"Pourquoi était-il obligé de me garder là ?"
"Salut Jade, bien dormie ?"
"Si on tient compte de ma situation... génial". Je m'essayais à lui sourire mais il m'intimidait toujours. Je ne savais toujours pas jusqu'où il pourrait aller si je le mettais en colère, je faisais donc de mon mieux pour dire des choses qui le rendraient heureux à son tour.
"Je pensais à quelque chose, on pourrait jouer tous les deux non ? Je dois être au travail dans deux heures mais en attendant... pourquoi pas un petit action ou vérité ?". Il me sourit en s'asseyant près de moi.
Si quelques instants plus tôt j'étais encore dans les bras de Morphée, j'étais maintenant pleinement éveillée. Il voulait vraiment jouer à ça avec moi ? Ça pouvait être ma chance de me tirer d'ici ! "Ok, je joue" Je lui souris en l'interrogeant du regard, "j'ai le droit de proposer ce que je veux ou.. ?"
"Eh bien" il rigola et but une gorgée de la tasse qu'il tenait (du café vue l'odeur qui s'en dégageait) et me sourit. "Bien sûr tu n'as pas le droit de me défier de te laisser sortir d'ici. A part ça tu peux faire ce que tu veux."
"Ça marche", lui souris-je. Je savais déjà ce qu'il allait dire et ce n'était pas pour me déplaire. Je le regardais en attente de ce qui allait venir et me frottais les yeux, je venais juste de me réveiller et maintenant que l'excitation était quelque peu redescendue la fatigue se faisait à nouveau ressentir. "Qui commence ?"
"Moi. Ok, action ou vérité ?"
"Vérité"lui répondis-je en posant les coudes sur mes genoux, attendant sa question. Je devais admettre que j'avais peur de ce qu'il allait me demander mais l'idée de pouvoir m'échapper d'ici était trop importante pour laisser tomber.
"Ok, qui était la première personne dont tu es tombée amoureuse ?"
Je n'avais aucune idée du pourquoi du comment il voulait savoir une telle chose mais c'était une question simple puisqu'il ne devait probablement pas connaître ce garçon après tout. "Son nom était Connor Robinson" lui dis-je en regardant dans le vide, comme si je repensais à lui avec un sourire nostalgique. "Mes parents m'avaient demandé de lui donner des cours de soutien et il était le seul gentil avec moi à l'école, ou du moins c'était ce que je pensais. Il m'a embrassée et je pensais qu'il m'aimait vraiment mais je n'étais qu'un pari pour lui - qu'il a d'ailleurs perdu parce qu'il n'a pas réussi à coucher avec moi. Je veux dire, je n'avais que 12 ans."
"La douche froide" murmura-t-il et je l'observai en haussant les sourcils. J'avais pu protester lorsque ce gars avait voulu coucher avec moi - alors qu'au contraire avec lui, je ne contrôlais absolument pas la situation.
"Pourquoi es-tu si gentil avec moi ?" lui demandai-je avant de me rendre compte que j'avais quelque peu pensé à voix haute.
"Pourquoi ? Je ne devrais pas ? Tu n'as rien fait de mal pourtant."
Maintenant j'étais vraiment confuse. "Mais... Pourquoi tu me séquestres ici alors ?"
Il rigola et secoua la tête avec un sourire sur les lèvres. "Je te l'ai dit le jour où nous avons vraiment parlé pour la première fois, tu t'en souviens ? Je t'ai dit que tout était à propos de Perrie. C'est de sa faut si tu es ici et je te garderais là jusqu'à ce que tu réalises que tu dois la laisser tranquille. Je suis son grand frère et je suis censé la protéger, d'avoir le coeur brisé. Et je sais que tu lui aurais brisé le coeur si je n'étais pas intervenu.
"Mais alors si tu es censé la protéger, pourquoi tu lui as balancé un vase dessus ?" lui demandai-je, encore plus confuse que je ne pensais l'être. Pourquoi était-il obligé de me garder là ? Il ne pouvait pas juste me dire ses pensées et me laisser sortir de toute cette confusion ? Ou alors me laisser m'évader ?
