Chapitre 17 : Orphelin

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*ellipse du retour*

Je pousse le grande porte de bois, et le vieil intérieur poussiéreux se retrouve devant moi. Il m'avait presque manqué. Je commence à installer mes affaires, quand je repense à Lou et Myriam. Elles avaient dû apprendre pour la mort de mes parents, et devaient se faire un sang d'encre actuellement.
Je me décide donc à leur rendre visite à l'hôpital dès que possible. Il ne s'est pas écoulé tant de temps depuis mon départ, alors je pense qu'elles y sont encore.
Jo' m'informe qu'il a l'intention d'aller rendre visite à Antoine demain matin, je pourrai en profiter pour aller voir les filles.

Pour l'instant, il est tard, et nous venons de finir de manger. Jonathan est en train de prendre sa douche, et j'ai déjà pris la mienne avant.
Je m'ennuie fermement, alors je décide d'aller ouvrir la fenêtre. Là, une infinité d'étoiles s'offrent à mes yeux. Tels de petits joyaux dans un immense coffre, ces constellations illuminent le ciel bleu encre. Chacune semble briller d'une façon différente. J'essaie d'imaginer de nouvelles constellations en voyant la disposition de ces lumières, et je finis par trouver un cœur, avec un plus petit à l'intérieur. Je trouve ça infiniment niais, mais extrêmement mignon. Ça me fait penser à deux amoureux qui se protégeraient.
À l'instant même où j'ai cette réflexion, je sens deux bras se resserrer autour de moi.

-Tu regardes les étoiles ? chuchote Jonathan
-Ouais. Tu vois les étoiles de ce côté là ? demandé-je en pointant du doigt ma dernière trouvaille
-Oui.
-Tu ne trouves pas qu'on dirait deux cœurs ?
-Hmmm... Ouais, un peu. L'un qui entoure l'autre. Un peu comme nous, non?

Il est trop mignon! C'est vrai que j'y avais déjà pensé, mais je trouve ça encore plus beau venant de lui. Les gens n'ont pas tellement tort de dire que l'amour rend niais et stupide. Mais maintenant que je sais qu'il m'aime aussi, ça me fait sentir si légère... Les événements d'hier soir sont la seule ombre au tableau, mais je fais de mon mieux pour la chasser de mon esprit, afin qu'elle ne gâche pas mon bonheur.
En réalité, je ne veux même pas y croire. J'essaye de me persuader que ce n'est qu'une blague, que tout ceci ne s'est pas vraiment produit.
Je sais que la vérité finira par m'atteindre un jour ou l'autre, mais pas maintenant. Je dois faire de mon mieux pour l'ignorer.

-Je viens de repenser à un truc.
-C'est quoi?
-T'étais pas sensé m'expliquer d'où tu as fugué ?

Je vois la gêne apparaître sur son magnifique visage.

-Eh bien... Où commencer?
-Par le commencement peut-être, me moqué-je gentiment
-Assez difficile, quand on ne sait même pas d'où on vient...
-C'est à dire?

Je ne comprends pas où il veut en venir.

Nda: Pour comprendre les histoires d'âge, il faut savoir que Charlotte est née le 8/02/2001 et Jonathan le 15/12/2000. Et que l'histoire se passe pendant les vacances de Pâques.

