Chapitre 1

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  Je me réveillai en sursaut, mon portable servant de réveil me faisant sursauter. J'ouvris d'abord un œil, puis l'autre. Ma chambre était encore sombre malgré le soleil qui se levait petit à petit. J'arrivais à voir les formes des étagères et des meubles de ma chambre de mieux en mieux. Je me redressai et m'étirai ; la nuit avait été courte, mais il fallait que je me lève pour ne pas être en retard le jour de la rentrée. Au moins le jour de la rentrée ! Les autres jours ne compteront pas. J'ouvris la porte de ma chambre et entrai dans la cuisine pour prendre des céréales et la bouteille de jus de fruit. Le matin, il ne fallait pas que l'on m'adresse la parole. Mais voilà que mon abruti de petit frère décida le contraire et de me mettre de mauvaise humeur à peine 3 minutes après mon réveil. C'était un record.
- Hugo !
- J'ai faaaaaim !
Je lui envoyai un coussin dans la figure.
- Qu'est-ce que tu fais debout aussi tôt ?
Comme si la réponse était évidente, mon petit frère répondit en haussant les épaules :
- Bah je suis venu te souhaiter une bonne rentrée !
Et je suis sensé te croire, Hugo ?
- Comme c'est gentil... tu n'aurais pas dû...
Mon petit frère répondit sur un ton plein de sarcasme :
- C'est vrai, j'aurai pas dû. Je vais me recoucher alors !
Hugo partit en courant aussi vite qu'il était venu.
Je pris mon verre mais je sentis un regard peser sur moi. Il n'était pas agréable et je relevai la tête pour découvrir la personne, quand je remarquai en soufflant de soulagement que c'était mon frère qui était revenu.
- Hugo ! Tu m'as fait p...
Je n'eus pas le temps de finir ma phrase. Mon frère s'avança vers moi d'un pas décidé et je vis son visage se décomposer, comme s'il coulait. Comme si sa peau, ses os et même lui, n'étaient que de la peinture que l'on pouvait essuyer avec un mouchoir. Je me levai et reculai. Les yeux de mon frère sortaient de ses orbites, ses dents devenaient plus acérées, sa peau blanche et le contour de ses yeux rouges, tout en continuant à couler. Je vis avec stupeur qu'il tenait un couteau tranchant à la main.
À présent, Hugo était juste devant moi. Mes habits étaient trempés par le stress, mes larmes coulaient et mes mains tremblaient. Mon cœur se mit à battre si vite que je ne savais pas si j'allais mourir d'une crise cardiaque ou coupé en deux avec un couteau par mon petit frère.
- Hugo... qu'est-ce que tu fais...
Mon souffle devenait trop irrégulier pour que je puisse parler normalement et Hugo s'approchait trop de ma tête.
- Tu nous as abandonné. Tu aurais dû mourir avec nous. Mais il n'est pas encore trop tard.
- Hugo... attends...
Mon petit frère leva sa main, le couteau était plus rouge que gris. Pas besoin d'être intelligent pour comprendre qu'il avait déjà servi pour tuer.
- Rejoins-nous.
Ce fût les dernières paroles, elles furent prononcées juste avant que le couteau ne s'abatte sur moi et...

  Je me réveillai en sursaut, des gouttes de sueur me coulant sur le front. Je pris mon portable et regardai l'heure ; 3h30. Je décidai de ne pas me rendormir et d'attendre une heure plus appropriée pour pouvoir me lever et me préparer.
  Des cauchemars, j'en faisais de plus en plus. Ils étaient de plus en plus fréquents, de plus en plus inquiétants aussi. Je retombais en enfance mais, cette fois, je n'avais personne à prendre dans mes bras et à serrer comme je le faisais si bien avec ma mère lorsque j'étais petit. Aujourd'hui, ni ma mère, ni mon père, ni mon frère et ni mon chien n'étaient encore là. Pourtant, ils étaient bel et bien présents dans mes rêves ou plus exactement, dans mes cauchemars. Parfois, je revoyais la voiture s'écraser et faire des tonneaux dans la ravin. Je ne sais comment j'ai réussi à m'en sortir ce jour-là. Tout ce que je savais, c'est que j'avais sauté de la voiture et avait vu ma famille s'écraser contre les arbres, puis couler dans l'eau pourtant peu profonde.

  La sonnerie du lycée n'allait pas tarder à retentir et une nouvelle année allait débuter, je le savais. Et je l'appréhendais. La raison était simple : que faisait mon meilleur ami, David ? Je n'aimais pas rester seul depuis que ma famille était morte dans l'accident de voiture, cet été. J'étais toujours aussi traumatisé mais j'essayais de rester calme et détendu, chose que mon meilleur ami arrivait très bien à me faire faire. La police avait dit que l'accident avait été accidentel, j'aurai aimé qu'il soit assez violent pour me faire mourir et me laisser en paix avec ma famille. Au lieu de ça, je devais subir ma tante qui n'était autre que la pire tante possible et imaginable. En fait, elle n'était ni cruelle ni méchante, elle était juste insociable. Impossible d'échanger plus de deux mots avec elle. Ma tante passait son temps à faire des mots fléchés sur les journaux et à se faire du thé.

Les pouvoirsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant