Comme le soleil se levait, la pauvre Coumba commençait à sortir les assiettes, lorsqu'elle terminait avec une tâche, une autre l'attendait ainsi s'écoulait toutes ses longues journées. Fille unique de ses parents, Coumba faisait la fierté de sa famille. Elle avait quitté l'école en classe de première pour aider ses parents. Elle était grande et belle, la plus belle de son village. Elle avait un corps ferme et sa peau était d'une brillante noirceur. Un sourire timide se formait sur son visage lorsque les jeunes du village lui faisaient des éloges sur sa beauté. Cependant, Coumba restait toujours une fille bien éduquée, descente et respectueuse. Elle aidait sa maman dans les tâches ménagères, allait au fleuve pour faire le linge et accordait peu d'importance aux caprices de jeunes de son âge. Elle préférait passer des heures à écouter les conseils de sa maman que de sortir avec ses amies.
Adama son mari l'avait rencontré lors d'une mission vers Bakel. Il l'avait alors demandé en mariage et lui avait promis soin et respect, amour et attention.
Lorsque les parents de Coumba lui avaient demandé son avis, elle prit le temps de bien réfléchir et de penser aux paroles de sa mère car cette dernière ne cessait de lui répéter que le salut de la femme résidait dans le mariage.
« Adama a une bonne éducation et il est pieu, il sera un bon mari pour toi » lui disait-elle.
D'autant plus Coumba avait eu l'occasion de rencontrer Adama et d'échanger quelque mots avec lui avant que ce dernier vienne demander sa main. Elle avait retenu de lui un homme sérieux qui avait de bonnes intentions.
C'était un homme de la trentaine beau et élégant. On ne le voyait pas souvent, le genre d'homme qui ne sortait presque pas et qui se cachait derrière une voile de timidité. Il allait chaque matin en ville pour son travail et à son retour le soir il allait à la mosquée où il avait rencontré le père de Coumba. Il avait alors gagné son respect et passait souvent le saluer. Adama avait cette touche de mystère qui se lisait sur son visage, il ne laissait apparaître qu'une partie de sa personnalité et les gens l'appréciaient. Il parlait la langue locale ''le Soninké'' même si son accent wolof le trahissait.
La famille de Coumba était traditionaliste et croyait aux anciennes valeurs. Bien qu'on eut demandé son avis à Coumba, on l'aurait marié de toute façon. Coumba avait donné son consentement, et il fut demandé à Adama de faire venir ses parents.
Sahir le frère d'Adama, Madiop et Babacar ses oncles vinrent une semaine après. Madiop est l'oncle qui l'avait éduqué après la mort de ses parents. Ils prirent eux aussi le temps d'observer la petite Coumba et d'apprécier le choix d'Adama. Les représentants des deux familles avaient discuté durant de longues heures.
Aussitôt qu'ils avaient fini, aussitôt le mariage fût célébré. Le mariage fût consommé à Bakel, ils y passèrent un mois puis le travail d'Adama arriva à son terme et ils partirent à Dakar. Depuis ce jour Coumba vivait avec Adama à la capitale dans une petite pièce dans une maison qu'il partagé avec d'autres locataires. La chambre était à peine grande pour deux personnes. Mais Coumba avait bien attendu les paroles de sa mère.
''Le mariage c'est souvent des hauts et des bas alors quoiqu'il arrive respect ton mari et ménage ton foyer comme je l'ai fait avec ton père. Ne fait pas honte à notre famille.''
