"Mais tu as réussi à devenir vraiment proche de Perrie dans un court laps de temps... et j'ai pensé qu'il était temps que j'intervienne"
Point de vue de PerrieCela faisait trois jours que nous étions sans nouvelles de Jade et j'avais l'impression de mourir intérieurement. Je veux dire, j'étais déjà assez mal quand elle était avec Liam, mais maintenant qu'elle était disparue c'était encore pire, surtout après nous être quittées sur une dispute.
Et si elle s'en était prise à elle-même après ça et sa rupture avec Liam ?
Non, je ne devais pas penser à ça.
Elle était forcément quelque part... si seulement je savais où... je serais déjà partie la trouver et botter les fesses de ceux qui s'en étaient pris à elle et m'avaient gardé loin d'elle aussi longtemps. Ça me frustrait tellement ! Pourquoi ne pouvait-elle pas juste revenir, me faire un câlin et me dire qu'il ne lui était rien arrivé de grave ?
Ce n'était pas juste... j'avais besoin de ma Jade. Elle était tellement innocente et sans défense.
Comment pouvais-je la sauver ?***
Point de vue JadeJe n'avais aucune idée de l'endroit où je me trouvais. Je n'avais pas vu la lumière du jour depuis... je n'en avais aucune idée. C'était comme si j'avais perdu la notion du temps. Il faisait noir dans la pièce, mis à part la lumière qui émanait d'une lampe à huile, suspendue au dessus de moi. Si je me levais j'aurais sans doute pu la toucher, mais je n'en avais pas la force.
Ce n'était pas comme si j'étais attachée à quelque chose mais je n'avais pas mangé depuis que j'étais arrivée ici et tout ce que j'y avais fait avait été de me faire des reproches et de pleurer sur ce lit inconfortable et dépourvu de draps. J'avais dû sombrer dans le sommeil plusieurs fois mais je n'avais vraiment aucune idée de l'heure qu'il pouvait être.
Peut-être étais-je ici depuis 24h, une semaine ou encore seulement quelques heures; je n'en avais vraiment aucune idée.
J'entendis un bruit et la porte grinça - elle était en bois mais bien trop épaisse pour être brisée. J'avais déjà estimé mes chances et la porte semblait bien trop lourde pour moi. Si seulement Perrie était là avec moi... Elle était sûrement aussi petite et frêle que moi mais je savais qu'elle avait de la force...
Bien sûr j'avais peur, je ne comprenais rien à ce qui m'arrivait mais le plus étrange c'était que j'avais plus peur de l'état de Perrie que de ma survie actuelle. J'avais beaucoup pleuré et j'étais juste épuisée, tout ce que je demandais était un peu de sommeil...
Je plissais les yeux vers la personne qui venait de pénétrer dans la pièce - peine perdue, impossible pour moi de la reconnaître il ou elle portait quelque chose qui recouvrait son visage - je me mis à tousser. Ma gorge était douloureuse, je n'avais pas bu depuis une éternité. Elle me tendit une bouteille avec un liquide clair (j'espérais que c'était de l'eau) et déposa un plateau avec de la nourriture. Ensuite elle sortit sans ajouter un mot.
Ça devait être un garçon, il était grand, plus grand encore que Harry ou les garçons de l'école et très large au niveau des épaules. Ça me donnait la chair de poule.
Pourquoi tout cela m'arrivait à moi ? N'avais-je pas traversé assez d'épreuves dans ma vie ?
Je ne touchais pas à l'eau ni au plateau que je posais par terre et me mis en boule, mes bras autour de mes jambes. J'appuyais mon menton sur mes genoux et laissais libre cours à mes larmes.
Peut-être que tout ce que je méritais était de mourir ici...Je ne m'étais pas rendue compte que je m'étais endormie avant que quelqu'un ne me réveille de manière abrupte. Je me redressais vivement, apeurée et croisais le regard de deux prunelles sombres, impossible d'en dire la couleur. Ils auraient pu être bleus ou verts, impossible de dire à cause de la pénombre qui régnait dans la pièce.