-J'étais dans un orphelinat. Oui, je sais, un adolescent de 16 ans dans un orphelinat c'est choquant, mais ça n'empêche pas que c'est la triste vérité. Mais je n'y suis resté que jusqu'à mes 15 ans et demi. Je n'ai jamais connu mes parents, et personne ne m'a adopté. J'étais sensé rester à l'orphelinat de Nantes jusqu'à mes 18 ans, mais j'ai fugué il y a 1 an, en demandant à l'orphelinat de ne pas me rechercher, car j'étais assez grand pour me débrouiller. Bien entendu, des recherches ont été lancées, mais elles ont pris fin en quelques mois. J'ai eu ma puberté très tard, ce qui a fait que j'ai énormément changé depuis mon départ. Seule une personne travaillant là-bas serait capable de me reconnaître aujourd'hui.
-Tu sais, parfois, j'aurais bien aimé ne jamais connaitre mes parents...
-Pourquoi?
-Je ne sais pas si je serais capable d'en reparler pour l'instant... Mais sache que j'ai subit des choses inimaginables.
-Oh...
-J'aurais bien aimé vivre loin d'eux. Je crois que le manque de mes parents aurait été moins difficile à supporter que ce que j'ai vu.
-Tu sais, c'est dur aussi de ne pas savoir d'où je viens. Je n'ai aucun moyen de savoir qui sont les parents. J'ai tenté de demander plusieurs fois au personnel de l'orphelinat des informations, mais ils ont toujours dit qu'ils m'avaient trouvé seul, dans une rue. Mais je ne suis pas dupe. Ça se voyait dans le regard qu'ils mentaient, et qu'ils en savaient plus que ce qu'ils disaient.
-À mon avis, ils essayaient peut-être de te protéger... Parfois, on cherche à tout prix à connaitre la vérité, mais c'est plus agréable de croire à un beau mensonge que de se confronter à la dure réalité.
-Peut-être, mais je préfère souffrir de savoir la vérité plutôt que de tenter de combler un vide en vain.

Un silence gênant s'installe peu à peu entre nous. Je ne sais pas trop quoi en penser. C'est vrai que ce doit être dur de ne pas savoir d'où l'on vient, d'avoir l'impression d'avoir été abandonné.
Mais je ne sais pas si c'est une bonne idée que Jonathan apprenne la vérité. C'est pourquoi il faut que je la trouve avant lui. De cette façon, je la lui cacherai si elle est trop dure à entendre.
De plus, ça me permettra de penser à autre chose que mes parents...
Par chance, Nantes est près du village ou j'habite, alors je pourrai me rendre à son ancien orphelinat sans qu'il ne s'en rende compte.

Jonathan brise la réflexion:

-Désolé d'avoir plombé l'ambiance, je ne voulais pas t'embêter avec mon passé.
-C'est pas grave. Mais pour l'instant, tu as découvert quelque chose à propos de tes parents?
-À vrai dire, je ne suis pas retourné à Nantes depuis ma fugue. J'avais cru comprendre d'après Myriam que tu habitais dans un village près de cette ville, mais je n'ai pas l'intention de retourner à l'orphelinat. Je n'ai pas envie qu'on me reconnaisse et que je doive y rester encore 8 mois...
-Je t'imagine bien tourner en rond dans ta chambre pendant 8 mois! rigolé-je
-C'est pour ça que j'ai eu une idée brillante! s'exclame-t-il
-Laquelle?
-Tu n'as qu'à y aller pour moi!
-Quoi?! Non, non et non, il est hors de question que je fasse ça !

Il a lu dans mes pensées ou quoi?!

-Mais pourquoi?
-Tu ne sais pas ce que ces gens ont essayé de te cacher, Jo'! À mon avis, il vaudrait mieux que tu ne cherches pas à connaitre la vérité !

Il va faire planter tous mes plans s'il s'y prend bien, dis-donc!
Je vois son visage s'attrister, comme un enfant auquel on refuse d'acheter un paquet de bonbons.

-Je veux juste t'éviter de souffrir...

Il va se coucher en grommelant, et je l'imite quelques instants plus tard. Nos deux lits sont presque collés, je n'ose donc pas faire le moindre mouvement. J'ai beaucoup de mal à m'endormir, mais après de nombreuses heures, je finis par trouver le sommeil.

PDV de Jonathan:

Je m'étais promis de ne pas repenser aux événements d'hier soir, mais le comportement de Charlotte m'étonne. Comment fait-elle pour paraitre si peu triste?!
J'avais vu sur Internet que beaucoup de gens, après un traumatisme, n'arrivent pas à croire la réalité pendant un long moment.
Alors elle doit être un peu comme moi. Nous savons que c'est réel, mais nous refusons de l'admettre.
J'ai vraiment été trop con de faire ça !

Secret PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant