Never Be The Same { EN PAUSE }

- 2 - Ruth

- C'est quoi ce bordel ? je murmure en la dévisageant.

- Bah quoi ? Je croyais que tu étais du genre à aimer l'aventure, je me trompe ? me

lance-t-elle avec un clin d'œil.

- Oui mais là c'est ... assez spécial ...

- Arrêtes de faire ta prude Ruth et mets ce masque, me dit-elle en me tendant un masque

en dentelle noire et en me tirant à l'intérieur.

Cette maison n'est pas du tout ce à quoi je m'attendais. Les murs sont tapissés d'un velours rouge, le même qui recouvre la totalité du sol et les quelques fauteuils sont en cuir noir. La pièce principale est immense, presque aussi grande que ma maison. Les femmes, d'à peu près notre âge, sont habillées le plus normalement du monde, pantalon ou jupe et débardeur avec un masque sur les yeux bien entendu. Les hommes quant à eux ... Je reste scotchée devant ce spectacle. Ils n'ont rien d'autre que des boxers noirs qui leur moule l'entrejambe. Leur torse si parfait est à la vue de tous, ainsi que leur fesses, leurs jambes ... Mon Dieu. J'aimerais tellement passer mes mains sur ces pectoraux si parfaits, ces abdos dessinés, ce V qui invite à une exploration plus approfondie ...

April m'entraîne vers un fauteuil où se trouvent deux hommes avec des corps de rêve. Mes jambes vacillent et je manque de tomber, m'agrippant au bras de mon amie juste à temps. Heureusement aucun des deux n'a vu mon moment de faiblesse. Ressaisis toi ma vieille, t'as jamais vu d'homme comme eux ou quoi ?! Elle s'arrête juste devant eux, face à face, se penchant le plus sensuellement vers un brun aux yeux noisette. La chaleur commence à monter entre les deux et je tourne la tête pour rencontrer le regard embrasé de l'homme en face de moi. Il me dévore littéralement du regard posant ses yeux sur l'ensemble de mon corps, s'attardant sur mes seins. Un frisson d'excitation me parcourt des orteils à la racine de mes cheveux. Sans réfléchir, je me mets à califourchon sur lui et soutiens son regard. Une flamme de pur désir danse dans le vert de ses yeux et instinctivement je passe la langue sur ma lèvre supérieure et me mords l'autre. Mes mains sont posées autour de sa tête sur le fauteuil quand aux siennes, elles n'ont pas quittés l'arrière de sa tête. Une véritable tension s'élève entre nous et j'oublie tout à coup où je suis, j'oublie que nous ne sommes pas seuls dans la pièce. La température commence à monter petit à petit et des gouttes de sueur commencent à perler le long de ma colonne vertébrale. Pourquoi je me suis habillée comme ça ? Je meurs de chaud ici ! Personne n'a augmenté le chauffage entre temps ?! Le temps semble s'être arrêté comme suspendu. Je ne sais pas ce que je dois faire. Rester comme ça, sur les genoux d'un inconnu – hyper sexy cela dit – ou alors partir vite d'ici ? Normalement, les filles de mon âge vont à des soirées avec de l'alcool, des mecs, de la musique, des gens qui crient, qui vomissent dans tous les coins, qui dansent sur les tables, s'embrassent à pleine bouche devant des dizaines d'autres voyeurs, et moi je suis là. Dans une maison remplie d'inconnus, de tension quasi animale entre chacun, à la fois de luxe et de simplicité.

Une main me sort de cette réflexion. L'inconnu a délicatement posé son doigt sur mes lèvres et en a dessiné le contour. Soudain mon cœur cogne dans ma poitrine, dans mes tempes, mes mains tremblent, un frisson traverse mon corps tout entier, ma respiration se fait plus rapide à mesure que cet homme rapproche son visage du mien. Je perds mes moyens au moment même où ses lèvres effleurent les miennes. Juste ça, une caresse. Pas de baiser. Pas la sensation de sa langue sur ma bouche. Juste son souffle chaud sur moi. Je dois reprendre mes esprits, mais c'est impossible. Jamais je ne me suis retrouvée dans ce genre de situation car d'habitude c'est moi et moi seule qui contrôle tout. Je commence à lâcher prise et je crois qu'il le sent car il se recule et se renfonce dans son fauteuil.