"Pourquoi t'as pas mangé ?" me demanda le gars. Sa voix était grave mais j'étais sûre de ne jamais l'avoir entendue auparavant. "Mange maintenant, tu veux mourir ou quoi ?" Il me balança presque le plateau dessus et je pris la fourchette en tremblant. J'avalais quelques pâtes à la tomate, froides maintenant mais toujours excellentes, bien que j'avais peur de les manger. Qui sait ce qu'ils avaient pu y mettre ? J'avais peur de manger ce qu'il m'avait donné mais j'avais plus peur encore de ne pas faire ce qu'il me disait - j'étais presque sûre qu'il pourrait me frapper.
Je mâchais lentement la nourriture, mon ravisseur ne me lâchant pas du regard. Je ne pouvais pas vraiment le décrire, à part qu'il était grand et qu'il m'apparaissait comme très dangereux. Je ne savais même pas où j'étais et pourquoi j'étais là. "Bien. Bois ou tu vas te déshydrater."
J'acquiesçai et sirotais l'eau, car c'était bien de l'eau. Ma mère m'avait expliqué qu'il fallait boire doucement et petit à petit quand on n'avait pas bu depuis longtemps ou bien on pouvait tout vomir. "Grouille toi, j'ai pas tout mon temps."
"On- on est quel jour ?" lui demandai-je, la voix tremblante. Je la reconnus à peine - elle n'était pas seulement chevrotante mais aussi rauque et ça me faisait même mal de parler tellement ma gorge était sèche.
"Hm, on est le 7 Décembre."
Ça voulait donc dire que j'étais là depuis quatre jours. Eh bien c'était peu mais tout de même beaucoup. Mes parents devaient être morts d'inquiétude mais ausi Liam et Perrie... Perrie. Je retins mes larmes. Pourquoi ne pouvait-il pas juste me laisser partir ?
Pourquoi n'avais-je pas révélé mes vrais sentiments à Perrie avant qu'il ne soit trop tard ?
"Arrête de pleurer." grogna-t-il et je vis qu'il levait les yeux au ciel, mes yeux s'accoutumant à la pénombre. "Je dois y aller maintenant mais je serais vite de retour. Ne pars pas." Il sortit et me laissa seule, une fois de plus.
Il était drôle lui, où aurais-je pu aller ? Il pensait que j'avais des supers pouvoirs et que je pouvais casser la porte d'un coup de poing ou bien ?
Cependant je me sentais un peu mieux après avoir mangé, mes mains étaient toujours serrées autour de la bouteille. Il m'avait dit de me dépêcher mais il était parti avant que je ne finisse la bouteille. C'était quoi son problème au juste ?
Et qui était-il ?
Comme promis il revint plus tard, avec une autre bouteille d'eau et des gâteaux au chocolat sur du papier sulfurisé.
Ok donc d'abord il me laissait mourir de faim et soudainement il essayait de m'engraisser ?
"Comment tu te sens ?" me demanda-t-il, il avait enlevé sa cagoule et il haussa les sourcils vers moi.
"Comment tu te sentirais à ma place ?" je me mis à tousser, ma gorge étant toujours sèche.
Il rigola et s'assit à côté de moi sur le lit. "Tu peux manger avec moi si tu veux. Tu peux aussi m'appeler J maintenant que j'y pense, je ne peux pas te dire mon prénom entier pour le moment. On verra comment ça avance d'accord ?" m'expliqua-t-il, gentiment d'ailleurs comme si on était meilleurs amis. En fait, si on ne faisait pas attention à ses propos mais juste au ton de sa voix, n'importe qui aurait été enclin à penser que nous l'étions.
"Pourquoi tu ne me réponds pas ?" je fus surprise par son changement d'humeur si rapide. Aujourd'hui, quand il m'avait dit de manger, il avait été tout sauf gentil et là... on aurait dit qu'il voulait sympathiser avec moi.
"Désolée" murmurai-je, je ne voulais surtout pas l'énerver.
"Donc, qu'est ce que tu as fait aujourd'hui ?"
