Le barman, le pirate et le phénix

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                                                  Sang et Metal

Chronologie : à situer après « Maetel Legend » et avant « Space Symphony Maetel », en particulier parce que le pirate qui y apparaît ne commande ni Arcadia, ni même un Death Shadow. Cette aventure de Bob est par conséquent antérieure à toutes les autres.

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Bob est Octodian, ce qui signifie qu'il possède, entre autres caractéristiques physiques pittoresques, un nombre de bras suffisant et une taille décourageante. Il ne s'appelle pas vraiment Bob, mais peu arrivent à prononcer le borborygme qui lui sert de patronyme. Quand les temps sont calmes, il ouvre un bar et le nomme « Metal Bloody Saloon ». Malheureusement, en ce moment ce n'est pas le cas, et l'assaut inattendu des troupes mécanoïdes de la reine Promethium rend la situation des peuples dits « organiques » d'autant plus précaire que la contre-offensive peine à s'organiser.

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Il fallait se rendre à l'évidence : ils perdaient. Seules quelques poches de résistance tenaient encore, mais pour combien de temps ? Face à eux, l'ennemi était supérieur en nombre et mieux équipé, et son avance apparaissait inexorable.

Retranché derrière les restes d'un char blindé, le barman déchargea rageusement son arme sur une patrouille qui s'était imprudemment avancée à découvert.

— Il me faut d'autres unités de recharge ! cria-t-il tout en fouillant ses poches à la recherche d'un de ces précieux cristaux énergétiques qui lui permettraient de reprendre son tir.

Pas de réponse. Il tiqua. Nom de Xch'rhch, où étaient passés les trois types réfugiés dans le bâtiment en ruines sur sa gauche ? Et où était passé le gars qui canardait à tout-va depuis le coin d'une ruelle adjacente ?
Il jeta un coup d'œil à la ronde, puis grimaça. Le bâtiment n'existait plus. Les murs, déjà rudement ébranlés par un bombardement intensif, achevaient de s'écrouler dans un nuage de poussière. Les tirs ennemis, qui s'étaient interrompus un moment, reprirent de plus belle... et semblèrent se concentrer uniquement sur son abri. Il était seul, comprit-il. Et il ne tiendrait plus la position. Il était temps de songer à battre en retraite.

Il balança ses dernières grenades en direction des lignes adverses et profita de la fumée dégagée par les explosions pour se ruer dans l'immeuble encore debout derrière lui. Il en traversa tout le rez-de-chaussée en trombe, enfonçant facilement portes et cloisons légères (l'avantage d'être octodian). Il ne ralentit pas l'allure tandis qu'il traversait l'ancien boulevard commercial de cette partie de la ville et plongeait dans le dédale de ruelles sinueuses de l'ancien marché. Il ne s'autorisa une pause que lorsque le pilonnement ennemi ne fut plus qu'un bruit étouffé dans le lointain.

Le silence se fit total pendant quelques minutes irréalistes, seulement troublé par les battements sourds de son cœur et le halètement rauque de sa respiration.

Il entendit les cris alors que son corps fatigué s'affaissait contre un mur. Il souffla. On n'échappait pas à la guerre à la course.

Le barman inspira profondément, vérifia son arme, puis risqua un coup d'œil.

Acculé contre un pan de mur, un jeune garçon dépenaillé, le visage mangé par des mèches de cheveux en bataille, était tenu en joue par une patrouille de quatre soldats mécanoïdes. La partie était jouée d'avance, songea l'Octodian avec un pincement au cœur. Le garçon serait emmené, mécanisé et incorporé dans leur armée, ou bien il irait grossir les rangs des prisonniers qui trimaient dans les mines de dilithium. Il se racontait aussi que l'Empire emmenait sur Andromède des wagons entiers de prisonniers que nul ne revoyait jamais.

Le barman et le pirateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant