La cité des anges

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J'ai écris cette courte histoire pour le livre : Graine de Wattpadien.
Jetez-y un coup d'oeil, il regorge de choses fantastiques.
Le thème qui m'a été attribué était monde nouveau et/ou violence.



Mais qui est cet homme qui tombe de la Tour ?

L'échine droite malgré la pluie qui s'abat sur ses épaules, Jules avance. Sa capuche entrave sa vue, pourtant il ne la replace pas sur sa tête.
Il doit se dépêcher.
Il doit faire vite.

Le danger est partout.

Il accélère encore en changeant de ruelle, traversant les rues noires dans le résonnement de ses talons. Sa respiration erratique lui fait craindre qu'il n'entende pas le danger, alors il panique, les bras contre sa poitrine, suffoquant dans les ténèbres. Mais un bruit contre son torse le rappelle à l'ordre, et il serre encore un peu plus le petit enfant dans les pans de sa veste.

Le danger est partout.

Le ciel de cendre se gonfle d'un orage bruyant. Ses tympans explosent lorsque des éclairs déchirent les cieux. Il croise une femme dans une ruelle encore plus étroite que la précédente. Il baisse la tête, regarde les pavés irréguliers, et ne la relève que lorsque le bruit des chaussures de la femme s'est éloigné.
Les bras ballants contre son torse minuscule, le bébé le regarde de ses yeux si blancs qu'ils l'aspirent ailleurs, dans un monde où il ne serait pas obligé de fuir pour survire. Le cri rauque d'un oiseau noir lui fait lever les yeux au ciel, et il court maintenant sur les pavés, le front constellé de transpiration.
Il sait ce qu'il risque. Et ça n'a pas suffit à l'arrêter.

Le danger est partout.

Les hauts immeubles anguleux le toisent de leurs caméras ; le faible corps s'agite encore plus au rythme de sa course effrénée. Jules voit trouble, et la pluie glaciale brûle son visage. Le vent balaye l'air autour de lui, l'étouffant presque de son sifflement discontinu.
Quand enfin sa silhouette pressée aperçoit la Tour, les éclairs ont enflammés un bâtiment à l'ouest de la Cité. Les flammes orangées trouent le carcan d'ombre qui s'étale sur les Cubes, et les hommes en blancs progressent de plus en plus vite vers son corps en mouvement.

Le danger est partout, mais surtout face à lui.

Il se précipite dans la Tour avec la rapidité d'un animal en fuite, dévale les marches de pierres glissantes. Il tombe plusieurs fois, s'excuse auprès du bébé froid et continue de gravir l'ascension de son destin. Lorsqu'il arrive au dernier étage de la Tour et que le ciel s'offre à lui dans son grondement divin, l'incendie s'est propagé.

La ville brûle, et il sourit.

Jules aime ce qui détruit. Mais pour l'instant, il veut surtout protéger l'enfant dans ses bras frêles.
Comme les cieux sont lourds, au dessus de leurs têtes. La pointe de la Tour transperce les nuages, et dans les escaliers résonnent les pas cadencés des hommes en blanc. Jules frémit quand une rafale secoue ses vêtements.
Il se rapproche du bord, les bras au dessus du précipice.
Il les attend, et un rictus écarte ses lèvres. Le garçon a passé tant de temps à les fuir, pour finalement les conduire ici. Jules est un peu fier que son plan se déroule comme ce qu'il avait espéré.

Mais plus que tout, il a peur.

Les hommes en blanc ne laissent pas à l'angoisse le temps de ronger ses tripes que déjà, leur démarche mesurée s'élance vers lui. Jules recule encore vers le vide, et les hommes s'arrêtent dans une même synchronisation. Leurs visages inexpressifs le regardent, quand un homme se détache du groupe de quelques pas assurés sur la pierre mouillée.
Sa voix résonne, mécaniquement dérangeante dans un silence qui auparavant oppressait Jules.

NocturneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant