Chapitre 8 : Les retrouvailles

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Pas de réponse... Personne ne répondit... Je commençai à repartir quand j'entendis un bruit de pas se rapprocher de moi. Il se stoppa net et une voix faible me dit :

- Désolé mais personne n'est le bienvenue ici maintenant... Qui que vous soyez, partez, et ne revenez pas...

Je fus choquée. C'était vraiment Lucas qui avait dit ça ?

- L-lucas, c-c'est moi. C'est Alya, balbutiai-je très gênée.

Les bruits de pas qui repartaient dans mon sens opposé s'arrêtèrent d'un seul coup.

- Je... Je tenais à m'excuser pour tout ce que j'ai fait et dit. En deux ans, j'ai eu le temps de réfléchir. J'aurais dû tout te dire avant que je ne sois revenue ici. Je viens d'apprendre quelque chose à ton sujet, que tu n'es pas retourné au lycée depuis mon départ, et que tu refuses d'ouvrir à qui que ce soit. Et je sais que, tout ça, c'est de ma faute. Que ce soit en tant amie, ou comme une petite-amie, je ne te demande pas de me pardonner, ni maintenant, ni plus tard, mais sache que quoi qu'il advienne, je t'aimerais toujours...

Des larmes commencèrent à perler sur mes joues. Je m'étais jurée de ne pas craquer. Mais je n'arrivais plus à les contenir. J'entendis tous les verrous s'enlever un à un et vis la porte s'ouvrir. Lucas me fonça dans les bras et me serra le plus fort qu'il pouvait. Je fis de même en laissant mes larmes couler, sans essayer de les bloquer. Il pleurait aussi. Je relevai légèrement la tête. Je m'aperçus alors qu'il était d'une maigreur morbide, squelettique même. Il avait les joues très creusées et la peau d'une pâleur extrême. Presque l'allure d'un mort. Ses magnifiques yeux bleus étaient complètement éteints. Il n'y avait plus de la joie, de la colère, de la tristesse, mais du désespoir, de la dépression. Peut-être même tellement qu'on pourrait croire à une personne suicidaire. Si je ne le connaissais pas, j'aurais juré voir un cadavre. Soudain, sa colonne vertébrale fit un bruit de craquement, ce qui me fit m'écarter brusquement. Je croyais vraiment que je venais de le casser. Après un long silence, il me dit :

- Je... Je suis désolé...

Je fus surprise de sa phrase.

- Mais, enfin, désolé de quoi ?

- Je n'aurais jamais souhaité que tu me vois dans cet état... Je suis avec des lambeaux en guise de vêtements et mon corps est semblable à celui d'un mort-vivant...

Il se mit à rire. Mais pas d'un rire comme quand quelqu'un vient de faire quelque chose de drôle ou même une blague, non. Celui-là était plutôt un rire nerveux, qui sert à cacher un sentiment de gêne voire même de stress. Ses yeux se remplirent de larmes.

- Je suis tellement pitoyable... N'est-ce pas...? me dit-il faiblement.

Je regardai le sol puis lui pris sa tête dans mes mains d'un seul coup et le fixai. Je lui dis avec un regard franc et très sérieux :

- Tu n'es, et en aucun cas, pitoyable. Tout le monde a le droit d'avoir des moments de faiblesse, de faire des erreurs, d'avoirs des petits coups de déprime voire même d'énormes coups de déprime. Mais personne n'est faible et encore moins pitoyable. Ta fierté peut en prendre un coup parce que la plupart des gens se pensent invincibles et se disent qu'ils ne pourront pas souffrir comme ça, mais tout le monde peut avoir mal et aura sans doute mal un jour. C'est humain et c'est normal. Alors, non, tu n'es ni pitoyable ni faible ni inutile ni tout ce que tu veux qui te rabaisserait encore plus que ce que tu ne fais déjà sur toi-même. La seule personne pitoyable ici, c'est moi, parce que j'ai fais souffrir la personne que j'aime le plus au monde à un niveau extrême. Et je m'en voudrais toute ma vie pour ça, mais je refuse catégoriquement que tu te traite de minable, de nul, de sous-merde et d'autres conneries dans le genre. Maintenant, je te demande juste de croire en toi. Tu peux arriver à faire de grandes choses, à mes côtés, comme tout seul. Lève toi, et, la tête haute, montre à tout le monde que tu es fier d'exister et que personne ne pourra t'écraser et te piétiner comme un moins-que-rien.

A sa tête, je voyais qu'il était complètement surpris de mon "discours". Je me mis à rire doucement.

- Crois en toi, et tout ira beaucoup mieux, tu verras.

Je blottis ma tête contre son torse et fermai les yeux. Puis, il prit doucement ma tête dans ses mains et déposa lentement ses lèvres sur les miennes. Quand nos deux bouches se séparèrent un peu à contre-cœur, je lui dis le plus calmement possible, droit dans les yeux, sans larmes, sans tristesse, mais avec un léger sourire :

- Je ne te laisserais plus jamais seul...

Et je redéposai ma tête contre lui. Il mit la sienne sur la mienne et me répondit de sa douce et sublime voix :

- Je ne laisserais plus d'autres personnes nous faire du mal. Je te le promet...

L'Effet papillon [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant