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_ Je suis humaine. Répétais-je.

L'expression de Tristan est indescriptible, alors que celle de Lulu l'est complètement. Elle lance un regard accusateur vers ma grande sœur.

_ Tu le savais Lucie ?

_ Non je n'en savais rien du tout.

_ Mais enfin Elena pourquoi tu ne m'as rien dit ?

_ Vous croyez que c'est si facile de dire haut et fort qui je suis ? Même moi je n'en sais pas plus que vous !

_ Mais enfin, calme toi Elena, on ne va rien dire je te le promet. Mais on aurait pu être au courant qu'on avait une humaine sous notre toit.

_ Il n'y a donc que ça qui compte pour vous.

Je termine sur ces belles paroles, et sors de cette maison et marche tête baissée dans les rues. Cela ne m'étonne pas plus que ça qu'ils ne m'est pas suivi. Après tout, je suis humaine comme ils disent.
Je me sens si mal, pourquoi a-t-il fallu que je naisse différente ? Même si Manon m'a toujours dit que c'est la différence d'un qui fait la ressemblance d'autres, cette phrase n'a plus autant de sens qu'elle en avait avant.

Je continue de marcher dans les rues jusqu'à un parc assez calme, où seuls les papillons volent dans l'air frais et doux de cette plaine.
Je m'assois sur un banc, et fixe le sol. Je ne sais pas quoi faire à ce moment précis, je ne sais même pas qui je suis. Tout est si compliqué alors que cela pourrait être beaucoup plus simple. J'aurais bien appeller mes parents, mais mon portable est resté sur le sol de la salle de bain.

J'aperçois Tristan marcher dans ma direction, les mains dans les poches, le regard vers l'herbe. Il s'installe à côté de moi, sans pour autant me regarder. Je n'ai nullement l'intention d'être la première à parler, alors il prend les devants.

_ Elena, je. Je ne sais pas quoi dire.

Un sourire gêné marque son visage, et il se frotte les yeux. Nous laissons un silence pendant quelques instants, puis il continue.

_ Ça doit être difficile, pour toi. Je veux dire, devoir se cacher en permanence, ça ne doit pas être si facile que ça.

Je ne peux m'empêcher de sourire face à sa remarque. Il a raison, ce n'est pas facile, c'est même extrêmement difficile et dur. Devoir cacher quelque chose que je ne possède même pas, me dévore chaque jour.

_ Tu sais Tristan, ça me fait mal de voir l'image qu'ont les gens des humains. Beaucoup disent qu'un humain est comme un alien, un monstre tu vois ?

_ Ouais, je sais.

Aucun de nous n'ose dire quelque chose de plus, et je comprends. Se rendre compte qu'on abritait un "monstre" dans sa maison, c'est assez choquant.

_ Je n'ai pas peur Elena.

Sa remarque à l'effet d'une claque dans mon visage. Jamais personne ne m'avait dit cela, mise à part la famille, qu'il n'avait pas peur de moi.

_ Tu, n'as pas peur de moi ?

_ Non. Je pense que tu es beaucoup plus terrifié que nous à vrai dire.

_ C'est vrai.

Le fait qu'il dise ce que je ressens, me soulage, et me réconforte. Mais malgré les belles choses qu'il me dit, je ne pense pas pouvoir avoir confiance en lui. Après tout, je ne le connais pas plus que ça, et lui non plus.

_ Tristan, je.

_ Tu, tu pleurs ?

Je détourne la tête pour évité qu'il remarque les larmes qui menacent de couler de mes joues. J'essuie d'un revers de main mes yeux, et me lève, les mains dans les poches. D'un côté j'ai envie qu'il me suive pour me réconforter, mais d'un autre côté, je ne veux pas de sa pitié.

Frileuse [ En Pause ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant