Bus

Samuel

J'aimais courir, sentir cette force en moi qui me poussait vers l'avant. On m'avait toujours dit que j'avais une énorme capacité de détermination et que j'étais positif, que je voulais toujours aller de l'avant. Et c'était vrai, même si à présent j'avais beaucoup plus de difficultés à garder ce trait de ma personnalité. Je savais qu'avancer ne servait plus à rien, je finirais de toute façon par tomber... Trop tôt, beaucoup trop tôt.

Quoi qu'il en soit, j'aimais courir. Je me vidais la tête et pensais seulement à l'impact du sol sur mes pieds, à la légère brise dans mon cou et à la sueur dans mon dos. J'aimais cette sensation d'apaisement et de vivacité après quelques kilomètres, les courbatures qui se faisaient ressentir quelques jours après. J'aimais tout cela.

Malheureusement j'habitais dans une ville et sûrement la pire qui soit. Aucun trottoir, une atmosphère grise due à la pollution, peu de verdure, seulement des routes, du béton et encore du béton.

C'est pour cela que chaque week-end, je me levais à l'aube, prenais le métro puis le premier bus qui m'emmenait dans un petit village voisin. Il n'était pas très grand, mais rempli de sentiers inédits, même si cela faisait des mois que je m'y rendais je savais que je n'avais pas encore fait la moitié des chemins possibles.

J'appréciais aussi le calme autour de moi lors de mes courses. Habitué à toujours être entouré de médecins, infirmiers et parents je savais que tous étaient inquiets de mon état ; mais bon sang, étaient-ils obligés de me coller autant ? Alors même si j'étais sûrement interdit de sport, je voulais en profiter un maximum. Bien sûr je ne forçais pas trop sur mes muscles, mais profitais seulement de cet instant de calme sur les chemins.