Ce matin ; encore ; pas un regard, pas un sourire, pas un bonjour ; rien. On se croisait, comme deux parfaits inconnus, alors que nous étions censés être "amis". C'était comme si je n'existait pas. Il s'en alla rejoindre sa petite amie, avec qui il était en couple depuis quelques temps.
Et comme tous les matins depuis maintenant trois semaines, je me répétai :- Tu n'es pas jalouse, c'est juste un ami, rien de plus, pas de quoi se morfondre ou je ne sais quoi d'autre.
Mais au fond de moi, je savais que je l'étais. Je l'étais tellement que je souhaitais au plus profond de moi-même que leur relation se termine mal, qu'ils se séparent, et que lui revienne vers moi. Je le voulais pour moi, et pour moi seule. Comme vous pouviez le voir, j'étais très possessive. Et cela était un véritable handicape dans la vie de tous les jours.
Je répétais souvent aux autres et à moi-même que je n'étais pas amoureuse de lui, mais finalement, je m'étais rendue compte que je tenais bien plus à lui que ce que je pouvais imaginer. Mais était-ce de l'amour ? Ou une très forte amitié ? Je n'en savais rien, et cela me rongeait fortement.
Le car arriva, comme tous les jours, à la même heure. Je sortis de mes pensées tristes et sombres avant monter à l'intérieur. Je m'asseyai à la même place que d'habitude et laissai mon sac de cours sur le siège d'à côté.
Cette fichue routine devenait presque insupportable. Mon regard avait changé, sans que je ne me rende compte de quoi que ce soit. Les personnes qui le voyait pouvaient ressentir toute la tristesse et la souffrance qui ressortaient de mon cœur, sans que mes yeux ne croisent les leurs. Il n'y avait plus la même expression de haine ou encore de mépris qu'il dégageait auparavant.
Aujourd'hui, le destin avait enfin décidé de briser cette routine monotone, cette boucle lassante remplie de tristesse et de haine qui me dévorait un peu plus chaque jour.
Un jeune homme qui devait avoir à peu près mon âge, au teint blanc porcelaine et aux magnifiques cheveux mi-longs, lisses et bruns coiffés en mèche sur le côté gauche de son front s'approcha de moi. Il avait d'extraordinaire yeux bleus océans, dans lequel on resterait bien des heures durant, tellement sublimes et profonds que l'on pourrait noyer et ne jamais pouvoir remonter. Je n'arrivai pas à détacher mon regard du sien. Je remarquai qu'il avait cette même petite lueur de tristesse dans ses yeux que moi.
- Excuse moi, est-ce que je peux m'asseoir ici...? me dit-il.
Je secouai très faiblement la tête afin de sortir de cet état de statue assez gênant.
- Euuuuh, oui oui bien sûr, vas-y, installe toi, répondis-je en rougissant légèrement.
- Merci... me dit-il en souriant.
Son sourire était faible, presque inexistant. Le même que pouvait porter une personne dépressive.
Il s'installa sur le siège à côté de moi et son triste sourire s'effaça aussi vite qu'il était venu.
Sur la route du lycée, je lui lançai de petits regards furtifs en essayant de ne pas me faire repérer. Rien qu'en voyant son regard, je ressentais toute la souffrance que son cœur pouvait exprimer. Il devait vivre la même chose que moi, peut-être pire encore. Et mes pensées allèrent vers cette deuxième option, sa souffrance ayant presque éteint toutes les étoiles de sentiments bienfaisants dans ses yeux.
Durant tout le trajet, on se dit rien, pas un mot. Et le lendemain, même chose. Et le sur-lendemain, encore. Mais nous n'avions pas besoin de se parler pour comprendre ce que l'autre ressentait.
Et, surtout, je n'étais plus seule.
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L'Effet papillon [EN RÉÉCRITURE]
General FictionAlya et Lucas sont de jeunes lycéens. Ils tombent amoureux l'un de l'autre et tous leurs malheurs passés s'envolent. Mais leurs choix, même les plus infimes, sont capables de bouleverser tout le présent et par la même occasion le futur. Malgré cela...