6.Le Jardin

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C'est donc seule, pour la première fois dans ce palais, que j'ai décidé de visiter le lieux. À mon plus grand damne. J'avance et m'engouffre toujours plus dans ce labyrinthe aux cadres dorés et aux vases précieux. Je commence à avoir le tournis et à sérieusement manquer d'air frai à force de tourner dans ces couloirs trop étroits. Qui a eu la merveilleuse idée de construire des fenêtres aussi hautes ? On ne peut même pas les ouvrir pour respirer un peu ! Le terme de "prison dorée" prend désormais tout son sens.

C'est sans hésiter que je me précipite dehors lorsque je trouve enfin la sortie. La porte que je viens d'ouvrir mène directement à l'arrière du palais.

Ce n'est que lorsque j'ai retrouvé mes esprits que je remarque la beauté luxuriante qui se trouve sous mes yeux. Je n'ai jamais vu pareille merveille auparavant. Tant de fleurs, d'arbres, de buissons, de couleurs, de beauté, de magie. Pendant un instant je retourne en enfance. Je me vois revenir lors des innombrables séances de lecture qui me menaient jusqu'au pays des merveilles. Dans un accès de folie infantile, je m'allonge et commence à me rouler dans l'herbe.
Puis, soudain, je me heurte contre une chose qui me coupe dans mon élan. Un arbre ? Peut-être. Sûrement.

- Satané arbre !

Un raclement de gorge me surprend de la plus drôle des façons. Je me relève alors aussitôt et essaie de me rendre moins ridicule que je ne le suis. Je lève la tête et tombe nez à nez avec un jeune homme d'origine asiatique. Plutôt beau, je dois l'admettre. Il me regarde en souriant puis se met à rire. Voyant mon air perdu il décide de s'arrêter.

- Tu as une fleur dans les cheveux.

Je me sens bête et je dois sûrement me mettre à rougir car il approche sa main de mon visage et la retire, une jolie fleur rose à l'intérieur de celle-ci. Et c'est seulement maintenant que je me rend compte de ce que je viens de faire. Je me suis roulée dans l'herbe devant lui et l'ai pris pour un arbre. Mince, c'est ridicule ! Il faut que je m'excuse.

Je bredouille quelque chose d'incompréhensible mais qu'il semble tout de même avoir compris.

- Pas la peine de t'excuser, c'était plus drôle qu'autre chose. Moi, c'est Tao, le nouveau jardinier du château.

- Je suis Roxane, mais ici personne ne semble vouloir m'appeler comme ça.

- Je suis au courant. Tout le monde ici est au courant.

Je me sens un peu gênée. Savoir que les employés sont informés de ma venue pour que tout soit "parfait" me dérange. Normalement c'est moi que l'on préviens pour que je travaille d'arrache-pied​. L'air mal à l'aise facilement lisible sur mon visage a du alerter Tao qui décide de changer de sujet.

Il me propose de faire une balade dans le jardin. Ce que j'accepte de faire bien sûr. Il me guide donc et je passe un excellent moment. Nous sommes allés voir le champ fleurs. Toutes d'une variété et d'une couleur différente. Puis nous avons marché couvert par un toit formé par de magnifiques plantes mauves. Puis nous nous sommes assis un peu plus loin pour admirer la vue que nous offre ici la nature et nous avons discuté de tout et de rien. Du travail au château des Quartz ainsi qu'à celui des Diamant, de nos goûts, de nos passions, de nos passe-temps.

Malheureusement une domestique viens me chercher. Il est apparemment temps que je me prépare pour le repas du soir. Encore un protocole idiot que dicte l'Étiquette j'imagine. Je dis donc au revoir à mon nouvel ami et suis la petite dame. Cela fait du bien de se retrouver avec quelqu'un de simple, sans grands artifices ne serait-ce que pour un petit moment.

- Sans vouloir vous offenser Mlle. Lucia, vous devriez être plus discrète lorsque vous passez un peu de votre temps avec un employé. Lorsqu'il était encore jeune, Charles, lui aussi s'était lié d'amitié avec un domestique du château. Sir l'a fait renvoyer afin que son fils ne soit proche que de personnalités mondaines.

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