Chapitre 7

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Je me réveille à cause d'un contact soyeux sur mon visage. J'ouvre lentement les yeux, étonnée d'être encore en vie après tout ce qu'on m'a fait subir.

Ma vision, premièrement floue, finit par s'adapter à l'obscurité de la nuit. Un petit être bien familier me fixe avec ses grands yeux noirs, avant de pousser un croassement délicat et mignon.

Je me relève aussitôt pour prendre la présence entre mes bras. Des larmes de bonheur coulent sur mes joues glacées. Mes blessures ont étrangement bien guéris. Pas encore complètement, mais elles ont commencé à se refermer en à peine quelques heures. Cela me fait plisser les yeux.

Pourtant, je ne ressens pas la moindre parcelle de magie en moi. Comment est-ce possible ?  Un être commun mettait des jours entiers à guérir ! Ébahie par cette découverte, je décide de passer mes doigts sur les plaies afin d'en assurer la véridicité. Après tout ce que je viens de vivre, je préfère vérifier avant de m'emballer. Puis, je me rends compte que le sang séché colle toujours sur mes membres. Le tout m'est confirmé lorsque la douleur refait surface. Peut-être aurais-je mieux fait de ne pas y toucher.

Sally me fait signe de sa patte à laquelle est accroché un minuscule papier. Je le décroche et lis les mots gribouillés dessus. Je ne peux m'empêcher de grimacer en m'appuyant sur mon coude. Toutefois, je garde le silence. Mieux vaut-il que les gardes me croient endormie.

Je suis sincèrement désolé. Je te libèrerai bientôt. Promis.

Un Allié

Je fronce les sourcils. Allié ?  Je ne comprends pas trop. Comment pense t-il pouvoir me libérer des griffes de cet Alpha Suprême sans se mette en danger lui-même? Et puis, combien de temps ai-je été inconsciente ? Pas question que ma peau ait eu le temps de guérir autant en à peine quelques heures !

Je pose à nouveau ma tête contre le sol, tout en réfléchissant à la situation. Je ne vois pas de qui cette note pourrait venir ! Je n'ai pas de famille, pas d'amis et aucune connaissance dans les environs. Alors, comment quiconque me connaîtrait-il ? Mes pensées sont troublées par la fatigue et la douleur.

Sally se love contre mon crâne, tentant de me rassurer. En tout cas, cet "allié" l'a libérée. À moins que tout ceci ne soit un piège de l'Alpha suprême, un jeu qu'il a élaboré pour passer le temps. Le déchire le petit morceau de papier du mieux que je le peux, évitant ainsi de laisser des traces derrière.

Tout à coup, une idée complètement folle me traverse l'esprit. Il n'y a qu'une seule personne qui connaissait l'existence de Sally, qui a pu la libérer sans être repéré et qui savait que j'ai besoin d'aide. C'est aussi le seul qui a pu s'excuser pour ce qui s'est passé: Tristan !
Je retiens mon souffle, alors que toutes les pièces du puzzle s'imbriquent enfin. Je pose ma main à plat sur le sol, tentant de m'assurer que tout ceci est réel.

Cet homme est bêta de l'Alpha suprême. Pourquoi abandonnerait-il ce poste ?  Peut-être qu'il n'a pas la même façon de penser que son supérieur. Peut-être qu'il ne fait que subir l'emprise de celui-ci comme tant d'autres ?
J'ai vraiment tellement envie d'y croire.

Puis, la douleur de mes blessures me revient. Il m'a torturée, il m'a regardé souffrir avec une lueur malicieuse au fond des yeux. Il a aimé me voir saigner devant lui.

Non. Ce n'est pas un homme bon. Je ne peux pas avoir confiance en lui. Mais le fait que j'ai envisagé cette solution l'espace d'un instant montre à quel point je suis désespérée. Je n'aurais jamais cru en arriver là !

De plus, ce petit mot n'est sûrement qu'un piège !

Je passe ma main sur le plumage de Sally, tentant de me rassurer au mieux. Peut-être que je peux utiliser Tristan pour sortir d'ici et l'abandonner par la suite ?

— Que faire ? demandé-je à ma meilleure amie.

Ses plumes ne sont pas abîmées, montrant qu'on a bien pris soin d'elle. Cette nouvelle me soulage.

