Chapitre 13 : Mystère

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Nous prenons ensuite le tramway pour retourner au local du groupe. Durant le trajet, aucun de nous deux ne parle. Ce silence est pesant, voire même blessant et frustrant, mais je préfère éviter que l'on se dispute à nouveau.
Je ne comprends pas d'où ça vient.... On s'entendait bien jusqu'à présent, et d'un seul coup, on se dispute pour un rien...
Comme si quelque chose de nouveau s'était installé entre nous.
La seule chose que je vois, c'est l'attirance que je commence à avoir pour lui. Mais c'est illogique! Pourquoi est-ce que ça causerait de la colère?
Il est vrai que c'est le bazar dans ma tête : je sais que je suis attirée par Jonathan, mais je refuse de me l'admettre. Ça m'énerve quand il fait semblant de me draguer, mais en même temps ça me frustre quand il ne le fait pas...
Ça ne me dérangerait pas de lui dire qu'il me plait, mais j'ai peur de sa réponse. Et puis, je n'arrive même pas à ME l'avouer, comment serais-je capable de l'admettre face à un gars qui se fout probablement de moi depuis qu'on se connait? J'aurais tellement l'air bête s'il me dit qu'il n'a jamais eu de sentiments pour moi... Je serais juste tombée dans le panneau.
J'aimerais connaitre son point de vue, mais le seul moyen de le connaitre, c'est de lui expliquer le mien, et c'est hors de question!
Et puis de toute façon, je ne me suis pas enfuie pour me faire draguer par un mec si prétentieux!
Bon, je vais essayer de me calmer. Je n'ai quand même pas envie de perdre mon seul ami dans cette ville.

Voilà notre arrêt ! Jonathan me fixe de ses yeux verts. Il me regarde bizarrement, comme s'il savait précisément à quoi je pensais il y a quelques instants.
Il nous reste quelques mètres à parcourir avant d'arriver, et ce silence devient insupportable, alors je décide de le briser:

-Jo'?
-Oui?
-Je suis désolée pour tout à l'heure, je n'aime pas qu'on se dispute comme ça... avoué-je
-Moi non plus, mais tu sais, Andréa est un sujet vraiment sensible pour moi. Je ne l'aime plus, mais ça reste quelqu'un que j'aimais beaucoup, alors elle sera toujours particulière à mes yeux... dit-il, un peu gêné
-Désolée.
-T'inquiète, tu ne pouvais pas savoir.
-Dis... Je peux te poser une question? osé-je
-Vas-y, ne te gène pas, répondit-il en souriant
-Quel effet ça fait d'être amoureux? demandé-je, extrêmement gênée
-Pourquoi? Tu ne l'as jamais été ?
-Non...
-Pour être honnête avec toi, j'aurais beaucoup de mal à te répondre. Je n'aime pas trop parler de sentiments et autres choses niaises. Tout ce que je peux te dire, c'est que ça peut à la fois te submerger de bonheur, et te détruire totalement.
-Comment quelque chose peut-il te rendre heureux et te détruire?
-Par exemple, si tu aimes une personne, mais qu'elle s'amuse juste à te faire espérer dans le vent. Tu nages dans le bonheur, jusqu'à ce que tu découvres la vérité. Au fond, vaut-il mieux se noyer dans un beau mensonge, ou affronter une dure vérité ? récite-t-il presque, avec un air de vécu

Sans le savoir, il venait de toucher un point sensible: c'est exactement ce que je vis avec lui... Mais s'il raconte ça, c'est certainement parce qu'il l'a lui-même subit. Reste à savoir s'il veut éviter cette souffrance aux autres ou bien se venger...

La porte du gymnase est à présent devant nous. Nous rentrons, et je propose à Jo' de faire un foot pour passer le temps.
J'ai toujours aimé le foot, bien que ma mère dise que c'est un "sport de garçons". Il rigolait un peu au début, mais il rigole beaucoup moins depuis que je lui ai mis 3 buts contre seulement 1 de sa part!

Il a abandonné au 10e but et nous a commandé une pizza. Avec jambon, sauce tomate, fromage, olives et champignons. Un régal quoi!

La fameuse pizza arrive 15 minutes plus tard, et nous discutons de nos plans pour cet après-midi en attendant. Il est prévu que le groupe vienne pour une répétition à partir de 13h. Ensuite, nous improviserons.

Pendant que je mange ma pizza, je sens que Jonathan me fixe:

-J'aime pas qu'on me regarde quand je mange... marmonné-je
-M'en fiche, tu es trop mignonne! rigole-t-il
-*soupir*
-Arrête de soupirer, je sais qu'au fond tu aimes bien que je te complimente.

Et c'est reparti pour ressembler à une tomate! J'en ai marre!

-Tu sais, il faut que je te parle sérieusement.
-Oui?
-Tu sais quand j'ai dit que j'avais fugué ?
-*j'aquiesce d'un hochement de tête *
-C'est faux. Enfin, pas totalement vrai quoi... J'ai fugué, mais pas de chez moi....
-Tu as fugué d'où alors??? question-je, intéressée
-Heu... Ça, je le garde pour plus tard, ok? réplique-t-il gêné
-Tu as commencé donc tu finis! m'énervé-je
-Je te promets que je te le dirai, mais j'ai peur de ta réaction...
-Fais comme tu veux... Mais je veux le savoir d'ici demain soir!
-Mais....
-Pas de mais, c'est toi qui a commencé!

Pour une fois, c'est moi qui ai eu le dernier mot. Soudain, j'entends un bruit de clef: c'est le groupe qui arrive. Nous redescendons en vitesse pour les accueillir.
Derrière Jess', je vois une petite fille blonde qui se cache:

-Salut Marie! Ne t'en fait pas, ma soeur est peureuse au début, mais c'est une vraie petite folle le reste du temps. C'est elle qui a insisté pour venir quand elle a appris qu'il y avait un nouveau membre! rigole Jess'
-Elle est vraiment trop choupie! m'exclamé-je

La fillette rougit puis se présente :

-Moi, c'est Mélodie ! Et Jessica c'est ma grande sœur !!!! s'écrie-t-elle de sa petite voix aiguë
-Eh bien moi, c'est Marie.
-BONJOUR MARIIIIIIIIIE!!!!!!!!
-Excuse-la elle a tendance à souvent crier, explique Jess'
-T'inquiète, c'est pas grave!

Nous commençons la répétition, rythmée par les applaudissements et la voix de Mélodie. Nous arrêtons à 15h, et Jo' et moi nous faisons presque dégager par Mélodie :

-Allez les z'amoureux! C'est l'heure de partiiir!

Je commence à répliquer, mais Jonathan m'entraîne à sa suite.

-Pourquoi on s'est faits virer ?!
-Chuuut, ne pose pas de question bébé ! murmure-t-il en posant son index sur mes lèvres
-Bon, on va où maintenant?
-J'ai dit pas de questions!
-Mais...
-Bon, on va faire du shopping et on va au cinéma, parce que j'aime prendre soin de toi, ça te va?
-Ouaip!
-Tu vois, t'es capable de ne pas poser de questions! s'exclame-t-il avec un sourire moqueur

Pour réponse, il a juste droit à un splendide doigt d'honneur, ce qui le fait exploser de rire pour je-ne-sais-quelle-raison.

Secret PasséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant