16. Déni

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Trois...

J'ai reçu trois fleurs de pavot aujourd'hui. La situation s'envenime doucement, je le sens aux frissons d'angoisse qui ont parcouru mon dos dès que je les ai aperçues. Malheureusement je ne sais pas comment agir, ni même à qui en parler. Il se pourrait bien après tout que cela ne soit qu'une mauvaise blague. Ou que la personne qui m'envoie ces fleurs pense bien faire. Se pourrait-il que ce soit mes parents qui tentent de garder contact avec moi en me les offrant ? Non, c'est impossible. Ils n'ont pas accès au palais. Je crois que je divague, je ferais mieux de me préparer.

Je sors de l'eau de mon bain et noue une serviette sous mes épaules avant de me diriger vers ma garde-robe. Je ne sais pas comment m'habiller pour mon dîner de ce soir avec Caleb. Je n'ai aucune idée d'où il compte m'emmener mais j'imagine qu'il s'agit d'une sortie officielle alors le blanc est obligatoire pour moi. J'enfile un simple T-shirt, ainsi qu'un pantalon à taille haute et retourne dans la saille de bain.

Une fois mes longs cheveux bouclés entièrement libres et mon maquillage terminé, je suis fin prête à partir. De bonne foi, je décide de faire un petit effort et échange mes baskets blanches contre des chaussures munies d'un talon, toute-fois assez confortable pour que je puisse marcher avec toute la soirée durant.

Et c'est ainsi que je rejoins, avec un peu de retard, la voiture déjà garée dans la cour du palais. Mais Caleb manque à l'appel. Il m'a pourtant répété toute la journée d'être prête à partir à dix-huit heures trente. Il est exactement dix-huit heures tente-cinq et pas un signe de lui à l'horizon. Ce garçon est décidément l'incarnation de la notion même de nonchalance. Et dire que je risque de passer le restant de ma vie avec lui...

Les minutes passent et toujours aucune nouvelle du Rubis, je crois qu'il se moque de moi... Il est maintenant dix-huit heure cinquante alors si je ne le vois pas arriver dans dix minutes, je rebrousse chemin. Et sans aucun regret ! Il n'avait qu'à être là à l'heure, je ne suis pas venue pour attendre. D'ailleurs, pourquoi je suis venue ? Je n'en ai rien à faire de son rendez-vous après tout !

Je n'ai pas le temps de répondre à cette question car je vois, au loin, Caleb. Il trottine légèrement sans pour autant retirer ses mains de ses poches. Il s'oriente dans ma direction et s'arrête une fois proche de moi.

- J'étais sûr que tu viendrais.

- Et moi j'étais sûre que c'était une mauvaise idée. Je devrais m'écouter plus souvent.

Il sait pertinemment que je suis énervée, pourtant il a le culot d'arborer son immuable sourire en coin. Il me regarde du haut de sa grande taille, puis porte son poignet à ses yeux afin de constater son retard.

- Désolé, je devais régler... quelques problèmes de famille.

C'est louche mais il a le mérite de s'être excusé alors je ne lui pose pas de question indiscrète. Je monte dans la voiture et il se dépêche de me suivre. Le moteur ronronne, le paysage défile, quelques fines gouttes de pluie se mettent à tomber pour finalement disparaître sous une douce éclaircie. Le temps me semble long mais quelque chose me dérange. Cet itinéraire, je le connais trop bien. Je l'ai déjà emprunté à plusieurs reprises.

- Caleb, où va-t-on ?

Le Rubis me regarde, une lueur de satisfaction dans les yeux, une pointe de malice dans le sourire mais surtout un air réjoui qui ne me dit rien qui vaille.

- Ne t'inquiète pas, tu vas adorer, j'y mettrais ma main au feu ! Et puis, tu ne vas pas tarder à le deviner...

Je retourne à ma contemplation et peu de temps après tombe nez à nez avec le décor de la ville de mon enfance. Mais où m'emmène-t-il ? Chez moi ? Non c'est impossible, Sire ne l'aurais pas permis. Pourtant c'est bien une fois en face de ma maison, que le moteur cesse d'émettre son son mécanique habituel.

Le Diamant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant