Je devais avoir psychoter pendant une bonne heure, imaginant l'homme entrer de nouveau par je ne sais quel miracle pour se venger. Mais c'était lui qui était en tort bon sang ! Il était celui en tort dans l'histoire ! J'attrapais mon téléphone portable et commençais à pianoter un message dessus à l'attention d'Eric. Après ce qui s'était passé, il était hors de question que je sorte d'ici à moins qu'il vienne me prendre. Je le laissais glisser à nouveau dans ma poche et me relevais. J'allais rester là encore un moment alors autant en profiter pour faire le tour et voir si la personne qui s'était acharnée à garder la maison habitable en avait profité pour toucher a des choses qu'elle n'aurait pas dû.
Mes pas m'avaient menée de nouveau devant la porte de ma chambre, mais... Je n'avais pas pu y entrer. J'avais peur de ce dont je pourrais me souvenir si je venais à franchir le pas. Depuis quand étais-je si faible ? Je secouais la tête, je n'étais pas faible, ça n'était que partie remise, j'irais quand je serais prête ! J'entrais donc dans la pièce juste en face et mettais les pieds dans la salle à manger. Celle-ci se composait, en plus d'une cuisine ouverte, d'une table plutôt imposante en son centre. On pouvait bien y attabler une dizaine de personne facilement et un peu plus loin se trouvait le coin salon avec son immense canapé d'angle en cuir noir et sa télé. Je m'approchais de ce dernier et m'y asseyais. Petite, j'avais l'habitude de m'endormir dessus en attendant le retour de mon père, généralement, je me réveillais des heures plus tard dans mon lit. Je souris à l'évocation de ce souvenir, mes doigts caressant doucement le cuir. Je me souvenais aussi des heures que papa avait passer pour me sermonner parce qu'il ne voulait pas que j'approche de ce même canapé de peur que je l'abîme. Une question s'imposa à moi... Avant le drame, avais-je eu, ne serait-ce qu'un bon souvenir avec mon père ? Il n'était pas celui qui me mettait au lit quand je m'endormais sur son précieux canapé. Il ne jouait pas avec moi, m'envoyait jouer dehors quand maman n'était pas là pour ne pas m'avoir dans ses pattes. C'était-il jamais comporté comme un père pour moi au final ?
Ma gorge se serra. Cette constatation faisait bien plus mal qu'elle ne l'aurait dû. Une larme coula le long de ma joue et je me levais en l'essuyant rageusement. Je ne pleurerais pas pour cet homme ! Il m'avait pris ma mère et qu'importe la relation que nous avions eu, il ne méritait plus de se faire appeler père.
Je me dirigeais vers la cuisine en inspectant les meubles de bois impeccable la composant. Je ne sais pas qui avait fait le ménage, mais même le plan de travail/bar en marbre donnait une impression de miroir. J'ouvrais les placards à la recherche d'un verre que je finis par trouver non sans avoir ouvert à peu près la moitié des meubles de la cuisine. Je me servais un verre d'eau bien fraîche avant de sortir et monter à l'étage.
Comme dans mes souvenirs, bien que je n'y montais que très rarement, l'étage n'était que couloirs et succession de portes menant à peu près toujours aux mêmes pièces. Une chambre avec salle de bain et parfois un dressing... Je trouverais bien de quoi en remplacer quelques-unes par des choses plus utiles si je gardais la maison. Continuant ma route, je vérifiais au passage que la trappe menant au grenier était bien fermée, et puisque c'était le cas, j'imaginais facilement les nombreux centimètres de poussière s'y étant accumulés... Sans parler des araignées. Beurk. Je me stoppais face à la chambre de mes parents. Ça n'était pas une peur sourde des souvenirs qui pourrais rejaillir qui m'y avait forcée, mais plutôt un interdit que j'avais encré depuis mon plus jeune âge. Je ne devais pas entrer ici, ça m'était interdit. Mais il n'était plus là dorénavant pour me dire quoi faire !
Que voulait-il me cacher ? J'ouvrais la porte rapidement et m'arrêtais sur le seuil surprise. J'avais eu le temps de me faire tellement de film sur cette pièce et les secrets qu'elle gardait... Mais rien, elle se révélait à moi de la même composition que toutes les autres inoccupées. C'était d'ailleurs impossible ! Papa et maman y avaient dormi pendant plus de six ans, elle ne pouvait pas être aussi impersonnelle ! Je commençais à chercher un signe, une preuve qu'ils avaient vécu ici, mais je ne trouvais que leur vêtement parfaitement rangés et surtout triés dans la penderie. Le reste de la chambre était vide. Pas une photo d'eux ensemble ni même de moi... Ça me faisait très vite penser qu'en fait, il n'y avait aucune photo que ce soit ici ou ailleurs dans la maison. Quelle famille n'avait pas de photos de ses membres, de souvenirs ensemble ? Je n'avais rien ! Si quelqu'un avait assisté à la scène, il aurait probablement considéré que j'exagérais, que ça n'était pas dramatique... Mais pour moi, c'était comme si je n'avais jamais vécu ici, comme si rien ne s'était passé. Je refusais catégoriquement de voir mon passé s'envoler de cette façon.Un klaxon se fit entendre à l'extérieur de la maison, me doutant qu'il s'agissait de mon père adoptif je redescendais l'escalier et récupérais mon sac. Une fois sur le perron de la maison, je jetais un dernier coup d'œil à la maison de mon enfance... Je reviendrais, une pièce au moins devait avoir gardé des traces de mon existence, au moins une. J'entrais dans la voiture et m'installais à l'avant côté passager. Eric attendait que je lui raconte ce qui s'était passé avec l'homme un peu plus tôt, mais je n'avais plus tellement envie de parler, je n'y pensais plus vraiment à ce moment précis à dire vrai.
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Les chroniques de Lily Aldridge: Nuit sans lune
ParanormalLily a vu mourir ses parents alors qu'elle n'était âgé que de six ans... Cet événement lui révélera des dons que sa mère avait toujours essayer de cacher au reste du monde. La jeune femme a aujourd'hui dix-neuf ans et reste hanté par ses souvenirs...