Ces paroles de ''Yaye Ourey'', Coumba les avaient bien gardées dans sa tête et ne cessait de se les répéter. Dakar fut pour elle une autre vie remplie de rudes épreuves.Elle était jeune et n'avait jamais été aussi loin de ses parents.Distance
Ils me manquent ces jours près de vous. Hier j'étais une fillette dans les bras de sa mère aujourd'hui me voilà femme dans un foyer loin de tous, j'ai pleuré chaque kilomètre qui se creusait entre nous. Le visage collé au vitre du bus, je regardais le paysage qui défilait. A chaque instant je demandais à Adama combien de kilomètre il nous restait. Le sourire au visage il me disait : « on sera bientôt arrivé » et là je m'apercevais combien j'étais loin de chez moi. Sans que je m'en aperçoive, je me suis laissé emporter par le doux caresse du vent frais. A mon réveil je me suis retourné vers la vitre et je pouvais voir des bandes de couleurs qui s'étiraient et lorsque le bus ralentissait, l'image devenait moins flou. Je pris mon foulard pour essuyer la brume qui s'était déposée sur la vitre et je vis que les bandes de couleurs en realité étaient des étales de fruits, il y'en avait partout et de tous les façons. Des vendeuses s'étaient introduites dans le bus, elles tenaient des sachets de clémentine, d'orange, de mandarine...
« Diamniadio », me dit Adama.
Il acheta quelque sachet de fruits et me les remis. Je les mis dans mon sac et me remis à admirer le spectacle de la première ville dakaroise qui m'accueillait. Puis on a dépassé au bout de quinze minutes une grande usine au-dessus de laquelle s'échappait une enorme fumée toute blanche ; à gauche de celle-ci il y'avait la mer, des pirogues étaient sur la plage et dans le vide lointain se dessinait les silhouettes à peine visible de gros cargos qui semblaient immobiles.
Arrivé a hauteur d'un rond-point je vis un monument sur lequel il était inscrit SOCOCIM. Je commençais à mieux me sentir, je découvrais de nouvelles choses et le bus en profitait pour m'éloigner encore plus de chez moi.
Une trentaine de minutes après, il était presque huit heures et le bus s'arrêta. « On est arrivé, c'est ici » me dit Adama en s'essuyant le visage. Rufisque, Tunguédj exactement, voilà où le vent du mariage m'avait déposé. On est descendu et on fit descendre nos bagages. Il faisait frais, nous prîmes un taxi jusqu'à la maison.
Le matin à mon réveil le soleil était déjà haut dans le ciel. Adama s'était déjà lever et est allé nous acheter à manger au restaurant. J'entendais le bruit de nos colocataires mais je ne les voyais pas car nous étions séparées par un mur des deux côtés.
L'image de ma mère me revint à nouveau et mon esprit reparti dans les nuages.
Le son de sa voix, son visage et même le bruit de ses pas quand elle marchait dans la cours me manquent. Tous est diffèrent ici ; l'air me semble si lourd, le soleil si chaud.
Les belles nuits blanches dans la cour, les étoiles brillaient si près, aujourd'hui ils me semblent si hauts. Je garde le sourire, je fais semblant de me plaire ici mais tout est plus beau quand je suis avec mes parents. Dakar est une belle ville mais ce bel endroit me rend si nostalgique de chez moi.Les jours passaient et les choses changeaient en même temps. J'étais devenu une vraie femme au foyer. Cette beauté dont on faisait tant l'éloge avait disparue. Je passé la quasi-totalité de mon temps à la maison à cuisiner, nettoyer et regarder la télévision. Un meuble sur lequel la poussière venait se déposait.
Adama était très occupé et semblait ne point avoir mon temps. Il rentrait le soir, mangeait et nous tenions des discussions sans grande importance. Il me parlait de ses longues heures de travail, de quelques événements qui se sont produite ici etc. je voulais qu'on parle de nous, d'amour et qu'il me prenne dans ses bras mais hélas la réalité était différente. Je me sentais seul et abandonnée.Adama est un homme mystérieux et trop calme. Je sortirai bien me faire des amis, mais sa jalousie le rend furieux quand je sors de la maison. Je me sens comme une femme de ménage et mes journées se succèdent et se ressemblent toutes.
Souvent je me retrouve dans ma chambre les yeux inondés de larme, j'essaie de penser positif en me disant que je m'y habituerais et que tout va s'arranger. J'ai si peur, il me semble diffèrent de l'homme qu'il était à Bakel. Dakar est une jungle, je me sens étrangère au milieu de tout ce monde.Vérité
Je me suis réveillé avec des bleus sur le visage le corps lourd tel un naufragé sur le rivage
Jamais une nuit m'a semblé aussi longue
Je comptais les heures et chaque minute me semblait une éternité
Ces bras que je croyais me protégeraient, ces mains que je croyais me caresseraient m'ont frappés, m'ont étranglés
Hier Adama est rentré saoul, il tenait à peine debout tenant un discours que je comprenais à peine.
Il est entré se couché et l'odeur insupportable de l'alcool empestée la chambre
J'avais peur d'entrer me couché et après une demi-heure dehors le froid de la nuit se faisait sentir, j'en pouvais plus.
J'avais ôté mes chaussures pour ne pas le réveillé
Je marchais comme une voleuse dans ma propre demeure pour accéder à mon lit
Tout d'un coup il s'est réveillé et a bondi sur moi, il se contrôlait plus et me battait de toute ses forces. Il criait ''où étais-tu !!'' , il m'insultait. J'étais effrayée.
Les locataires à coté nous entendaient mais personne ne vint s'en mêler.
Seul ''mame Sophie'', une vieille dame qui habitait juste à côté vint pour m'aider.
Affaiblie par l'âge elle avait dandiné jusque devant la véranda.
Impuissante elle est restée là comme pour me soutenir
Et je l'entendais dire d'une voix faible :
''èy way lii niaw neu, Adama! Adam! Adama! Ki sa soxneu leu dou sa diaam ! li niaw neu ''
Sa voix grincée comme si elle pleurait, ''mame Sophie''
Une autre peine s'ajouta à la mienne, celle de cette vieille femme dehors dans le froid qui voulait mais ne pouvait prendre ma défense. Elle me connaissait à peine.
Quand Adama fini de s'acharner sur moi, je ne supportais plus d'être dans la chambre, je sortis en larme et ''mame Sophie'' me garda chez elle jusqu'au matin.
Je suis resté chez ''mame Sophie'' toute la journée, rongé par la peur, la honte.
La peur qu'Adama me battre à nouveau quand je rentrerais.
La honte d'avoir déserté ma demeure conjugale.
Et à ces instants je ne cessais de penser à ma mère et ma tristesse me noyait de l'intérieure je sentais mes poumons se remplirent de peine, j'étouffais !
'' Mame Sophie'' comme si elle lisait au plus profond de moi me consolait, elle semblait si bien me comprendre, ses mots me rassuraient: '' liii yep dina diééx Coumba, gorgorlule reik.Sééy nii leu dingua hey mou métiii loool wayé bo mounié reik mou diééxx, mounieul ! djiguén deiy mougn !''
Je commençais à me libérer, à respirer normalement quand j'entendis ce '' Salamalékoum''
C'était lui ! Adama ! La peur m'envahit à nouveau mais ''mame Sophie' me rassura en me tenant la main''
Il marchait d'un pas hésitant, tête basse comme un chien battu
La honte le rongeait aussi, c'est la première fois qu'il me montre un tel comportement
''yéksil'' lui dit ''Mame Sophie''
Il s'approcha et s'agenouilla devant ''mame Sophie'' et lui remis un sachet qu'il tenait, un sachet de kola.
''baalmeu akh mame Sophie''
La vieille dame souri puis dans un regard plein de sagesse lui dit : ''ndioumté leu reik dome wayéé limalay niaane moy sa soxna bii ngua may ko thieur té souteural ko.ki ngueu wara balu akh Coumba mii leu.''
Puis elle se tourna vers moi: '' Coumba, diougueul séyi ; nangua mougn nak, boleine niibiwé nanguéne waxtane''
Ma bouche était pleine de mots que je voulais lui dire sans détour mais c'est dans un silence que je me suis levé et je pris congé de chez ''Mame sophie''.
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Coumba
Teen FictionTres belle histoire de Coumba qui se mari à un homme que elle et sa famille croyaient bien et qui apres verra le vrai visage de son mari. Entre honeur,famille et espoir Coumba fera tout pour sauvé son mariage et caché son calvère à ses parents.