6. High hopes

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A peine sommes nous rentrés dans l'appartement que je reçois un appel de Théo. Trop heureuse de pouvoir enfin lui parler, je décroche et me dirige vers ma chambre. Sa voix est douce quand il me dit : 

- Salut, ma puce, alors, ça va ? C'est comment ta nouvelle vie ? 

Entendre sa voix me fait beaucoup de bien, c'est un peu comme si je retrouvais ma maison.

- Je vais bien... C'est mouvementé, mais je vais bien!

Je lui raconte alors l'interminable vol à côté d'une voisine grippée qui n'a cessé de tousser, l'excitation que j'ai ressentie en débarquant, l'incroyable sensation de déambuler dans Times Square. Théo rigole, soupire et s'extasie avec moi. C'est une de ses qualités : quand je lui parle, il m'écoute vraiment, il ne fait pas juste semblant de s'intéresser à ma vie en balançant de petites onomatopées faussement intéressées de temps en temps. A son tour, il me décrit sa soirée de la veille dans un de ses bars préférés. A l'entendre, cette virée entre mecs a été excellente. Je suis contente pour lui, je ne suis pas le genre de fille qui devient exécrable dès que son mec passe dix minutes hors de sa vue. Vu l'endroit où je me trouve, je n'ai pas vraiment intérêt à piquer des crises de jalousie! J'ai confiance en Théo, il ne me ferait jamais de mal volontairement.

-Au fait, j'ai croisé Léa hier, elle était avec une proie de plus à accrocher à son tableau de chasse. 

Le ton de sa voix, mi-amusé, mi-choqué, me fait sourire et hausser les sourcils à la fois. Ça ne m'étonne pas de ma copine de toujours, si prompte à séduire quiconque trouvera grâce à ses yeux. Je suis contente de savoir qu'elle va bien, j'espère que sa nuit a été agréable...

-Je vais l'appeler... je vais la pourrir! dis-je en éclatant de rire.

- Tu peux... elle avait l'air vraiment déchaînée! 

  - Ne la juge pas.  

  Je n'aime pas ce ton que prend Théo lorsqu'il parle des aventures quasi hebdomadaires de Léa, elle est comme elle est, elle a ses raisons et par dessus tout, c'est ma pote. Donc, Théo ou pas, on ne touche pas. Un peu contrariée, je change rapidement de sujet. Je n'ai pas envie de me disputer avec lui, alors je repense au moment où il m'a offert la jolie bague que j'ai sous les yeux. 

- Tu me manques.

Ma voix s'est radoucie, et je ferme les yeux quand il me dit doucement:

- Toi aussi, tu me manques, Mel.

Nous raccrochons en nous promettant de nous rappeler très vite. J'envoie un rapide texto à Léa pour lui reprocher gentiment de ne pas m'avoir envoyé de ses nouvelles.
Un peu secouée par la réalité qui me rattrape - Théo n'est pas là pour me prendre dans ses bras- je m'étends sur le lit en soupirant. Penser à lui est douloureux, je voudrais pouvoir serrer mes bras autour de sa taille svelte. Je me vois lever le visage vers ses beaux yeux rieurs et son sourire espiègle, son rire me manque. Passer ma main dans ses cheveux bruns impeccablement coiffés aussi. En fixant la photo de nous que j'ai accrochée au mur, juste en face de moi, je sens des saletés de larmes me monter aux yeux. Je pince les lèvre et me retiens pour ne pas pleurer : je ne dois pas commencer à céder à la nostalgie, c'est bien trop tôt. Un peu en colère contre moi même, je me lève brusquement et me précipite sous la douche. 

Quand je sors de ma chambre, une demi-heure plus tard, une bonne odeur de poulet grillé flotte dans le salon. Chris est appuyé contre l' îlot de la cuisine, un verre de vin blanc dans les mains, pendant que Tara termine de préparer une salade. Leur complicité est évidente, ils s'envoient de petites piques en riant. Ils ont l'air très heureux.

Alive - Tome 1 - Edité aux éditions HLabOù les histoires vivent. Découvrez maintenant