Je me redressais et laissais mon visage exprimer toute mon incompréhension, il était vraiment sérieux ? "Euh... je suis restée dans cette pièce... j'ai mangé, j'ai bu et j'ai dormi."
"Ça a l'air chiant. Pourquoi t'es pas sortie ?"
"Parce que je ne peux pas ?" lui répondis-je, confuse.
"Haha désolée, j'adore dire des choses qui n'ont aucun sens et perturber les autres. J'adore embrouiller les esprits, ne me demande pas pourquoi. C'est vraiment trop drôle. Donc... pourquoi penses-tu que tu es là ?" Il me prit un sablé chocolaté et me sourit, comme si je n'étais pas là par sa faute.
"Euh... non, je suis désolée, je n'en ai aucune idée..." lui révélai-je et acceptai le biscuit qu'il me tendit. "Tu veux bien m'expliquer ?"
"Mais si je le fais je devrais te révéler qui je suis" sourit-il, dévoilant ses dents. Malgré ses efforts pour faire un sourire sincère, il me fit quand même peur, probablement parce que ce gars me faisait peur tout le temps en général. "Okay c'est d'accord" soupira-t-il en voyant que je ne lui avais pas rendu son sourire. "Mon prénom est Jonnie."
Pendant quelques secondes son prénom ne me dit rien mais d'un coup je compris et mes yeux s'écarquillèrent sous l'effet de la surprise. "Tu es... tu es le frère de Perrie ?" lui demandai-je. Il faisait chaud tout d'un coup dans la pièce et l'urgence d'en sortir me prit. Je savais qu'il était comme ses parents, qu'il n'hésitait pas à s'en prendre à Perrie sur leur modèle et elle était sa soeur. Si il était capable de faire du mal à sa propre soeur alors il ne prendrait pas de pincettes avec moi, une étrangère.
"Tu ne sais toujours pas pourquoi tu es là, n'est-ce pas ?" m'interrogea-t-il en dévoilant ce sourire une nouvelle fois, celui qui me faisait si peur. "Eh bien, c'est une longue histoire... et bien sûr ça a un rapport avec ma soeur. Ce n'est pas de ta faute si tu es là, c'est juste que tu es trop proche d'elle tu vois."
Je penchais la tête sur le côté, il fallait vraiment le suivre pour pouvoir le comprendre. "Qu'est-ce que tu veux dire. Perrie et moi on s'est disputées avant que tu ne me kidnappes." lui expliquai-je et il acquiescça en connaissance de cause.
"Oui, mais c'était quelque peu prévisible. J'attendais de voir ce que tu allais faire. Ces autres filles n'étaient pas une réelle menace, Jesy et Leigh-Anne et aussi l'autre là mais elle est partie d'elle-même. Mais tu as réussi à devenir vraiment proche de Perrie dans un court laps de temps... et j'ai pensé qu'il était temps que j'intervienne."
Comme il ne parlait pas, je continuais à fixer mes pieds. Je portais toujours mes chaussures, celles que je portais tout le temps avec mon uniforme. Ce qui me rappela que je portais toujours ce dernier... depuis quatre jours maintenant. Je n'avais pas pris de douche, j'étais en colère, triste et frustrée.
"Peu importe, j'espère que tu as aimé la nourriture. Ma maman a tout cuisiné, mais elle ne sait pas que j'ai de la visite." Il me fit un clin d'œil et je grimaçai. "Souviens-toi bien Jade, tu es seulement là à cause de ma soeur." Et sur ces paroles il sortit.
Je me rallongeais sur le lit et secouais la tête. Perrie n'était pas la seule raison de ma présence ici. La seule raison était qu'il devait être un peu fou et qu'il ne supportait pas que sa soeur soit heureuse. Je gémis et me roulais en boule, mes genoux contre ma poitrine - c'était bien tout ce que j'avais.***
Je fus réveillée par du bruit et me redressais en sursaut, clignant des yeux pour essayer de distinguer quelque chose. "Jade ?" appela une voix de fille et je fouillais frénétiquement la pièce du regard. "Perrie ? Où es-tu ?" je tentais de la trouver mais il faisait trop noir pour voir qui que ce soit.
