Chapitre 21 : L'orphelinat

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~ellipse de la fin du trajet~

Je mets la clef dans la serrure, la tourne, pousse la porte, et me revoilà à mon point initial: chez moi. Ça se voit que personne n'habite ici depuis un moment car il y a de la poussière sur chaque meuble. Je monte instinctivement dans ma chambre pour aller y déposer mes affaires, tandis que Jonathan inspecte chaque recoin de la maison.
Je profite de ce petit moment de solitude pour me remettre les idées en place. Les choses se sont tellement bousculées récemment que je ne sais même plus où j'en suis.
Déjà, j'aime Jo', c'est une certitude. Même si je ne connais pas grand chose sur lui... C'est vrai; presque tout ce qu'il m'a dit avant qu'il ne m'avoue qu'il avait fugué de l'orphelinat peut être remis en cause... Et comme si ce n'était pas suffisant, c'est un criminel. Ma vie amoureuse ne pouvait-elle pas commencer par une histoire toute simple?!

Sinon, j'ai 2 missions; aller à la gendarmerie et à l'orphelinat. Je préviens Jonathan que je pars, tout en lui promettant de revenir dans une heure. Il me faudrait beaucoup moins de temps pour aller à la gendarmerie, mais j'ai envie de me balader.

C'est assez étrange pour moi qui ai presque toujours été seule de chercher la solitude alors que je cherchais la compagnie il y a si peu de temps. Il est vrai que j'avais des connaissances, mais hormis Myriam et Lou, c'était plus des pseudo-potes que de vrais amis. J'avais beau être adorée et admirée par les adultes, les enfants de mon âge ont toujours eu tendance à me rejeter. Soi disant que j'étais trop intelligente, trop mature, que je ne riais presque jamais, etc...

Ma mère m'a toujours dit que c'était par pure jalousie, mais je n'y ai jamais cru. C'est plutôt moi qui enviais les autres. Eux, ils n'avaient pas à sourire quand ils n'avaient qu'envie de pleurer. Eux, ils n'avaient pas à toujours paraître parfaits. Surtout que "parfait" pour mes parents, ça signifiait que les autres devaient m'aimer, peu importe à quel prix. Alors quand le prix se payait en coups, punitions, heures de travail, et j'en passe...

Rien que de mettre des mots là-dessus me met la boule à la gorge. J'ai envie de crier ma rage dans les rues, mais la gendarmerie se trouve à présent devant moi, alors je ravale ma colère et je pousse la porte. Une jeune femme m'adresse la parole:

-Bonjour jeune fille, que cher.... Attendez! Je vous connais! Je suis sûre que je vous ai déjà vue quelque part!
-Je suis Charlotte Desbois.

J'ai beaucoup de mal à m'empêcher de rire devant le visage déconfit de la gendarme.

-En fait, je voulais juste vous dire que je vis désormais avec Lou Lombort et sa compagne près de Nantes.

Je tourne les talons et me dépêche de sortir. À mon avis, cette femme va mettre un bout de temps avant de comprendre ce qu'il vient de se passer sous ses yeux. En tout cas, c'est fait, je peux enfin me présenter sous mon vrai nom.
Je regarde mon portable (que je peux enfin ré-utiliser), et je vois qu'il me reste au moins trois quarts d'heure rien que pour moi. Il faut que j'aille à Nantes, car ce n'est pas dans ce village que je vais trouver l'orphelinat. Nantes n'est qu'à 2 kilomètres mais je préférerais prendre le bus pour m'y rendre. Heureusement, je connais le village par cœur, et je me rends à l'arrêt de bus en 5 minutes. Le prochain bus passe dans peu de temps, alors je pense, assise sur le banc de l'arrêt. Même si on est au printemps, il fait un peu froid, et j'aurais dû prendre une veste. Il n'arrête pas d'y avoir des brises de vent, qui est glacial, en plus.

Par chance, le bus arrive, et je monte dedans avant de geler sur place. Je paye le chauffeur et je vais m'asseoir à côté d'un vieil homme à la barbe grisonnante.
Durant le trajet, je reçois un message de Jonathan.

De Jo' à Charlotte:

Tu viens de passer à la télé !!! Ils ont dit que les infos étaient assez floues, mais que Charlotte Desbois était retrouvée saine et sauve. Je sais pas ce que tu leur as dit, mais ça à l'air de les avoir perturbés.

Je n'ai pas envie de répondre, alors je laisse ce message de côté pour me concentrer sur mon objectif : repérer l'orphelinat. Si j'ai le temps, j'y rentrerai.

Je viens d'arriver à Nantes. Il me reste un peu moins de 30 minutes, mais je pense que ce sera suffisant pour repérer l'orphelinat. Je demande mon chemin à plusieurs passants, dont quelques-uns qui me parlent de mon passage à la télé et qui essayent d'avoir plus d'informations. Je n'arrive pas à croire que mon passage à la gendarmerie a été rendu public aussi vite, mais tant pis.
Malheureusement, à cause de ces curieux, j'ai perdu énormément de temps, et il ne me reste que 10 minutes (car je dois prendre le bus après) pour trouver l'orphelinat. Je me mets presque à courir à travers la ville, et il fait de plus en plus froid.
Je me retrouve enfin devant un grand bâtiment sombre qui sent la déprime à plein nez. Devant, un grand portail noir en fer avec écrit en lettres majuscules d'or ORPHELINAT DE NANTES. Franchement, cet endroit ne me plait pas du tout, et j'ai envie de rebrousser chemin. De toute façon, il ne me reste que quelques minutes pour retourner à l'arrêt de bus et rentrer chez moi.

Secret PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant