Frileuse [ En Pause ]

15

_ Chers passagers, je vous informe que nous sommes arrivé à destination. Merci de ne pas oublier vos bagages dans l'allée, merci. Bip !

La voix de l'homme dans le haut parleur me réveille quelque peu brutalement. Je me tourne sur le côté pour voir Enzo, mais lorsque mon regard s'arrête sur le siège, personne n'y est assis. Il a sûrement du s'en aller, et je ne lui en veux pas, il est libre de faire ce qu'il veut.

Je m'étire un peu et sors de ce train en esquivant quelques passagers sur le chemin. Cette gare est remplie de gens, tous aussi pressés les uns que les autres. Il ne faut que pas que je perde de vue mon objectif, qui est de rentrer chez moi et d'oublier toute cette histoire. Je sais très bien que si les gendarmes découvrent que je suis de retour ils vont m'enfermer. Mais toute cette histoire d'humains, de pouvoirs, tout ça, me remplit le crâne et j'en ai par dessus la tête. J'ai besoin d'un peu de normalité.

Je marche rapidement à travers cette foule, cachant mon visage avec le pull à capuche que je porte. Je n'ai pas envie d'attirer l'attention sur mon visage, je me sens suffisamment différente comme ça. Je n'ai pas besoin d'en rajouter une couche par dessus.

Je continue de marcher et trouve enfin un taxi en réussissant à sortir de cette gare. Je n'ai bien-sûr pas d'argent sur moi, mais je vais négocier. Je m'approche du conducteur, en prenant bien soin de cacher mon visage.

_ Bonsoir mademoiselle.

_ Hum, est-ce que je peux vous payer à l'arrivée ?

Il ne prend pas longtemps avant de me donner une réponse positive. Je souris de bon cœur et m'assois à l'arrière du taxi. L'homme démarre le véhicule, et nous voilà parti pour chez moi.

*

_ C'est bien ici ? Me demande-t-il.

Je regarde par la fenêtre, et laisse un beau sourire en voyant la façade de ma maison, ou du moins, celle de mes parents. J'ouvre la porte et la reclaque derrière moi.

_ Attendez je vais chercher de l'argent pour vous payer.

_ On m'a déjà payé.

_ À bon ? Qui ?

_ Un jeune homme nommé Enzo. Il m'a demandé de vous donner ceci également.

Je m'approche de la vitre, et il me tend une lettre. Il me fait un large sourire et me salut avant de s'en aller, me laissant complètement perdue devant ma maison. Est-ce que je dois l'ouvrir maintenant ? Qu'y a-t-il d'écrit à l'intérieur ?
Mes pensées s'arrêtent un moment lorsque la grande porte en chaîne blanc de ma maison s'ouvre en grand. Je me retourne vivement, et cour jusqu'aux bras que ma mère me tend.

_ Elena, mais qu'est ce que tu fais ici ?!

Elle est à la fois ému, et heureuse. Je la sers un peu plus fort contre moi, et plonge dans les bras de mon père.

_ Vite entre Elena. Me dit mon père.

Ils sont tout les deux tellement inquiets et émus à la fois, que j'en ai les larmes aux yeux. Je les sers de nouveau contre moi, puis réussi enfin à les lâcher.

_ Elena, tu dois être morte de fatigue, n'est-ce pas ?

_ Ouais un peu Manon.

Patrick m'emmène jusqu'à ma chambre, et me fait signe d'aller prendre une douche avec une mine dégoutée en se bouchant le nez après avoir rigolé.
Je lui souris et entre dans ma chambre. Rien n'a changé, et mon regard divague sur chaque objet de cette pièce. Je prend un pyjama et vais prendre une douche froide.
Deux choses m'encombrent l'esprit. La première, aller voir Tristan demain à la première heure, et la deuxième, Sasha. Je ne sais pas pourquoi, mais son nom, son visage, son rire, toutes ces choses se gravent petit à petit à l'ancre noir dans mon esprit. Peut-être que lui, ne pense pas à moi autant que je ne pense à lui ?