"Oh. Elle t'en as parlé ?" dit-il, sérieusement intrigué. Il pensait probablement tout savoir de ma liaison avec Perrie, mais apparemment ce n'était pas le cas. Mais comment pouvait-il savoir autant de choses sur nous alors qu'il n'avait même pas su au début que j'avais dormi chez Perrie quand lui et ses parents étaient absents ? "Eh bien, ma mère me disait qu'elle était sur le point de tuer sa "fille incompétente qui lui coûte des milliers de livres sterling" et j'ai essayé de l'arrêter mais elle ne voulait pas m'écouter. J'ai décidé de lui jeter quelque chose dessus, parce que peu importe à quel point j'aime tous les membres de ma famille, Perrie passera toujours avant qui que ce soit."
"Oh." dis-je parce que honnêtement, je ne savais pas quoi dire d'autre. Savait-elle à quel point il l'aimait ? Et il avait fait tout ça uniquement parce qu'il l'aimait, même si c'était une façon un peu bizarre de le montrer...
Pourquoi ne le lui disait-il pas comme une personne normale au lieu de kidnapper l'une de ses meilleures amies ? "Et... désolée si je suis trop curieuse... mais c'est quoi ces histoires de voyages que tu fais toi et tes parents une fois de temps en temps ? Tu sais, quand vous allez quelque part pendant tout un week-end ou juste pour une nuit et que vous laissez Perrie toute seule ? Où allez-vous ?"
"Tu es vraiment curieuse," me sourit-il mais il ne semblait pas offensé par mes propos. C'était vraiment très intéressant de le voir s'ouvrir à moi autant. Je ne m'en serais jamais doutée... "En fait, je sais que mes parents... n'ont jamais voulu m'avoir moi ou Perrie mais ils ne nous ont jamais laissé tomber. Ce qui aurait été mieux, pour nous deux, même si nous avions été séparés par la suite. Mais j'en suis heureux en quelque sorte qu'ils ne l'aient pas fait parce que j'ai appris ce que c'était de s'occuper de quelqu'un qui est comment dire plus faible que toi. Je ne suis pas sûr que Perrie sache tout ce que je fais pour elle, je pense qu'elle me voit comme un grand frère diabolique." Il soupira tristement et détourna le regard et je ressentis de la sympathie pour lui, peu importe à quel point ça semblait bizarre. Comment pouvais-je ressentir un tel sentiment pour quelqu'un qui me gardait enfermée dans une pièce sombre afin que sa petite soeur puisse m'oublier ?
"De toute façon, je sais que quand ma mère a un peu trop bu elle devient toujours... comme si elle allait se débarrasser d'un moment à l'autre de Perrie. Mon père est plus ou moins inoffensif, tout ce qu'il fait c'est crier, mais quel père ne le fait pas ? Bref, mon père et moi avons décidé que nous prendrions toujours soin d'elle en l'éloignant pour une nuit ou deux quand elle est dans cet état d'esprit là. Je ne sais vraiment pas pourquoi elle est autant répugnée par Perrie..." Il soupira à nouveau et secoua tristement la tête.
"Puis-je te poser une dernière question ?" lui demandai-je implorante. Je me sentais vraiment désolée pour tout ce qu'il avait eu à surmonter.
"Oui, bien sûr, maintenant que tu sais tout."
Je me raclais la gorge et m'assis bien droite parce que je me sentais bizarre de lui demander cela maintenant, même si ce n'était pas comme mes autres questions. J'avais juste besoin de le savoir. "Si tu veux sauver Perrie, pourquoi me gardes-tu ici ? Je vais te révéler un secret maintenant... J'aime Perrie, ok ? Je n'oserais jamais la blesser, sérieusement. Tout cela, tout ce qui s'est passé, est un gros malentendu. Je voulais lui dire que je l'aimais toujours et qu'elle n'était pas n'importe qui pour moi, qu'elle ne m'ennuyait pas le moins du monde. Elle compte tellement pour moi, je jure que je ne lui ferais jamais de mal. Mais ne la blesses-tu pas en me gardant ici ? Tu as dit toi-même que Perrie et moi étiez très proches et que je signifiais quelque chose à ses yeux. S'il-te-plaît, laisse-moi m'en aller. Je la rendrais heureuse, tant qu'elle voudra bien de moi. Si elle ne veut plus de moi, je m'en irais, je le jure devant Dieu. Tu la blesses dans toute cette histoire, si ce que tu m'as avoué est vrai."
