Les chroniques de Lily Aldridge: Nuit sans lune

CHAPITRE 3

Mon "don" que je ne maîtrisais pas à l'époque a créé bien du grabuge ce jour-là. Éric m'observait toujours adosser à la porte alors que je m'efforçais d'arrêter de trembler.

Annie quant à elle finit par me lâcher afin d'aller rejoindre son homme et lui chuchoter quelques mots. Elle me jeta un coup d'œil assez triste avant de se détourner et passer la porte en direction de sa chambre. Éric en revanche ne bougea pas d'un pouce et son expression ne trahissait aucune émotion, aucune pensée... Il arborait son visage de flic, celui qu'il prenait avant chaque interrogatoire. Je me levais et après avoir vérifié que mes jambes pouvaient me porter, je me dirigeais vers le miroir à pied qui trônait un peu plus loin contre le mur. Je me regardais et me semblais étrangère à moi-même une fois de plus... Je voyais une jeune femme de taille moyenne, aux courbes voluptueuses, aux cheveux bouclés couleur de feu et de grands yeux vert mis en valeur par une peau laiteuse. Pourtant je ne pouvais y croire... Je n'arrivais pas à chasser l'image de moi, petite fille, la robe tachée du sang de mes géniteurs. Comment avais-je réussi à tant changer en 13 ans. 

C'est mon père adoptif qui me sorti de mes pensées en se raclant la gorge. Il voulait me parler et cela semblait important mais il ne savait pas comment aborder le sujet en douceur. Je me détournais de mon reflet pour aller de nouveau m'asseoir sur mon lit en lui faisant signe de faire de même. Une fois Éric installé je lui demandais avec le plus de douceur possible qu'est-ce qui le tracassait.

- En fait... Écoute, avec Annie on se demandait si on ne devrait pas t'obliger à voir un psy. Avant que tu ne me coupes avec tes "non" laisse-moi finir!

Je ravalais les protestations qui ne demandaient qu'à s'échapper de la prison de mes lèvres et m'efforçais de rester calme. Ils m'avaient déjà parlé d'aller consulter un spécialiste afin qu'il m'aide à me débarrasser de ces cauchemars qui me hantent depuis treize ans maintenant. Je lui faisais donc signe de continuer avant que mon calme se fasse la malle. 

- Je sais que tu ne veux pas en entendre parler mais penses-y ! Je te promets de faire ce que tu veux si tu acceptes d'y réfléchir... Ils ne peuvent que t'aider ! 

Je jouais avec une de mes mèches en réfléchissant à ce qu'il venait de me dire... J'avais quelque chose à lui demander qu'il me refusait depuis de nombreuses années déjà. Mais je ne me faisais pas d'illusions, si je voulais qu'il accède à ma requête il me faudrait voir ce foutu psy et tout lui raconter de A à Z.