5.Rencontre

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Ce matin je me suis réveillée avec la boule au ventre. J'appréhende beaucoup ​ ma rencontre avec Catherine. Je n'ai presque pas dormi de la nuit, résultat, je suis épuisée.

J'entends frapper à la porte et mon coeur s'accélère. Ce n'est tout de même pas déjà l'heure ? Je relève difficilement la tête de mon bol de lait et vais ouvrir. Devant moi se trouve Laurence, ce qui signifie qu'il est temps pour moi de m'en aller. Je n'ai pas vu le temps passer, mais, après tout, j'ai passé un temps monstrueux à me préparer. D'une part parce que je n'étais pas totalement réveillée, et d'autre part je pense qu'inconsciemment je veux plaire à ma pseudo-mère.

- Bonjour Mlle Lucia.

- Bonjour Laurence.

- Qu'avez-vous finalement décidé de faire ?

- Je viens avec vous.

- Parfait ! Prenez donc place dans la voiture.

Je m'installe et appuie ma tête sur la fenêtre. Je suis dans les nuages tout au long du trajet qui me paraît ne durer qu'une minute. Il me semble que Laurence m'a parlé, mais je ne l'ai pas écouté, bien trop occupée à regarder le paysage qui défile.

Le majordome m'entraîne jusque devant une petite porte, que je trouve beaucoup plus simple que les autres. Aucune dorure, aucun bas-relief, aucun décoration, jute une porte peinte en blanc. Mon regard se fixe alors sur la poignée que je n'avais pas remarquée plus tôt. Celle-ci est bien plus extravagante et contraste avec la blancheur et la sobriété de la porte. Je ne peux m'empêcher de trouver cela étrange, j'ai l'impression que cette poignée à été enlevée d'une autre porte.
Laurence me regarde et semble comprendre que je suis déroutée par la présence de ce petit objet doré.

- Cette poignée ornait la porte de la chambre de Lucia. La pièce dans laquelle vous allez entrer contient tout objet lié à l'existence de celle-ci. C'est en hommage à son souvenir que Sir à ordonné sa mise en place.

Comme pour soutenir ses mots, il dépose sa main gantée sur le bout de métal sculpté et me laisse découvrir le contenu de la salle. J'en passe le seuil et, curieuse, me dirige vers tout un tas de babioles et de bibelots que je devine tous plus chers les uns que les autres. Je n'ose pas les toucher mais je les détaille attentivement. Un hochet recouvert par de l'or, une légère couverture de soie et une autre, plus épaisse, de velours, une énorme peluche, des robes de princesses... Et j'en passe.

Cela fait un moment que Laurence a refermé la porte de la pièce et que j'attends que Catherine ne daigne m'honorer par sa présence. Je n'y comprends plus rien. Il y a à peine quelques jours, c'est moi que l'on suppliait de venir, alors je me demande pourquoi c'est elle qui ne vient pas.

Mon regard parcours encore une fois la salle que j'ai eu le temps d'examiner en profondeur. Je me rends alors compte que je n'ai pas regardé ce que contient la petite armoire au fond de la pièce. Je me lève du confortable canapé dans lequel j'étais installée et me dirige vers le peu de distraction restant de cette salle. À l'intérieur je trouve un livre qui attise ma curiosité et décide de le lire une fois assise à la place que j'ai quitté.

Installée, j'entame la contemplation de l'objet. Il ne semble pas avoir été fait pour un enfant. La décoration paraît mature et très différente​ de l'habituelle froideur des objets que cache ce palais. J'ouvre donc le livre et y découvre une photographie, celle qui figurait dans la pièce où je me suis entretenue avec Sir. Je devine facilement qu'il s'agit d'un album photo en regardant une à une les pages du livre. Je dois avouer que la ressemblance qu'a Lucia avec moi est flagrante. Je ne l'avais pas vu sur celle du cadre, elle était trop jeune pour pouvoir discerner ses traits, mais en feuilletant cet album, il est difficile de ne pas se rendre compte de nos similitudes. Ses petites boucles ébène et ses yeux aussi clairs et aussi brumeux que les miens. J'ai la sensation que l'étau se resserre, la petite fille sur ses images ressemble en tout point à celle que je peux trouver à l'intérieur des cadres de mes parents. Quoique Lucia me semble un peu plus dodue. Ce doit être cela, Lucia me ressemble, certes,  mais nous ne sommes pas identiques, je dois sûrement être sa sosie, mais nous ne sommes sûrement pas la même personne.

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