Pendant un long moment il resta le regard dérivant dans le vide, son menton dans la main. Il semblait réfléchir intensément, calculant les options qu'il avait et probablement si il pouvait me croire et me faire confiance. Quelle raison aurais-je à lui mentir ? Ok, peut-être en avais-je une, mais j'avais vraiment Perrie et je voulais tellement lui parler, la voir, lui dire à quel point je l'aimais.
"Si je te laissais partir..." murmura-t-il et mon coeur se mit soudainement à s'accélérer. Me laisserait-il vraiment partir ? Les yeux grands ouverts j'attendis la suite et ça sembla prendre une éternité avant qu'il ne rouvre la bouche. "Si je te laissais partir, où dirais-tu que tu étais ? Ou pourquoi personne n'avait réussi à te joindre ? Leur dirais-tu que c'était moi ? Perrie penserait à nouveau que je suis le monstre..."
"Euh... je pourrais essayer de le lui expliquer."
"Je sais exactement ce qui se passerait" rigola-t-il amèrement. "Elle te demanderait pourquoi tu prends ma défense, et ensuite elle serait en colère contre moi mais aussi contre toi... Je... je voudrais vraiment te laisser sortir, si tu me cherchais un prétexte."if you could tell me an excuse."
"Je...Je..." Je cherchais frénétiquement un prétexte que je pourrais sortir à quiconque. Si ça n'avait pas été nous trois - Perrie, Jonnie et moi - j'aurais dit la vérité. Mais je ne voulais que personne sache que ça avait été lui. Il avait seulement fait ça pour sauver le coeur de sa soeur et je comprenais sérieusement son geste. Il avait juste réagi trop rapidement, sans penser proprement et je n'étais certainement pas la seule à juger quand j'avais été la personne jugée d'un simple coup d'oeil pendant des années. Je n'avais jamais voulu faire partie de ces personnes. "Je pourrais dire que je... que j'étais... dans les bois quelque part, coincée alors que j'avais pris un raccourci pour venir jusqu'à chez Perrie... ou bien j'étais dans les bois parce que je voulais aller aux toilettes et c'était le seul endroit que j'avais trouvé. Et les gens savent que je suis maladroite alors peut-être qu'ils me croiraient ? Et je me suis fait mal à la cheville et je n'arrivais plus à me relever et ma batterie était à plat donc je n'ai pas pu appeler qui que ce soit et j'ai survécu grâce à la nourriture et à l'eau dans mon cartable." lui souris-je, fière de mon histoire alors qu'il semblait vraiment surpris.
"Tu penses que tu peux dire ça à tout le monde ? Même Perrie, la personne dont tu as dit toi même qu'elle était celle que tu aimes le plus sur cette planète ?" Pour la première fois, je vis vraiment son vrai visage, sans son masque et je vis qu'il était brisé. Il avait vraiment besoin de l'amour de Perrie.
"Oui, parce que je vois à quel point tu l'aimes et que tu as besoin d'elle. Et si tu m'amènes à l'hôpital et que tu dis que tu m'as trouvé là-bas alors tu passeras pour un héros.
Et je pense que ce fut la première fois où je vis son vrai premier sourire. C'était exactement comme pour Perrie, ses yeux brillaient et le coin droit de sa lèvre était relevé. "Je suis tellement désolé de t'avoir kidnappé Jade, j'aurais dû réfléchir." Il me sourit mais ensuite il se mordit la lèvre inférieure. "Qu'est ce que tu vas faire pour ta cheville ? Elle doit au moins avoir l'air dans un sale état."
"Je sais." soupirai-je, en l'observant attentivement. J'avais peur de me blesser mais j'étais bien obligée. Je me relevais et me mis à marcher à travers la pièce sur mes pointes de pied. Je vis une sorte de trou dans le sol et me mis à marcher dans sa direction. Je sentis que mon pied ne parvint pas à supporter le poids de mon corps dans le trou et tombais au sol - avant que ma tête ne touche le sol, Jonnie m'attrapa fort heureusement.
"Oh !" m'exclamai-je en me mordant l'intérieur des joues, serrant le plus fort possible les paupières. Ça m'avait fait plus mal que tout ce que j'aurais pu imaginer. Maintenant j'étais sûre d'avoir quelque chose de grave à la cheville.
"Jade Thirlwall, tu viens juste de gagner un profond respect de ma part. Et maintenant, direction l'hôpital." dit-il en me portant, comme si j'étais une mariée à qui il aurait fallu faire franchir le seuil. De cette manière il ouvrit la porte avec son pied et je me sentis à nouveau libre.