Coumba# 2eme parties

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Des mois s’étaient écoulés, ma grossesse arrivait à terme, l’enfant serait un garçon on m’avait dit et entre moi et Adama le courant ne passait plus alors j’ai décidé d’aller chez mes parents pour un moment.
J’ai pas attendu que ma mère vienne, je lui ai épargné de voir le calvaire que je vivais et comme excuse je lui ai dit qu’Adama allait voyager et que je ne pouvais pas rester seul. Elle était contente de me revoir, sa fille avait grandi, elle avait changé, elle avait souffert mais comment le saurait-elle? Je gardais mon lourd secret et jouais bien mon rôle de femme heureuse.
J’étais au huitième mois de ma grossesse, j’étais impatiente de pouvoir tenir mon enfant entre mes mains. J’appelais Adama de temps en temps pour prendre de ses nouvelles car avec la distance nous semblions nous manqués tous les deux malgres nos problemes. Nos discussions étaient courtes, breves,nous ne parlions presque pas, on entendait juste le bruit du silence et nos mots coincés sur le  bout de nos lèvres ; J’avais tant de questions mais maintenant j’avais peur de les lui poser à nouveau, je voulais que tout redevienne normal; je ne voulais pas que notre fils vienne au monde dans l’ambiance d’une famille séparée.
Je me promenais souvent le soir, me rappelant de ma vie avant mon mariage, de mes amies. J’en ai croisé certaines ; elles ne m’ont pas reconnu. Alors sans les interpelées je continuais ma promenade.
Au dernier mois de ma grossesse Adama partait encore en voyage d’affaire, disons c’etait ce qu’il m’a dit. J’avais du mal à le croire, je me sentais mal à nouveau même si on se parlait à peine. J’avais honte, mes parents n’avaient aucune idée du calvaire que je vivais.
Enfin le moment étais arrivé, à l’aube comme si la  nature m’accompagnée dans ce heureux événement, les premiers signe apparurent, ma mère s’est pressée d’appeler Adjia Rocky une vieille dame que je craignais quand j’étais jeune en vérité elle me fait toujours peur.
L’hôpital était à des kilomètres de notre village et il n’y avait pas de voiture ce jour-là. J’allais accoucher au village, j’avais mal ; j’avais peur.

Ceux des villages environnants ont surement entendu mes cris, la terre avait assez bu de mon sang; mon corps avait assez souffert mais à la fin je le tenais dans mes bras encore fragiles, je tenais mon enfant ! Mon cœur se remplis d’un bonheur incomparable, je sentis une joie qui rendait le parfum de l’air plus bon. Alors c’est ça le bonheur d’être mère.
Après m’être endormi une journée entière, je m’étais réveillé puis j’ai appelé Adama. Ma colère m’avait subitement quittée, j’avais envie de lui parler de notre enfant ; il avait son regard. On s’est laissé emporter par la discussion, nous avions oublié nos querelles ; mais mon bonheur n’est jamais assez long pour que j’en profite. Adama avait quelque chose à me dire, il me l’avait dit d’un ton assez bizarre. Sa voix tremblait, les mots lui venaient à peine.
Puis je lui ai dit :
-Adama, pourquoi maintenant ? Attend que je rentre à la maison et on en reparlera.
Malgré toutes nos disputes, la naissance de notre fils faisait que je ne voulais pas le voir dans cet état, lui le père de mon enfant. Sa voix faisait naître en moi un sentiment de tristesse et il insista pour me parler.
-Coumba, je voulais t’en parler bien avant ta grossesse mais les mots, jamais ne me vinrent. Je ne peux plus porter ce lourd secret, je me dois de dire la vérité à toi et à ta famille et j’espère avoir votre pardon.
-Adama tu me fais peur, ‘’lou xéw yaw’’ ? ‘’Guawé meu Adama !’’
-Je suis marié à une autre femme Coumba !
J’avais sus supporté les coups, le froid et les nuit blanche, la douleur de l’accouchement mais ceci est la pire des choses que j’avais à endurer, cette phrase mortelle qui m’arrachait mon bonheur en toute froideur. J’ai pleuré à me noyer dans mes larmes, j’ai passé des nuits blanches à m’en crevé les yeux. Cette fois si ça en était de trop. Je ne pu supporter la peine; je me suis laissé effondrer sous le poids de la detresse, de la douleur. Le plus dure était ce double jeux que je faisais, je ne voulais toujours pas que ma mère le sache ; elle qui me disait, je me souviens : ‘’Taru djiguèn sééy’’. Elle s’en voudrait tant, mon père même qui ne se mêlé pas des problèmes conjugaux de ses filles allait s’en sentir mal s’il l’apprenait. Je pleurais la nuit, me retenant souvent pour ne pas réveiller mon fils, alors mes larmes coulaient de l’intérieur.
Mensonge sur mensonge je cachais mon lourd secret à mes parents, jusqu’au jour du baptême j’avais trouvé une excuse pour expliquer l’absence de mon mari. Il avait appelé mes parents et avait lui aussi jouer le jeu lorsqu’il s’aperçut que je ne leur avais rien dit jusqu’à présent. Je tenais à  garder Adama le plus loin de moi, je ne voulais plus le voir ; je le haïssais !
Les jours passaient comme sur les pages vierges d’un livre. Je vivais la même routine chaque jour. J’aidais ma mère quand je le pouvais, je prenais soin de mon enfant. Je m’enfermais pour verser les quelques larme comme pour me libérer du poids sans cesse croissant de mon amertume.
                                              
Un mois s’était écoulé, Adama appelait tout le temps pour s’enquérir de mes nouvelles et de celles de son fils c’est alors que j’ai décidé d’enterrer la hache de guerre et de retourner à Dakar. J’avais pensé à mon fils, il ne devait pas souffrir des querelles de ses parents, il ne devait pas être la victime des erreurs d’un père menteur et irresponsable. Les mots pour décrire Adama me manquaient. J’ai failli perdre ma foi, dans mes prières je demandais au seigneur pourquoi je souffrais à ce point ? Est-ce que je le méritais ?
Et Dieu sait combien j’étais dévoué à mon mariage mais quelle femme sur terre supporterait ceci ? Passé une vie entière construite sur des mensonges à pleurer toutes les larmes de ses yeux. Je semblais plus âgé que ma mère, Adama m’a arraché ma jeunesse jusqu’à la dernière goûte. Les rides se dessinaient sur ma peau, mon corps se desséché comme une mer sans eau.
Lorsque je rangeais mes habits dans ma valise chaque vêtement que je pliais était un lourd fardeau sous lequel s’échappait une goutte de larme.
Je voyageais déjà dans ma tête, je voyais Dakar en fête ; parmis la foule je trainais ma lourde valise, je ne pleurais pas mais je m’étouffais je noyais mon cœur dans mes propre larmes. Je souriais à la foule qui elle me dévisageait comme s’il y’avait une étiquette sur mon front qui indiquait ‘’femme malheureuse’’.
Quand mon esprit me revint enfin, je tremblais devant ma valise et Papa Aline pleurait dans son berceau. J’ai accouru le prendre dans mes bras et il cessa de pleurer ; je fus submergé par la plus grande vague d’émotion de ma vie et sans le vouloir je sorti un cri de rage. Adama m’avait vraiment ruinée.
Ma maman couru dans ma chambre et cette fois je ne pus tricher. Je portais papa Aline, je m’étais presque vidé de mes larmes. Ma maman s’approcha de nous me pris la main et m’invita à m’assoir sur son lit. Elle avait surement compris la raison  de tant de pleure, elle comprit que ma peine était grande. Elle me consola sans dire mot, je voulais lui dire toute la vérité mais comment ? Je ne voulais pas mêlé mère à tout ça. Je lui ai juste dit que je m’étais disputé avec Adama et qu’il voulait que je rentre.
Elle ne se mêlait jamais de ma vie conjugale, elle se contentait de me conseiller.
Ah si elle savait combien sa petite Coumba souffrait !

Le jour de mon départ était arrivé. Ce jour-là,  les rayons du soleil n’avaient pas déchirés le rideau épais de la nuit. Je vivais le même jour en continuité. Que Dieu me pardonne mais ma vie ne méritait plus d’être vécu, prisonnière dans une cellule ; naufragé au milieu de nul part sans espoir de liberté sans espoir d’être sauvé. Je m’enfoncais dans le noir chaque jour et tenant mon fils comme une bougie qui m’éclairé dans mon coin mais les ténèbres nous entouraient.
Ma valise était prête, mais il y’avait comme un bouclier qui m’empêchait de sortir. Ma mère vint puis me regarda avec un sourire et me dis ‘’dingua niu wéteul Coumba, yalla nallén yalla sameu yaw ak sama seut bii. Guawal nak nadjé ngueu’’. Elle prit ma valise la traina dehors puis je la suivi. Je parti faire mes au revoirs à mon père, lui aussi me conseilla et demanda de faire preuve de courage et de respect envers mon mari. La charrette arriva, mes larmes coulèrent. Voilà la plus dure des contraintes, celle qui te pousse à faire une chose sans qu’on t’en oblige vraiment mais que tu fais parce que tu dois le faire pour l’honneur de ta famille. Tu ne penses plus à ton bonheur, à ton bien. Tu es comme un brin d’allumette qui se sacrifie pour allumer une plus grande flamme. Au nom de ma famille je souffrais et maintenant qu’Aline était née je me battrais encore plus.
Durant tout le trajet, j’avais l’esprit qui s’en aller loin dans un monde noir, inconnu. La seule chose qui me connectée à  la réalité étais bébé Aline que je tenais dans mes bras. Je le serrais comme pour le protéger de cette obscurité vers laquelle je me dirigeais.   À suivre....
                   

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