Je réfléchis longuement. Et si j'avais une infime chance de m'échapper ? Je dois le faire pour Sally, pour retrouver ma liberté !  Je décide finalement de donner une chance à l'expéditeur de la note. Après tout, c'est mon seul potentiel échappatoire.

Maintenant j'ai un minuscule espoir naissant au creux de ma poitrine. Une chaleur inconnue m'enveloppe progressivement. L'espoir, le courage. Ce sont des choses qui peuvent paraître futiles, mais qui sont loin de l'être. Je ne les avais encore jamais ressenties, isolée dans la forêt avec ma chère colombe comme seul compagnon. Avec la peur, se sont réveillées d'autres sensations.

La liberté de ma ancienne vie me manque, mais d'une certaine façon ma présence ici me permet enfin de réaliser tout ce que j'avais avant. Je sais enfin pourquoi me battre, pourquoi tenir le coup.

Je profite de la présence de Sally pour la serrer dans mes bras, avant de me plonger dans des plans d'évasion. Avec ou sans allié, je dois trouver un moyen de sortir d'ici au plus vite !

Toutes sortes d'idées me traversent l'esprit redevenu limpide grâce à la présence angelique de mon éternel compagnon de voyage. L'adrénaline y est également pour quelque chose.

Nous restons là, silencieuses, tandis que mon esprit est plus vif que jamais. Des idées fusent dans tous les sens. Malheureusement, peu avant le lever du soleil Sally se lève subitement, étirant élégamment ses magnifiques ailes d'un blanc immaculé.

Je ne vois pas la raison de son subit réveil et la regarde se diriger vers les barreaux avant de sortir de ma geôle, me laissant là, bouche bée. Vient elle tout justement de me laisser seule au milieu de cette prison ?

Soudainement, un bruit de pas résonne entre les murs du couloir sombre et crasseux. Un garde entièrement habillé de noir apparaît comme il le fait chaque matin et me jette un nouveau morceau de pain asséché bien plus petit que celui d'avant. À vrai dire, les portions me paraissent toujours plus minuscules au fil des jours. Sally a dû l'entendre arriver.

La mie n'est jamais dure, parfois elle est même chaude. Je ne sais pas si l'homme m'apporte un morceau restant de son petit déjeuner par pitié ou si c'est c'est juste le repas qui m'est dédié. J'ignore également si c'est toujours le même individu qui me surveille. Leurs casques noirs recouvrent plus de la moitié de leur visage et, comme les rumeurs le disent, les loups employés par l'Alpha suprême ont tous l'air identiques. Après tout, ils ont été enlevés à leurs famille étant tout petits, avant d'être entraînés au palais. C'est ce que les villageois se racontaient en tout cas. Parfois, des enfants du village étaient emmenés à l'Alpha suprême afin d'assister à la sélection de la future garde royale. Choisis ou non, les jeunes ne retournaient jamais aux côtés de leurs proches.

Je me redresse pour attraper ma ration et tente d'oublier ces horreurs. Cela ne fait que 5 jours que je suis là, mais j'ai perdu tant de poids que mes côtes sont visibles sous ma peau écorchée.

Je n'ai plus rien de mon charme d'antan, mais cela ne compte pas réellement lorsqu'on est enfermé dans un endroit pareil. De plus, être invisible avait toujours été mon objectif dans le monde extérieur. Donc pourquoi se faire belle si on ne souhaite pas être aperçu ?

Tout à coup, une voix masculine dicte le garde de partir. Ce dernier obéit immédiatement avec la tête basse en signe de soumission.

Je commence à trembler et entends la porte des geôles, se fermer brusquement. Je mets l'intégralité du pain dans ma bouche par peur qu'on ne me le confisque. Que va-t-on encore me faire ? J'avale difficilement l'aliment, ayant la bouche bien trop sèche.

À mon grand soulagement, ce n'est pas Jack qui me rend une visite. Cette fois-ci, c'est Tristan qui se présente à ma cellule. Je tente de reculer, mais suis bien trop épuisée physiquement pour y parvenir. Une lueur méfiante scintille dans mon regard. Pas question que je lui fasse confiance avant qu'il ne se soit prouvé !

Wolves of Magic [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant