3.Entretient

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Je me retourne vers Laurence et vois qu'il a déjà ouvert la porte. Il se tient devant moi et me fait signe d'entrer. J'avance et entre dans la pièce, quand un bruit me fait sursauter. Je continue de marcher tout en tournant la tête vers Laurence, mais je ne le vois plus. Il a déjà refermé la porte, me laissant seule dans cette grande pièce.

Je me dirige vers un canapé gris et hésite à m'asseoir. Finalement, je décide de le faire et entame l'observation des lieux.
L'ambiance, ici, est plutôt froide. Rien n'est chaleureux, familial. Tout est inutilement sophistiqué et luxueux. Je ne comprends vraiment pas comment il est possible de se sentir chez soi dans un lieu si glacial. Ma maison ne vaut sûrement pas le quart de ce que coûte ce palais, mais elle est comblée de bons souvenirs, ce qui la rend chère à mes yeux. Chez moi règne une atmosphère accueillante et chaleureuse, comme quoi, la simplicité a du bon.

Mes yeux se posent sur le seul objet qui me paraît avoir de la valeur autre que financière ici, une photographie. Assise, je n'arrive pas à distinguer ce qui a été photographié et, poussée par la curiosité, je décide d'aller y jeter un coup d'oeil. En arrivant à proximité de l'objet qui m'intéresse tant, je ne peux m'empêcher de le prendre en main. Il s'agit d'un très beau portrait de famille. De jeunes parents ont été immortalisés, leur bébé dans les bras, heureux.
Je pense aussitôt à ma propre famille. À ma mère, si douce et si tendre, et à mon père que j'aime tant. Sans oublier Claire, ma pauvre petite soeur. Je l'aime tellement, je serai capable de faire n'importe quoi pour elle. Sa vie est très difficile, je vois bien à quel point elle est fatiguée, et pourtant elle trouve toujours la force de sourire. En raison de son état, les médecins ne nous autorisent de la voir que deux fois par semaine, elle doit être terriblement seule. Elle doit rester à l'hôpital même si, faute de moyens, elle ne suit un traitement que superflu. J'imagine que mes parents, quand à eux, sont très inquiets à l'heure actuelle, j'ai passé la nuit à l'hôpital et je ne sais même pas si ils sont au courant.

Soudain, un bruit retentit de l'autre côté de la pièce, je repose le cadre et me raidis face au charisme que dégage l'homme qui vient d'arriver. Je n'ai aucun mal à comprendre de qui il s'agit, chaque personne de chaque recoin du monde a déjà vu son visage, ne serait-ce qu'une seule fois. Il a beau être âgé, il a cette confiance en soi, cette prestance et cette carrure si propres à son être.
Il s'approche de moi, me détaille et s'assoit là où je m'étais moi même installée, il y a une minute de cela. Même assit, une imposante force émane de lui.

- Viens par ici, je te prie.

Je me place face au Diamant et, malgré moi, je baisse la tête, n'arrivant pas à soutenir le regard examinateur qu'il me destine. Je me sens mal, très mal.

- Montres moi ton visage.

Sa voix se fait plus dure et je m'empresse de relever la tête. Il me fixe et je n'ose plus bouger. J'ai l'impression qu'il considère chaque futile partie, chaque minuscule détail de mon visage pour ensuite porter son jugement.

- Tu ressemble beaucoup à mon défunt fils. Tu as aussi les traits de sa pauvre femme, Catherine. Mais comment pourrais-tu me prouver que tu es bien ma petite-fille.

J'hésite longuement avant de lui répondre. Comme si je pesais le pour et le contre. Je me fais penser à tous ces riches qui disent toujours le contraire de ce qu'ils pensent réellement. Mais je refuse d'être comme eux. Après tout, je ne pense pas être le Diamant, alors pourquoi essayer de lui prouver.

- Je ne suis pas l'héritière du Diamant, Sire.

- Pourquoi dis-tu cela ? N'as-tu donc pas envie de devenir l'un des cinq Joyaux ?

- Cela ne m'intéresse nullement.

Il pose son dos contre le dossier du canapé et me regarde en souriant. Ce geste éclaire la totalité de son visage qui paraît moins strict et moins sévère qu'il ne l'était auparavant. Un petit rire franchit la barrière que forment ses lèvres.

Le Diamant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant