II.

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Au début, le contact avec la peau de ma mère m'avais paru tellement étranger que j'en aurait presque eu peur, mais c'est alors que je me souvint des soirs où elle me chantait des berceuses et me lisait des histoires pour que je m'endorme. Mon père, lui, était resté le grand homme que j'avais connu, toujours coincé dans ces chemises à grand cols, toujours très distant et sérieux. Il m'embrassa futilement et repartit dans la maison.

Il y avait toujours la même table d'été qui trônait sous le pommier devant la maison, et toujours les mêmes pots de fleurs si bien entretenus, que même André Le Nôtre aurait pu en jalouser. Mais malheureusement il y avait toujours ce manque, ce vide que mon frère avait laissé quand il est mort de la tuberculose à l'âge de 12 ans. A partir de ce jour, mes parents on cesser de prononcer son nom, et quand je le faisait, ils me punissaient. Alors, j'ai du oublier...

C'était la première fois depuis des années que je revenais ici. Je les avais quittés, quand je suis partit m'installer à Paris pour y faire mes études, il y a de ça 10 ans. Au début ils me manquaient, alors je leur envoyais plusieurs lettres par semaines. Et puis, petit à petit, les lettres se sont transformées en lettres tous les 3 mois, juste pour leur dire que j'allais bien. Et puis, j'ai rencontré Ian et je ne leur ai plus jamais réécrit.

Ma mère à soudain prit la parole et me sortit de mes pensées:

-"Vous devaient certainement être affamés ! Mais rentraient donc vous asseoir, nous passons à table dans une minute", dit-elle, tout en disparaissant dans la maison.

Ian la suivit sans attendre mais moi je restais là, sans bouger, à regarder autour de moi, comme si les choses allaient disparaître d'un instant à l'autre. Je voulais revoir tous ces vieux objets que mon père collectionnais depuis des années, et qui m'avaient tant gêner quand je jouais dans la cour étant petite. Mais, cela me rappellait aussi que je ne jouerai plus jamais dans cette cour, plus jamais...

Je rentrais dans la maison et rejoignis ma mère dans la cuisine. Je la fit sursauter, sûrement parce qu'elle n'avait plus l'habitude que quelqu'un se joigne a elle pour cuisiner.
C'est moi qui parla en premier :

-"Je suis contente de vous revoir"
J'ai dit ça si vite que je croyait qu'elle ne m'aurait pas entendu, mais elle s'arrêta et me fit face. Nous restions là, sans bouger et sans parler jusqu'à ce qu'elle se retourne et poursuive son travail.
Elle me dit sans me regarder :

-"Nous sommes content de te revoir aussi, même si tu nous a abandonné et que tu t'es mariée sans notre total accord."
Ses paroles m'avaient percé le coeur, même si je m'y attendais. Elle les avaient dit avec une telle froideur, qu'elle avait avait rendu l'air de la pièce irrespirable .

-"Je vais rejoindre les hommes, dîtes moi si vous avez besoin d'aide mère, dis-je tout en sortant de la cuisine.

-"De l'aide ? Mon dieu, il y a bien longtemps que j'ai dépasser ce besoin !", répondit-elle en soufflant.

FEMME DE GUERREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant