait bien peu de chose.
Quatre bouteilles d'eau, dont une percée.
Deux ration de survie.
Un briquet gravé. Objet personnel.
Une barre chocolaté.
Une toile de tente.
Une corde de trente mètres environ.
Une lampe torche avec l'ampoule brisée, mais bon, la batterie est bonne.
Et une photo de famille...combustible ou pas, je préfère la laisser avec le corps.

On se croirait dans un inventaire de RPG. Si seulement.
Je voudrais bien faire un reset de ma partie.

Je mis tout ce barda dans le sac en meilleurs état, plus le bonnet et les écharpes encore ensanglantés.
Je refuse de crever de froid.
Pas après ça.

Selon Sam, j'ai déjà l'esprit de survie.
Ce qu'ils nous faut, c'est sourire aussi...même un sourire faux.
Ce cauchemar va se finir.
On va s'en sortir.

D'après les estimations de Kristophe, on a assez de nourriture pour sept ,pour cinq jours.
Et si on réussit à atteindre la poche qui se trouve au dessus, en direction du  campement, et que l'on redescend, ça ne nous prendra que trois jours.
Parfait. Tout simplement parfait.
Kristophe balanca le sac supplémentaires dans les bras de Pavel, à charge de revanche.

On regarde une dernière fois la salle au sol jonché de cadavres aux rictus ignobles, avant de nous mettre en marche, suivant les flots du mince fleuve.

En route, mauvaise troupe!

Il y avait en tête du groupe, Kristophe, porteur de la seule lampe rescapée et des couvertures, puis vient Maxwell, Gaby et moi, qui portons les vivres et batterie de lampe, et enfin Laura et Samuel, qui portent le matériel médical, ceinturant Pavel, chargé de la tente et des cordes ou autres charges utiles, ainsi qu'un peu de vivre.

Le groupe tenait une cadence de marche plutôt correcte, on économisais la lumière, le long du cour d'eau.
Pas de trace de petits protées. Dommage.
Voir un peu de vie ne m'aurait pas déplu.

L'air commençais à se faire de plus en plus humide, un peu étouffant, comme le matin dans la brume épaisse.
Nos manteaux suffisaient à retenir l'humidité et le froid ambiant, mais pour combien de temps?

Après deux heures de chemin en ligne droite dans cette cave crade, nous changions enfin de salle.

Plus petites cette fois ci, avec un lichen de couleur différente, un peu plus brun que le précédent.
La lumière était plus terne, l'espace moisi ne donnant franche pas envi, nous nous sommes arrêtés pour une pause.
Assis en cercle, nous nous regardâmes, avec bien évidemment interdiction de manger.

Under your feetOù les histoires vivent. Découvrez maintenant