"Je suis là" murmura-t-elle et je sentis ses mains sur mes épaules. Immédiatement je me réfugiais dans ses bras et la serrais le plus fort possible, les larmes coulant naturellement. "Comment m'as-tu trouvé ?" reniflai-je, me redressant pour mieux la voir - ses yeux brillaient et je ne pouvais m'empêcher de sourire.
"Je ne t'abandonnerai plus jamais" souffla-t-elle dans mes cheveux en m'apaisant d'une main dans le dos. Je me mis à pleurer une nouvelle fois mais cette fois c'était de joie - elle m'avait retrouvé et elle allait me sortir de là. Perrie était là pour me sauver. Qu'est-ce que je pouvais faire de plus à part pleurer ?
"Jade" dit son frère et je sursautais, apeurée de ce qu'il allait nous faire - allait-il nous frapper ? Nous balancer un vase dessus ? Ou nous giffler avec ses grandes mains ?
"Allez Jade" plaida-t-il.
Je ne pouvais pas le voir mais avec le son de sa voix je savais qu'il était tout proche.
"Jade ne m'agace pas !" dit-il furieusement et je sentis quelque chose frapper ma joue.
Je m'étranglais et vacillais, me rendant compte que j'étais dans mon lit, dans la pièce sombre. C'était un rêve. Perrie n'était pas là pour me sauver. Elle n'était pas là pour me protéger de son grand frère et elle ne devait même pas être dans la maison ou l'immeuble où je me trouvais. Si seulement je savais où j'étais !
"Enfin !" s'exclama-t-il en s'asseyant près de moi. "Je pensais que tu n'allais jamais te réveiller. Tu étais en train de sourire - tu rêvais de quoi ?"
"C'est pas tes affaires" grommelai-je, le regrettant instantanément.
"Dis moi" insista-t-il et son ton n'autorisait aucune protestation alors je baissais les yeux. Mes mains tremblaient et j'avais peur de ce qu'il était capable de faire si je lui disais la vérité. Devais-je inventer un mensonge ? "Je pensais à mon petit ami." murmurai-je.
"Ne mens pas." dit-il. "Je sais que tu as rompu avec Liam et je sais aussi pourquoi... je suis juste curieux... qui est cette autre personne dont tu parlais ? Je sais que tu n'as jamais dit 'il' donc tu as piqué ma curiosité au vif... c'est probablement Perrie non ?" me sourit-il et j'aurais adoré le gifler pour qu'il me laisse tranquille mais j'en étais bien incapable - j'osais à peine bouger.
"Était-ce évident ?"
Et depuis quand m'observait-il ?
"Donc, c'est bien ma soeur ? Parce que si oui je vais devoir faire quelque chose pour que tu restes éloignée d'elle. Dis moi Jade, pourquoi as-tu changé d'école ? Si tu ne l'avais pas fait tu ne serais pas là en ce moment.
Je me mordis les lèvres et tentais de déchiffrer ce qu'il voulait me dire, il pouvait être en train de se moquer de moi ou être juste curieux.
C'était tellement absurde - il savait être sympa avec moi de temps en temps et c'était sans doute ça le plus flippant. Il était perturbé et je savais ce dont il était capable... du moins je l'espérais. Si c'était pire que ce que j'avais prévu il n'y aurait plus d'espoir et je mourirai dans cette pièce, de sa main.
"Jade ? J'attends." Il semblait un peu agacé maintenant et avant d'avoir eu le temps d'ouvrir la bouche il me gifla avant de se lever. "Si je te demande quelque chose la prochaine fois tu répondras." Il grogna et sortit de la pièce, non sans verrouiller derrière lui.
Je pris un de mes oreillers dans mes bras, l'enserrant comme si c'était Perrie qui était là près de moi, à me réconforter et à me dire que tout allait rentrer dans l'ordre. Peut-être un jour après tout. Tandis que mes paupières se fermaient c'était comme si elle était là avec moi, j'entendais sa voix me dire qu'elle était là et qu'elle allait me sortir de là.